jeudi 12 août 2010

RDC - Cacophonie sur Inga

(Le Potentiel 12/08/2010)
Le complexe hydroélectrique d’Inga fait désormais l’objet d’une attention soutenue de la part des partenaires de la République démocratique du Congo. Le besoin est criant, tant à l’échelle nationale que régionale.
Plusieurs accords de principe ont été signés, mais le bout de tunnel est encore loin pour voir le complexe d’Inga dévoiler tout son potentiel hydroélectrique.
Dans la stratégie de fiabilisation et d’extension du complexe d’Inga, la RDC donne l’air de naviguer à vue. A plusieurs reprises, elle a débouté ses partenaires de la SADC pour se tourner vers d’autres aux propositions plus juteuses, selon Kinshasa.
L’on se souviendra que la RDC et ses partenaires de la SADC avaient créé un consortium constitué de cinq Etats pour la construction du barrage d’Inga III d’une capacité de 4.500 mégawatts.
Alors que le projet visait à créer un marché commun de l’électricité dans l’espace SADC, il s’est finalement avéré comme un projet « mort-né ».
Depuis lors, la RDC évolue en cavalier solitaire et se bat comme diable dans un bénitier pour essayer de se trouver une sinécure qui délivrerait Inga de son agonie. L’urgence est là au regard des enjeux qui s’étendent bien au-délà des frontières nationales.
De l’intérieur, l’électricité figure parmi les « cinq chantiers » de la République, vision sur laquelle est calqué le programme du gouvernement pour ce premier quinquennat du président Joseph Kabila. Et, le site d’Inga possède un potentiel hydroélectrique de 40.000 à 45.000 MW sur les 100.000 MW que possède le pays tout entier. Il est constitué de deux centrales, Inga 1 et Inga 2, de 1800 MW chacune, mises en service respectivement en 1972 et 1982.
Mais hélas ! La Société nationale d’électricité (SNEL) ne peut plus assurer la maintenance de ses machines selon les normes. Par conséquent, seule une portion infime de la population - 5%, selon les dernières estimations, a accès à l’énergie électrique.
C’est pour corriger ce déficit qu’en 2008, la SNEL a lancé un avis de recherche de financement en vue de mobiliser des fonds pour la réhabilitation complète des groupes 7 et 8 de la Centrale hydroélectrique d’Inga II.
Plusieurs partenaires ont souscrit à l’appel. La Banque mondiale s’y est associée depuis 2002 dans le cadre du Programme Multisectoriel d’Urgence de Réhabilitation et de Reconstruction (PMURR). La Banque Européenne d’Investissement (BEI) lui a emboîté le pas en intervenant pour plusieurs millions de dollars américains.
A ce jour, la RDC se prépare à s’offrir les services de la banque allemande pour le développement, KFW. L’institution banacire allemande en a fait mention lors de son récent passage au ministère de l’Energie. Preuve que l’option est prise au sérieux au niveau de Berlin, capitale fédérale de l’Allemagne.
A regarder avec recul tous ces accords qui se font et se défont, il y a lieu de percevoir une cacophonie sur la gestion du complexe d’Inga. Pas de consistance dans les accords, pas de fidélité dans les signatures, pas d’efficacité dans les exécutions des programmes… le tout se passe comme dans un navire sans gouvernail.
Le gouvernement démontre qu’il n’a pas un objectif précis à court, à moyen ou à long terme sur Inga. C’est la bouillabaisse totale.
Se souvient-il du vieux proverbe qui rappelle, avant toute action, que : « Qui trop embrasse, mal étreint ». Réhabiliter Inga, dans sa grande majesté, exige certes d’importants fonds que la RDC ne saurait pas disponibiliser.
Mais, n’empêche que le gouvernement use de tact dans les engagements qu’il entend conclure avec divers partenaires extérieurs.
C’est de cette manière que l’on éviterait de récréer à partir du projet d’Inga un nouveau cycle d’endettement qui replongerait la RDC dans une nouvelle spirale de la dette.
Sachons donc préserver les acquis du 1er juillet 2010.

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