jeudi 12 août 2010

Justice : 380 Camerounais incarcérés à Libreville

(Mutations 12/08/2010)
Condamnés et prévenus Camerounais croupissent à la prison de Libreville sans assistance humanitaire ni juridique.
Le pénitencier de Libreville, la capitale gabonaise, affectueusement appelée «L’université de gros bouquet», située à un kilomètre de l’université Omar Bongo, est une vieille bâtisse qui offre au visiteur ses charmes désuets. La forteresse ne paye pas de mine et n’a pas pu, à l’évidence, résisté à l’érosion du temps. Comme plusieurs autres prisons du continent, la population carcérale dépasse largement sa capacité d’accueil.
La prison de Libreville abrite une population carcérale hétéroclite à l’image du caractère cosmopolite du pays. Ainsi les détenus gabonais sont naturellement les plus nombreux dont le nombre est estimé à près de 1500. Les Camerounais, quant eux, constituent la première communauté étrangère ; un contingent dont les rangs ne se dégarnissent pas. Nos compatriotes condamnés et prévenus sont au total 380 qui purgent leurs peines dans ce bagne, soit 20 pour cent des détenus. Si l’on tient compte également des autres Camerounais en captivité dans les prisons provinciales, le nombre est effarant voire ahurissant. «Chaque jour, un camerounais est écroué pour un délit», s’indigne un compatriote qui vient de purger une peine de six mois.
Délits
Que leur reproche-t-on ? La plupart purgent des peines correctionnelles et de droit commun. Comme pour ceux qui sont déjà condamnés, les possibles motifs d’inculpation sont les mêmes que pour ceux qui attendent leur jugement : vols à mains armées, braquages, escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux, recèle … Des peccadilles, impairs et crimes commis de manière récurrente et qui font les choux gras de la presse locale, friande de frasques des sujets concernant les expatriés. Indubitablement, tout cela contribue à écorner l’image de du Cameroun et met en évidence les drames et les aléas de l’immigration.
Dans cette maison d’arrêt, les prisonniers camerounais vivent sans assistance humanitaire ni juridique. Le drame de l’éloignement du pays et son corollaire, qui est le manque de soutien familial ; quelques détenus bénéficient de l’assistance des associations auxquelles ils ont adhéré. L’extradition au Cameroun à laquelle aspirent les détenus camerounais de Libreville n’est qu’une simple vue de l’esprit car aucun accord en la matière n’existe entre les deux pays. Dans l’espoir qu’une telle convention voit le jour, les inculpés méditent au quotidien sur leur sort à «L’université de gros bouquet» de Libreville.

A. G. Banassa a Libreville (Correspondance particulière)
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