(APPA 15/04/2010)
KINSHASA, République démocratique du Congo (RDC), 15 avril 2010/African Press Organization (APO)/ — Une enquête de grande ampleur portant sur les victimes de viols en République démocratique du Congo (RDC), sollicitée par Oxfam International et réalisée par The Harvard Humanitarian Initiative, montre que 60% des victimes de viols interrogées ont été violées par des bandes d’hommes armés et que plus de la moitié des agressions ont eu lieu au sein même des domiciles, souvent en présence du mari et des enfants de la victime.
Le rapport « Aujourd’hui, je ne suis plus de ce monde » (« Now, the world without me ») est basé sur une analyse d’informations recueillies auprès de 4 311 femmes soignées à l’hôpital de Panzi, dans la province du Sud-Kivu, sur une période de quatre ans.
Il est publié quelques jours avant la visite du Conseil de sécurité de l’ONU en RDC, coordonnée par la France, du 18 au 20 avril, alors que le Conseil doit reconduire le mandat des casques bleus de l’ONU en mai prochain.
« La situation ne peut être considérée comme sûre si une femme ne peut même pas dormir dans son propre lit sans que sa sécurité ne soit menacée. Le rapport indique les moments et les endroits où les femmes sont agressées, et les raisons pour lesquelles les forces de maintien de la paix doivent continuer à jouer un rôle crucial en matière de sécurité pendant que le gouvernement congolais renforce ses propres capacités en matière de protection des civils », a déclaré Krista Riddley d’Oxfam.
L’enquête révèle que 56% des agressions ont été perpétrées au sein même du foyer familial par des hommes armés, près de 16% de ces agressions dans des champs et près de 15% dans la forêt. L’esclavage sexuel, selon le rapport, touche 12% des femmes, et certaines d’entre elles ont été retenues en captivité pendant des années.
Le rapport parle également de la stigmatisation dont sont victimes les femmes au sein de leurs familles après avoir été violées et des difficultés qu’elles rencontrent en matière d’accès aux soins médicaux. Moins de 1% des femmes victimes de viols sont allées à l’hôpital de Panzi avec leur mari et 9% d’entre elles ont été abandonnées par leur conjoint.
Même si la majorité des violeurs sont des soldats ou des miliciens, le rapport révèle néanmoins que si en en 2004, moins de 1% des viols étaient commis par des civils, en 2008, cette proportion avait atteint 38%.
« Cette étude ne fait que confirmer les témoignages qui nous sont parvenus jusqu’à présent, à savoir que la violence sexuelle se répand dans le quotidien des civils. Les nombreux viols commis au fil des années de guerre au Congo ont rendu ce crime plus ‘acceptable’. Bien que les lois du Congo contre le viol soient parmi les plus progressistes d’Afrique, peu de violeurs sont poursuivis en justice. La loi doit être appliquée et la justice accessible aux survivants », souligne Susan Bartels, la principale chercheuse de l’étude réalisée par la Harvard Humanitarian Intitiative.
Le rapport appelle le gouvernement congolais et la communauté internationale à :
• Accroître l’accès aux soins médicaux pour les survivants de violences sexuelles, surtout dans les zones rurales. Plus il sera facile d’obtenir localement un soutien, plus les femmes seront en mesure d’obtenir à temps de l’aide contre le VIH, et garder toute confidentialité vis-à-vis d’autres personnes. La stigmatisation demeure un obstacle important limitant l’accès aux soins de santé après une agression sexuelle.
• S’assurer que la protection fournie par les forces de maintien de la paix des Nations unies soit adaptée aux réalités locales. Les forces de maintien de la paix et les services de sécurité doivent consulter la communauté locale afin de fournir des solutions innovantes, telles que des systèmes d’alerte précoce et des patrouilles de nuit pour répondre au mieux aux besoins des populations. Ces solutions existent déjà dans certains endroits et doivent être déployées de manière plus systématique pour parer aux menaces mises en lumière par ce rapport.
• Réformer le secteur de la sécurité et le système judiciaire congolais pour garantir une intolérance totale vis-à-vis des viols, qu’ils soient commis par des civils, des miliciens ou des soldats.
SOURCE
OXFAM International
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