(Aminata 15/04/2010)
La Guinée sera bientôt dotée d'une constitution qui pourrait être adoptée cette semaine par les membres du conseil national de transition et promulguée dans les jours à venir par le Général Sékouba Konaté, chef de la transition. Une constitution qui, sans doute, ne sera pas soumise au référendum comme le veut la tradition. Qu'à cela ne tienne, les Guinéens qui ont vécu des années d'enfer avec des régimes sans pitié ont buté souvent à des constitutions taillées sur mesure.
La dernière en date, est celle de 1990. Cette loi fondamentale que des Guinéens aux ordres du Général Conté, Maître Lamine Sidimé en tête, avaient fabriqué un régime à la hauteur des ambitions de l'homme du 3 avril 1984 lui a permis de mourir au pouvoir comme son prédécesseur, Sékou Touré, le père l'indépendance.
Cette fois encore, l'histoire se répète avec l'arrivée de nouvelles têtes dans la classe politique guinéenne dans une transition mouvementée et particulièrement éprouvante pour le pays.
La nouvelle constitution qui sera mise à débat demain jeudi 15 avril 2010 en plénière au CNT connaît des innovations mais aussi des points douteux, à en croire certains proches des conseillers nationaux.
Cette nouvelle mouture prévoirait l'institutionnalisation d'un poste de Premier Ministre, nommé par le Chef de l'État et investi par le Parlement. Mieux, la Cour Suprême, cèdera une bonne partie de ses prérogatives à une cour dite Constitutionnelle dont les membres seront inamovibles avec un mandat unique de 9 ans et seront issus de diverses corporations avec une seule personne nommée par décret du Chef de l'État.
Le mandat présidentiel de sept ans renouvelable une fois, revient à 5 ans renouvelable une seule fois et en aucun cas, selon l'article, il ne peut faire l'objet de modification. Bonne chose, peut-on tenter de dire, si les Guinéens acceptaient de respecter les lois et les règles qu'ils se dotent d'eux-mêmes.
Mais hélas! Partant même de l'accord de Ouaga pour ne pas aller plus loin, le même CNT est une parfaite illustration de violation des règles en la matière. Ses membres sont passés de 101 à 159 avec des représentations parfois fantaisistes et la présidence au lieu de revenir à un religieux est attribuée à une syndicaliste. Qui dira mieux si le futur président ne marchera pas sur les pas de ces derniers pour justifier d'éventuelles modifications d'une constitution non issue d'un référendum?
Revenant sur cette mouture, elle donne l'impression que l'histoire se répète en Guinée. En 2001, des gens qualifiés de zélés comme l'ex-ministre Kader Sanagaré ou l'ex-député Saïkou Yaya Baldé avaient permis au Général Lansana Conté de violer systématiquement la constitution en organisant un semblant de référendum pour s'éterniser au pouvoir.
Mais qui de l'opposition n'avait dénoncé cette violation au sein du mouvement de lutte contre le référendum et pour l'alternance démocratique (MORAD)? Personne.
Aujourd'hui alors, pourquoi des Guinéens, des conseillers hésitent de supprimer purement et simplement ce passage litigieux et grave de l'article 24 et 27 de la Loi fondamentale? Mystère.
En tout cas, si les conseillers ramènent le mandat à cinq ans renouvelable une seule fois, ils devraient aussi maintenir la limite d'âge dans un intervalle raisonnable. Initialement c'était de 40 à 70 ans. Un âge respectable dans un pays où tout est à reprendre si l'on ne veut pas revenir à la cage de départ comme du temps de Lansana Conté qui gouvernait par errance.
En tout état de cause, ceux qui feront du laxisme pour donner le pays une constitution balkanique ou taillée sur un leader politique donné au détriment de la nation et de l'avenir de la Guinée, se retrouveront demain devant le tribunal de l'histoire.
Puisqu'après tout l'on ne trouvera dans un aucun parti, des statut qui n'exigent que le leader soit le seul candidat possible. Mieux encore, aucun des leaders guinéens quelque soit les préjugés n'a manifesté un sentiment antipathique ou apatride pour dire qu'il ne se soumettra pas aux bonnes règles de la démocratie qui appellent le changement même à la tête des formations politiques.
Et la nouvelle constitution devrait y veiller avant qu'il ne soit trop tard et les conseillers sont les seuls aujourd'hui à sauver le pays d'un dérapage futur légalement fabriqué. A bon entendeur salut!
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