jeudi 22 avril 2010

Cameroun - Grande-Bretagne: Mobilisation contre le rapatriement d’un Camerounais

(journal du cameroun 22/04/2010)
Anselme Noumbiwa a déclaré sa vie en danger s’il retournait au Cameroun, pour avoir refusé d’observer une tradition de son village en pays bamiléké
Menacé de mort pour s’être opposé à sa coutume
Selon une information qui nous a été transmise ce mercredi 21 avril 2010, le vol du Camerounais Anselme Noumbiwa qui devait être rapatrié ce jour au Cameroun a été annulé. Les autorités britanniques n’ont pas fait de commentaires sur les raisons de cette annulation. L’avocat d’Anselme Noumbiwa, 34 ans, a affirmé aujourd’hui travailler à sa relaxe.
Les autorités britanniques étaient résolues à renvoyer les trois camerounais dans leur pays d’origine, estimant que les demandes d’asile dans les trois cas n’étaient pas fondées sur des éléments objectifs. Le cas d’Anselme qui a vécu six ans en Suède est assez complexe. Sa vie serait mise en danger s’il retournait au Cameroun, en raison d’une incompatibilité entre sa foi chrétienne et ses traditions Bamilékés (Un grand groupe tribal au Cameroun).
Son père qui était chef d’une tribu Bamiléké en décédant l’aurait désigné comme successeur à la chefferie. Anselme aurait déclaré pour justifier sa demande d’asile que l’un des actes d’intronisation dans sa tribu consistait à avoir des rapports sexuels obligatoires avec les veuves de son défunt papa et chef. Face à son refus, la tribu aurait décidé de le condamner à mort. Anselme affirme que dans sa tribu un nouveau chef ne peut être intronisé que s’il meurt.
Les militants des droits de l’homme pas d’accord
Une histoire qui visiblement n’a pas convaincu les responsables de l’immigration britannique. Depuis son arrivée sur le sol britannique, les services de l’immigration ont tenté six fois de le renvoyer au Cameroun. Mais à chaque fois une véritable campagne de protestation est organisée pour empêcher l’opération. Lors du dernier essai en date, un équipage de la compagnie française Air France se serait interposé. Le commandant de bord reprochait aux autorités britanniques la violence avec laquelle était menée l’opération.
Selon nos sources, un autre Camerounais Yves Njitchoua serait lui aussi en train de récupérer de ses blessures, après 4 tentatives échouées de rapatriement vers le Cameroun. Dans son cas les autorités britanniques l’aurait mis dans un avion en partance pour Nairobi au Kenya, très loin de son pays, où il a été violement été remis dans un avion pour l’Angleterre. Une bonne partie de l’opinion britannique s’est rangée du côté des demandeurs d’asile, plus en raison des méthodes utilisées par les autorités britanniques. Cette brutalité à l’encontre des personnes qui ont fui la torture est inconcevable, surtout que dans les charters on n’envoie pas quelqu’un superviser et s’assurer que la personne rapatriée est à l’abri de tout danger une fois arrivée dans son pays a déclaré Jackie Fearnley, une militante des droits de l’homme très concernée par les dossiers des Camerounais rapatriés.
Doute sur le fondement de la demande d’asile
Les services de l’immigration britannique ont refusé de se prononcer sur la question, mais un agent de cette administration a confié qu’en général, les tribunaux et les services de l’immigration s’assuraient toujours que le pays de destination était sûr. Il est difficile de confirmer ou d’infirmer l’histoire d’Anselme. Visiblement la question des obligations du successeur ne serait pas une invention, mais de là à entrainer une condamnation à mort cela reste non vérifiable. De toute évidence, la loi camerounaise qui est au-dessus des coutumes et des pratiques traditionnelles ne permettrait pas des actes délictuels ou criminels en raison de traditionalisme. Le Laäkam comme on l’appelle chez les Bamilékés est justement cette cérémonie d’intronisation. Un notable que nous avons rencontré confirme l’existence de cette règle. Mais il dit aussi que les habitudes ont évolué et que le successeur n’est plus obligé de reprendre les veuves du défunt chef. Selon d’autres observateurs, l’autre pratique serait pour le successeur de traverser de gauche à droite et vice versa chacune de ces femmes étendues sur le sol. Ce geste suffit à équivaloir à l’obligation du Laäkam nous confirme Roger Kouamo. Seulement l’univers Bamiléké est très complexe et multiple. Aucune indication n’est donnée sur la tribune d’origine d’Anselme Noumbiwa. Jusqu’à lors, on ignore si c’est le nuage de cendre ou l’activisme des militants des droits de l’homme qui ont eu raison de ce nouveau rapatriement.

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