lundi 26 avril 2010

Togo 26 avril 2005- 26 avril 2010: Les présumés auteurs des crimes électoraux toujours impunis !

(Afriscoop 26/04/2010)
(AfriSCOOP Analyse) — Le premier processus électoral suite au décès du président Eyadèma Gnassingbé, le 05 février 2005, devait définitivement tourner la page de la dictature qui a régenté le Togo pendant 38 années. Malheureusement le 26 avril 2005, la succession du défunt timonier a viré au cauchemar pour les Togolais qui ont eu le malheur de contester la victoire de son fils, Faure Gnassingbé à la présidentielle du 24 avril. Entre 500 et 1000 compatriotes ont été massacrés par des miliciens présumés proches du pouvoir. Soixante mois plus tard, aucune sanction pénale n’est tombée dans le cadre de ce drame électoral ahurissant…
« Les victimes de la sauvage répression post-électorale d’avril 2005 sont toujours morts pour rien », ainsi résume-t-on dans la rue togolaise « l’impunité » dont jouissent toujours les auteurs des crimes commis contre les Togolais voici cinq ans jour pour jour ! Pour montrer à la face du monde qu’il n’est pas partisan de cette « impunité » décriée, le pouvoir de Faure Gnassingbé va mettre sur pied en mai 2009 (soient 04 ans après ces faits macabres) la Cvjr (Commission vérité-justice et réconciliation) censée « faire la lumière sur les crimes à caractère politique commis au Togo depuis 1958 » ! Le début des travaux de la Cvjr que nombre de Togolais attendait avant l’organisation de la présidentielle du 04 mars ne sera effectif qu’après que Faure Gnassingbé ait débuté son second mandat. La raison évoquée par le patron de la Cvjr, le prélat Barrigah, pour justifier le report du commencement de la “chasse légale et officielle aux sorcières au Togo” est que l’organisation des élections constitue « une période sensible en terre togolaise »…
Autrement dit, il ne fait pas bon de remuer le couteau dans la plaie. Surtout quand on sait que la plaie n’est près de se cicatriser. Tous les Togolais et Togolaises qui ont donc vu s’abattre sur eux une répression terrible pour avoir voulu tout juste contester les résultats chimériques du scrutin présidentiel organisé à la hussarde le 24 avril 2005, sont donc retournés, la peur au ventre, aux urnes le 04 mars dernier !! Ainsi se conçoit la « réconciliation nationale entre tous les fils et filles du Togo » prônée tous les jours par le parti au pouvoir à Lomé, le Rpt (Rassemblement du peuple togolais). Autant de largesses étatiques qui ont donné de l’assurance aux architectes de la machine à fraudes du Rpt pour rééditer leur exploit de 2005. Non plus dans une série de violences inouïes ayant coûté la vie à près d’un millier de leurs compatriotes voici cinq ans, mais toujours avec la même perfidie !!!
La contestation post électorale a donc une fois encore gagné la rue togolaise depuis la proclamation par la Ceni (Commission électorale) des résultats provisoires de la joute électorale du 04 mars. Face à une répression cette fois-ci silencieuse et en douce du parti au pouvoir, il n’est pas du tout aisé de préfigurer l’issue de ce nouveau bras de fer entre le Rpt et ses opposants, différend qui a essentiellement pour fondement « la culture de l’impunité ». Pourtant, c’est dans cette atmosphère délétère que le président proclamé « réélu par la Cour constitutionnelle » du Togo s’apprête à donner un coup de fouet à sa « politique de réconciliation nationale » après sa prestation de serment. Les Titikpina, Gal Tidjani, le Major Kouloun dont les noms reviennent sur plusieurs lèvres comme ayant été des acteurs clés de la descente musclée des forces de l’ordre et de défense dans les rues togolaises en avril 2005 peuvent encore dormir tranquilles…
« Je suis certain que si le Code pénal togolais avait prévu des sanctions exemplaires contre tous ceux qui participent aux mascarades électorales au Togo, le scrutin du 04 mars 2010 n’aurait pas été entaché d’irrégularités », dixit Dr David Ihou, ancien ministre de la Santé pendant la période de la transition, et analyste de la scène politique togolaise. Une lecture qui rejoint celle de la majorité des Togolais qui veulent voir prendre fin dans leur patrie la loi du deux poids deux mesures en matière de justice. La tâche d’éclairage du passé sombre du Togo confiée à la Cvjr s’annonce donc ardue plus que jamais car les sorciers togolais de 2005 ont peut-être oublié leurs forfaitures, les parents des victimes attendent toujours réparation.
D’autant plus que le scrutin présidentiel du 04 mars a conforté les victimes de la répression bête d’avril 2005 dans leurs convictions vis-à-vis du Rpt : le pouvoir togolais n’est pas encore décidé à sanctionner tous ceux qui se sont rendus coupables de forfaitures politiques et qui servent sous sa coupe… Les actions du Cacit (Collectif des associations contre l’impunité au Togo) peuvent toujours attendre. Rpt d’abord, la mémoire des vaillants togolais après.

lundi 26 avril 2010 par Jacques GANYRA
© Copyright Afriscoop

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire