mardi 18 décembre 2012

Côte d’Ivoire : la sécurité se fait attendre

(L'Observateur Paalga 18/12/2012)

Les éléments des FRCI patrouillent dans les parages d'Agbobille
A quand la fin des attaques à répétition des positions des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ? Question capitale après la dernière sortie d’hommes armés contre des militaires ivoiriens à Agboville. Parvenu aux commandes de l’Etat, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) a enregistré d’énormes victoires au plan économique.
François Fillon, alors Premier ministre français, avait même annoncé des aides pour la Côte d’Ivoire. La France, avait-il dit, lors de sa tournée africaine, est prête à annuler un milliard d’euros de dette et à passer des contrats de développement pour deux milliards d’euros. L'une de ces promesses s’est d'ailleurs concrétisée au début de ce mois avec la signature entre la France et la Côte d’Ivoire d’un contrat de désendettement-développement qui doit apporter 630 millions d’euros en trois ans.
Le Fonds monétaire international (FMI), pour sa part a annoncé le vendredi 30 novembre 2012 le déblocage d’une aide de 99,8 millions de dollars en faveur de la Côte d’Ivoire dans le cadre du plan d’assistance financière, lequel se monte à près de 600 millions. Cet appui porte à 324,4 millions de dollars le montant total des sommes portées à taux zéro par le FMI à la Côte d’Ivoire pour l’aider à redresser son économie après des années de troubles politiques.
Selon l’institution internationale, les résultats économiques récents de la Côte d’Ivoire sont positifs. Elle prévoit d’ailleurs une croissance de 8,5% cette année, couplée à une inflation maîtrisée. En plus de cela, des prêts sous forme d’appui budgétaire permettront à l’Etat de Côte d’Ivoire de poursuivre l’apurement de ses arriérés intérieurs ; ce qui favorisera le retour de la confiance chez les opérateurs économiques et la relance postcrise de l’économie ivoirienne.
Récemment à Paris, lors de la rencontre du groupe consultatif sur le financement du programme national de développement, ADO et son gouvernement ont pu récolter 4 000 milliards de F CFA. Ouattara, en économiste averti, avait alors affirmé avec conviction au cours de son entrevue avec les ambassadeurs africains accrédités en France qu’«au classement des pays à fort taux de croissance, la Côte d’Ivoire est dans le top 10».
Ce tableau reluisant de l’économie ivoirienne en plein essor, malheureusement, cache mal les difficultés au plan sécuritaire que traverse ce pays, comme en témoignent les dernières attaques à quelques encablures d’Agboville. En effet, dans ce chef-lieu de la région Agnéby-Tiassa, des individus armés ont attaqué par deux fois un point de contrôle des FRCI le week-end dernier. On note que la première attaque a eu lieu autour de 5 heures du matin au poste avancé des FRCI, à une dizaine de km du village de Kopa.
On ne déplore heureusement pas de victime. La deuxième attaque intervenue un jour après au corridor d’Ery-Makouguié, à deux km au sud d’Agboville, a fait deux morts parmi les éléments des FRCI et un blessé civil. Ces attaques ne sont pas les premières ; on se rappelle qu’en août dernier, par exemple une agression similaire avait fait un blessé, un élément des FRCI qui avait succombé à ses blessures quelques jours plus tard.
A Yopougon, Akouédo, Abengourou… des check-points et des camps ont déjà connu des attaques ciblées qui ont fait des victimes. Face à la recrudescence de la violence en Côte d’Ivoire, le gouvernement fait des efforts pour ramener définitivement l’ordre sur toute l’étendue du territoire national. Un Conseil national de la sécurité présidé par ADO lui-même a été mis en place à cet effet. Malgré tout cela, des problèmes de sécurité demeurent.
La crise postélectorale a favorisé une circulation jusqu’aujourd’hui d’armes de tous genres, détenues par des miliciens non convertis, des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), nostalgiques du passé et animés de mauvaises intentions. Comme l’a souligné le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko devant la presse, «leur seul but est de déstabiliser la dynamique du président Ouattara, d'arrêter la marche de la Côte d’Ivoire sereine pour donner l’image d’une Côte d’Ivoire de chaos».
En cherchant coûte que coûte à occuper une ville ou un camp, les assaillants veulent pousser le chef de l’Etat à la négociation et ainsi lui imposer leurs conditions, dont la libération de Laurent Gbagbo. En plus donc de réussir à remettre son pays sur les rails, économiquement parlant, ADO devra gagner la bataille contre ses compatriotes qui ne sont pas encore rentrés dans les rangs. C’est là un grand défi qui devrait ouvrir la voie à une réconciliation véritable en Eburnie.

D. Evariste Ouédraogo
© Copyright L'Observateur Paalga

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