vendredi 30 avril 2010

R.D.C. - Controverse sur le Cinquantenaire de l’indépendance de la RDC

(Afriqu'Echos Magazine 30/04/2010)
Certains médias congolais (voir le site Digitalcongo.net citant le 29 avril un article du quotidien Le Palmarès sous ce titre : « Cinquantenaire de la RDC : divergence entre Wallons et Flamands sur la participation officielle de la Belgique ») ont fait part d’une divergence de vues belgo-belge sur la participation de la Belgique aux cérémonies commémoratives du cinquantenaire de l’indépendance du Congo, le 30 juin prochain.
En résumé, les Flamands voient avec un déplaisir manifeste la présence d’Albert II à Kinshasa, accompagné d’une kyrielle de dirigeants belges.
La Flandre, dans son approche mémorielle de la colonisation et de la décolonisation, s’oppose, une fois de plus, à la Wallonie sans doute quelque peu nostalgique du Congo belge et coupable, à ses yeux, d’un attachement au Congo, paternaliste et suranné. On évitera de se mêler à cette querelle qui fragmente sur ce plan-là aussi une Belgique moribonde. Mais cette polémique permet de se poser quelques questions sur la signification même de cette célébration que les autorités congolaises souhaitent grandiose.
1° Pourquoi vouloir absolument, et s’en réjouir, que le colonisateur vienne à Kinshasa célébrer la fin de son oppression ? S’il s’agit seulement de remplir les tribunes officielles sans profiter de l’instant pour rappeler aux Belges les horreurs de leur colonisation et leur décolonisation ratée, leur présence à Kinshasa est effectivement dérisoire et inutile.
2° Pourquoi ne pas saisir l’occasion pour obtenir des avancées concrètes sur les relations bilatérales belgo-congolaises ? Par exemple, tout en insistant pour que soit enfin reconnu le sacrifice des soldats congolais lors de la deuxième Guerre mondiale, obtenir pour eux et leur famille les mêmes pensions que celles qui sont réservées aux seuls anciens combattants belges ; demander à la Belgique un soutien efficace à la formation professionnelle des jeunes Congolais, une aide tangible, forte, à l’enseignement au Congo, du primaire à l’Université ; exiger une politique différente en matière d’octroi de visas et du séjour des Congolais en Belgique pour que cesse la traque immonde des sans-papiers.
3° Que célèbre-t-on ? Il est vrai que les dirigeants actuels ne sont pas les héritiers des combattants pour l’Indépendance, ce qui rend plus difficile le rappel aux Belges de leur rôle néfaste dans l’assassinat de Patrice Lumumba qui, s’il avait pu vivre, aurait certainement donné un autre avenir au Congo, mais ceci ne devrait pas empêcher de s’interroger sur ce qui a été fait – ou qui n’a pas été fait - depuis cinquante ans. Peut-on espérer que les dirigeants actuels et plus généralement l’ensemble de la société civile congolaise ne laissent pas de côté la question de la prédation des richesses du pays, de la responsabilité des élites dans ce pillage, plus que cinquantenaire, et dans le détournement à leur profit, depuis cinquante ans, de l’aide internationale ? Cette question amène la suivante :
4° Comment faire en sorte que le jubilé du 30 juin 1960 soit le départ d’une nouvelle indépendance et de nouvelles pratiques de gouvernement pour que le Congo ait enfin le développement qu’il devrait avoir et les Congolais le niveau de vie décent auxquels leurs immenses sacrifices leur donne droit ? La réponse dépend de la vertu des dirigeants et du souci de faire en sorte que leur politique soit celle de l’intérêt du peuple congolais, plutôt que de satisfaire des intérêts particuliers.
C’est à la formulation de ces questions et évidemment de bien d’autres encore que doit conduire l’étalage par les médias congolais des dissensions entre Flamands et Wallons sur la présence belge le 30 juin prochain. Les Flamands ont le mérite de ne pas avoir de retenue mal placée et de mettre le doigt là où ça fait mal. En Belgique et au Congo. Sans rentrer dans la polémique, rendons-leur au moins cette justice.
Alain Bischoff

vendredi 30 avril 2010 Alain Bischoff*
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