jeudi 29 avril 2010

Sudan - Résultats des élections - une autre étape sur un chemin incertain

(IPS 29/04/2010)
JUBA, Sud-Soudan - Un convoi de partisans d’Omar al-Bashir, klaxonnant et scandant des slogans du parti pendant qu’il traversait Khartoum, la capitale du Soudan, en route pour une célébration au siège du parti le 26 avril, n’a attiré que des regards désintéressés.
Des véhicules à Juba, recouverts du drapeau du Sud-Soudan, semi-autonome, ont suscité une réaction plus forte puisque les partisans du Mouvement de libération du peuple du Soudan (SPLM) ont célébré leur victoire pour avoir remporté la majorité des sièges dans le sud.
Selon les résultats officiels, le président sortant Bashir a acquis 68 pour cent des suffrages exprimés à l'échelle nationale pour la présidence. Salva Kiir, qui s’est présenté pour conserver son poste de chef du gouvernement du Sud-Soudan, a obtenu un record de 93 pour cent des voix dans le sud.
Tous deux ont été déclarés vainqueurs le 26 avril par Abel Alier, le président de la Commission électorale nationale (NEC).
Revêtu d’un turban blanc et d’un boubou flottant pour une apparition à la télévision, Bashir avait l'air détendu comme s'il avait annulé son mandat d'arrêt délivré par la Cour pénale internationale pour génocide et crimes contre l'humanité au Darfour.
Mais son triomphe électoral ne mettra pas fin à ses problèmes. Les crimes de guerre demeurent, et il doit maintenant démentir les allégations de truquage des élections et d’une désintégration éventuelle du Soudan.
Alors que le SPLM a réalisé tout ce qu'il voulait de ce scrutin, la rétention du pouvoir dans le Sud en prélude à un référendum de 2011 sur l'avenir de la région, la défaite de l'opposition dans le reste du pays ne veut pas dire qu'il faut aller doucement.
"Nous irons devant les tribunaux. Si les juges ne statuent pas en notre faveur, nous utiliserons d'autres alternatives pour régler les contentieux électoraux", a averti le 18 avril le célèbre leader islamiste Hassan al-Tourabi, qui dirige le Parti du congrès populaire. Il n'est pas entré dans les détails.
D'autres partis politiques de l'opposition ont exprimé des réactions mitigées par rapport à l'issue des élections.
Bon nombre d'entre eux ont accusé les Etats-Unis et d'autres acteurs extérieurs d'imposer au Soudan les deux partis dominants du pays - le Parti du congrès national (NCP), dans le nord, et le SPLM, dans le sud. Le parti de l'ancien Premier ministre Sadiq al Mahdi, qui a été renversé par Bashir en 1989, affirme que la préoccupation des Etats-Unis est d'ouvrir la voie à l'éclatement du pays.
Les sudistes organiseront un référendum en janvier 2011 pour décider s’il faut créer leur propre Etat ou demeurer une partie du Soudan.
La majorité des observateurs internationaux ont critiqué les élections comme ne répondant pas aux normes internationales tout en reconnaissant leur organisation largement pacifique comme un grand succès.
On a signalé des problèmes très répandus avec les bulletins de vote, des candidats figurant sur des bulletins de vote dans plus d'une circonscription électorale, des électeurs incapables de trouver leurs noms sur des listes, et des observateurs des élections, dans au moins un cas, interdits d'entrer dans des bureaux de vote. Le vote a été prolongé de deux jours en reconnaissance de l'impact de ces problèmes.
"Nous ne pouvons pas dire que les élections au Soudan ont répondu aux normes internationales, mais cela ne réduit pas ce qui s'est passé, qui est une transition importante", a déclaré dans un communiqué après le scrutin, Salah Halima, le chef de la mission de la Ligue arabe.
L'Union africaine (UA) a été, comme d’habitude, plus généreuse. "Ce qui s'est passé au Soudan a été un événement historique et une grande réussite pour le peuple soudanais", a indiqué Kunle Adeyemi, un porte-parole de la mission d'observation de l'UA au Soudan, présidée par John Kufuor, l'ancien président du Ghana.
"Examinant le fait, c'est un pays qui n'avait pas eu des élections multipartites depuis presque une génération... pour dire qu'elles sont libres et équitables; autant que nous nous souvenons, nous n'avons aucune raison de penser le contraire", a ajouté Adeyemi.
Dans le sud, le SPLM a pris des mesures pour s’assurer que les femmes constituent un quota de 25 pour cent à tous les niveaux du gouvernement. Nyandeng Malek a remporté le poste de gouverneur de l’Etat de Warrap d’où est originaire Kiir, le leader du SPLM.
La perdante dont le résultat était inattendu a été Jemma Nunu Kumba, gouverneur de l'Etat de Equatoria occidental, à la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC) et la République centrafricaine (RCA).
Kumba est connue pour sa détermination à chasser les rebelles ougandais de L'Armée de résistance du Seigneur (LRA) des bases qu’ils ont établies au Sud-Soudan. Bien que le président Kiir ait personnellement fait campagne pour elle, elle a été battue par un candidat indépendant, le colonel Joseph Bokosoro.
Tous les yeux sont désormais tournés vers le référendum qui est prévu pour janvier 2011. (FIN/2010)

Correspondants de IPS
28 avr (IPS
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