(Le Potentiel 29/04/2010)
Aux questions pertinentes des députés à l’attitude conciliante du Premier ministre, les jeux ne sont pas encore faits autour de la question orale du député Jean-Lucien Bussa. Bien au contraire, le 2ème round a été caractérisé par une guerre de chiffres et de révélations, jusque-là scandaleuses. Et comme il fallait s’y attendre, l’auteur de la question orale a conclu, malgré les explications du Premier ministre, par la transformation de celle-ci en une motion de censure, car non satisfait des réponses du Premier ministre, Adolphe Muzito.
Le député Jean-Lucien Bussa, auteur de la question orale avec débat à l’endroit du Premier ministre, Adolphe Muzito, a décidé de transformer sa question en une motion de censure contre le Premier ministre et tout son gouvernement. C’est en ces termes qu’il a conclu, le mercredi 28 avril, le débat y afférent après s’être exprimé non satisfait des réponses du Premier ministre et qualifié d’échec toute l’action du gouvernement. Il devra donc se conformer à l’article 196 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Bien plus que cela, le député Bussa a franchi le Rubicon par des déclarations, somme toute, fracassantes et scandaleuses sur les biens acquis par le Premier ministre qu’il accuse d’« enrichissement illicite ». Une nouvelle donne qui aura incontestablement des répercussions sur la poursuite du débat politique.
Les explications du Premier ministre
Et pourtant, la plénière d’hier mercredi a débuté sur un ton serein. Aux questions des députés, reconnues pertinentes par le Premier ministre lui-même, honnêteté intellectuelle oblige, le chef du gouvernement a adopté une attitude conciliante, en acceptant que le « gouvernement légitime » assumait toutes ses responsabilités, nonobstant des rumeurs autour de l’existence d’un gouvernement parallèle. Aussi, s’est-il empressé de placer les rapports inter-institutionnels sous le signe de la concertation, du dialogue, rejetant ainsi le « Congopessimisme ».
Actions et insuffisances
Dans sa réponse aux préoccupations des députés, le Premier ministre a changé de style pour évoquer les actions du gouvernement et les perspectives d’avenir. C’est ainsi que dans le cadre de la sécurité, il s’est attardé sur des efforts accomplis dans le but de préserver les acquis de la paix. Notamment l’amélioration des relations avec les pays voisins, particulièrement le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, grâce à la politique courageuse initiée par le président de la République. Efforts qui se sont prolongés au niveau de la restructuration de l’armée, avec l’existence désormais d’un Bataillon d’intervention rapide, de la mise sur pied d’une vingtaine de bataillons autres et le changement dans les groupes armés qui se sont mués en partis politiques, cas du Congrès national pour la défense du peuple, CNDP.
Il s’agit également de cette avancée significative dans les rapports avec l’Angola et l’adoption de la loi sur la délimitation des frontières terrestres et maritimes au niveau du Plateau continental, avant d’annoncer la permutation des cadres au niveau de l’Armée et de la Police. Il a saisi cette opportunité pour relever que les rapports sont bons avec la Monuc qui a accepté d’accompagner le gouvernement dans la réforme des services sécuritaires. Et ce, jusqu’à l’organisation de prochaines élections.
Il s’est attardé, chiffres à l’appui sur le social en dégradation depuis des décennies, la paie des fonctionnaires, du soldat et du policier, l’amélioration du climat des affaires pour progresser dans le classement de Doing Business, et enfin la réhabilitation des infrastructures de base dans la perspective de la relance de la reconstruction nationale. A ce niveau, il a proposé la mise en place d’une commission ad hoc pour la « répartition des projets de développement » au bénéfice des provinces.
Mais le Premier ministre a eu le courage politique de reconnaître que tout n’a pas été parfait. Il a reconnu le dysfonctionnement des services de sécurité, fait allusion à la frustration relevée par les ressortissants de la province de l’Equateur, admis que « le Plan de la défense » n’a pas du tout fonctionné à Mbandaka et que des sanctions négatives ont été prises à ce niveau.
En ce qui concerne justement la frustration des ressortissants de l’Equateur, il s’est empressé de les inviter à ne pas tomber dans la « victimisation ». Enfin, il a convié les animateurs politiques des institutions à travailler la main dans la main. Entre-temps, le gouvernement reste ouvert à la réforme du cadre inter-institutionnel.
La main tendue rejetée
Comme il fallait s’y attendre, l’auteur de la question orale a repoussé cette main tendue. Il a qualifié l’action du gouvernement d’échec, dénoncé son attitude d’immobilisme et rejeté tous les chiffres, « faux », selon lui, qu’il a avancés et qui ne reflètent pas la réalité. « Le gouvernement est marqué par l’immobilisme, l’incapacité et le manque de volonté politique », a-t-il déclaré d’un ton sévère.
Il a donc opposé ses propres chiffres en relevant que le gouvernement ne se préoccupait point de conditions sociales des populations, que sournoisement, le pouvoir central déstabilisait les institutions provinciales.
Quant à la situation de la province de l’Equateur, il a rendu responsable tant le gouvernement provincial que national pour n’avoir pas pris toutes les dispositions requises afin d’éviter le pire. Bien plus, l’insécurité est en train de gagner tout le pays, notamment au Bandundu et dans les deux Kasaï.
Par Le Potentiel
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