vendredi 30 avril 2010

R.D.C. - Bemba-Roi : deux affaires liées ?

(La Libre 30/04/2010)
Une délégation d’une dizaine de parlementaires congolais est venue jeudi matin déposer au Parlement belge une pétition signée par 121 élus congolais (voir "LLB" 27 avril), demandant à la Belgique de recevoir Jean-Pierre Bemba si une éventuelle libération conditionnelle de ce dernier devait être décidée, dans les prochains mois, par la Cour pénale internationale (CPI).
M. Bemba, sénateur et chef de l’opposition congolaise, est incarcéré à La Haye depuis juillet 2008. Il est accusé d’être responsable de crimes de guerre et contre l’humanité commis par ses hommes en Centrafrique en 2003. Il avait été arrêté en Belgique, le 24 mai 2008, à son domicile de la périphérie bruxelloise, sur mandat d’arrêt de la CPI. Il s’était exilé du Congo après la défaite de ses troupes face à celles du président Kabila, en avril 2007, à Kinshasa, d’abord vers le Portugal, où il a des attaches, puis vers notre pays.
En août 2009, la libération conditionnelle du détenu avait été accordée par des juges de la CPI, avant que cette décision soit renversée en appel. Dans l’intervalle, toutefois, la CPI avait demandé à quelques pays s’ils pourraient recevoir M. Bemba en liberté surveillée. La Belgique avait opposé une fin de non-recevoir à cette demande, arguant de la présence de nombreux partisans de M. Bemba sur son sol, ce qui aurait pu causer des troubles, avait-elle fait valoir.
La pétition des parlementaires congolais - "25 % du Parlement", a fait valoir son coordonateur, le député Clément Kanku-Bukasa wa Tshibuabua (opposition) - n’a été adressée qu’à la Belgique, en raison de ses liens historiques et actuels avec le Congo. "La Belgique est au cœur de la politique congolaise. Elle intervient en faveur de son développement; elle est intervenue de manière importante dans le processus électoral et donc, indirectement, dans l’existence des institutions" congolaises d’aujourd’hui. "Sans compter l’aspect pratique, La Haye étant géographiquement proche de la Belgique."
Ces 121 parlementaires "issus de la majorité et de l’opposition" figurent sur la liste "avec leurs numéros de téléphone afin qu’ils puissent confirmer leur engagement", ajoute Clément Kanku. Ces signataires "pensent qu’une position favorable de la Belgique aiderait à débloquer les choses à La Haye", a précisé Clément Kanku.
Au nom de la délégation, ce dernier a rappelé que la Belgique s’était occupée "sans problème" d’accueillir le chef de l’opposition congolaise sur son sol avant qu’il soit détenu par la CPI.
"En outre, c’est la Belgique qui a arrêté Jean-Pierre Bemba. Si elle a collaboré à 100 % avec la CPI pour son arrestation, elle doit aussi pouvoir collaborer avec elle pour sa libération. C’est une obligation morale - ou alors on ne croira pas en sa neutralité. Quel message cela constituerait-il pour les Congolais si la Belgique ne répond pas à cette pétition ? Il y aurait une petite crise entre les parlementaires congolais et le gouvernement belge. Nous ne pensons pas que la Belgique voudra créer des difficultés inutiles avant le voyage du Roi au Congo, en particulier à Kinshasa, où la population est acquise à l’opposition", a ajouté M. Kanku.
Le roi Albert II est attendu dans la capitale congolaise pour deux jours, le 30 juin prochain, à l’occasion des cérémonies du 50e anniversaire de l’indépendance du Congo.
La délégation congolaise a été reçue, au nom de l’Union interparlementaire (union mondiale des parlements des Etats souverains), par François-Xavier de Donnéa. Elle le sera ce vendredi au ministère des Affaires étrangères.
La délégation a-t-elle l’impression d’avoir été entendue jeudi ? "Oui. On nous a écoutés d’une oreille attentive - même si nous tombons à un moment de turbulence" politique belge, a conclu M. Kanku.

MFC
Mis en ligne le 30/04/2010
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