lundi 26 avril 2010

Cote d`Ivoire - Alassane Ouattara à Laurent Gbagbo - “Allons aux élections avec les 5,3 millions d’électeurs validés"

(Le Patriote 26/04/2010)
Au terme de sa visite aux populations de Jacqueville, le président du RDR, Alassane Ouattara, s’est prononcé sur la question de la liste électorale. Depuis ce dimanche 10 janvier, ADO avait proposé la validation de la liste blanche. Une proposition qui refait surface. « Récemment, nous avons vu le porte-parole du chef de l’Etat Gervais Coulibaly, qui a accusé la CEI sans bases réelles. Cela est lamentable. Ce sont les mêmes qui accusent toujours les autres sans preuves. La CEI n’a jamais donné de cassette, en tout cas, nous, nous n’avons jamais reçu de cassette. Deuxièmement, la gestion des contentieux n’est pas encore terminée. Le contentieux judiciaire est en cours. Et on se lève pour dire que Mambé a ajouté 429.000 personnes sur la liste. Mais, c’est faux ! Il faut qu’ils arrêtent de mentir.
Rien n’a été ajouté à la liste validée des 5,3 millions. La CEI a fait un travail remarquable. Ceux qui seront retenus à la suite du contentieux seront ajoutés aux 5,3 millions pour pouvoir avoir la liste définitive. Qu’on arrête donc de mentir aux Ivoiriens. Moi, je souhaite que la télévision nationale tende aussi son micro aux responsables de la CEI afin qu’ils s’expriment, et disent aux Ivoiriens ce qu’il y a exactement. Ce n’est pas normal qu’on accuse la CEI d’avoir fait ceci ou cela, alors qu’elle n’a rien fait. Et d’ailleurs, moi, j’irai plus loin en disant que comme la liste des 5,3 millions a été validée par le CPC, alors, qu’on aille aux élections avec cette liste. Que tout le monde se réfère à cette liste de 5,3 millions. S’ils commencent des palabres sur les 1,3 millions concernés par le contentieux, alors qu’on les laisse et on va aux élections avec les 5,3 millions. En ce moment-là, les cartes d’identité et les cartes d’électeurs pourront être fabriquées dans les deux semaines. Et on va aux élections vers le 20 février. Il faut comprendre que nous ne pouvons pas traîner indéfiniment cette affaire. Dans tous les pays du monde, il y a une période d’inscription sur la liste électorale. On ne peut pas continuer dans cette situation. La liste des 5,3 millions a eu l’aval des Nations Unies, parce qu’elles estiment que c’est une liste équilibrée qui ne privilégie personne, ni le Nord ni le Sud. Elle ne privilégie aucun parti politique. Prenons donc cette liste et allons aux élections ! Comme, je le disais au meeting, ils ont tout simplement peur des élections. Et pourtant, il faut qu’on aille à ces élections pour que les Ivoiriens se prononcent et qu’on n’en finisse une bonne fois. »
Interview / Doumbia Brahima (RDR)
“Le cas de 1,033 millions doit être traité avec diligence”
L.P. : Le Président Wade a affirmé sur RFI que Gbagbo aurait accepté d’aller aux élections avec la liste blanche de 5,3 millions d’électeurs. Quels commentaires en faites-vous?
D.B. : Effectivement, nous avons appris cette information sur les ondes de RFI. Mais ce que je voudrais dire, c’est que cette information n’est pas officielle venant du camp présidentiel. Toutefois, nous n’avons aucune raison de douter du président Wade. Pour nous, c’est la reconnaissance par Laurent Gbagbo de ce que la liste blanche est « hautement fiable et crédible » pour emprunter l’expression au représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU, M. Choï. Alors, tous les débats que ses partisans font autour d’un prétendu audit de cette liste, sont des subterfuges pour faire diversion et retarder le processus de sortie de crise. A la date du 13 février, c`est-à-dire au lendemain de la dissolution de la CEI et du gouvernement par Laurent Gbagbo, il y avait eu à peu près 279 mille personnes dont les dossiers avaient été validés par des comités de suivi dans les centres de coordination. Il faut permettre à tous ceux-là d’être sur la liste. C’est une question de justice et d’équité. Tout simplement, nous au RDR, voulons un processus ouvert et inclusif.
L.P. : Une si importante décision n’a pas été notifiée dans le communiqué final. Qu’est-ce que cela vous inspire comme commentaire ?
D.B : Cela nous laisse tout simplement un peu sceptique car le camp présidentiel nous a habitués à des revirements spectaculaires. Des décisions indiquées dans les communiqués ne sont pas appliquées. Que valent alors des décisions non notifiées ?
L.P. : Quel sera le sort des électeurs des 1,033 millions de personnes sur la liste grise ?
D.B. : C’est notre souci principal. Le RDR a toujours lutté contre l’arbitraire et l’exclusion, donc, il milite pour un processus électoral inclusive et équitable. Nous souhaitons en conséquence que le maximum d’Ivoiriens qui en ont le droit, soient sur la liste électorale pour accomplir ce devoir citoyen qu’est le vote et avoir leur carte d’identité nationale de citoyens ivoiriens. C’est un combat permanent que le RDR mène. Il n’entend pas fléchir sur cette question. Toutefois, si d’aventure, le pays devrait aller aux élections, il faudrait que le cas de ces 1,033 millions soit clarifié. Et que ces personnes aient, après les élections, leur carte d’identité nationale. Qu’on donne la garantie que leur cas sera traité avec diligence. C’est une lutte que le RDR a toujours menée.
L.P. : Récemment, l’on a fait cas de la présence de 14.000 étrangers sur la liste blanche. Quelle est votre position sur cette question ?
D.B : Nous avons lu dans la presse cette information. Nous attendons que ceux qui l’ont fait diffuser en donnent les preuves. A la limite, ce sont des manœuvres tendant à retarder encore le processus électoral. Par ailleurs, nous demandons à tous ceux qui font ce genre de déclarations à l’emporte-pièce, de faire très attention. Car, ils peuvent être rattrapés par l’histoire. Nous sommes dans un pays où la situation est suffisamment grave pour en rajouter aux supplices des Ivoiriens. C’est aux accusateurs d’envoyer les preuves et les institutions compétentes se chargeront de traiter les questions.
L.P. : Sokouri Bohui a toujours affirmé que des agents municipaux du RDR ont été pris la main dans le sac. Que lui répondez-vous?
D.B : Ce que Sokouri Bohui dit, n’est pas la vérité. Tous les Ivoiriens et observateurs de la scène politique ivoirienne, ont souvenance de la fameuse « opération inondation » lancée tout azimut par le FPI sur l’ensemble du territoire. Les refondateurs s’en vantaient même. Par ailleurs, nous savons qu’à San-Pédro, à Divo, à Guiglo, à Tiassalé, des responsables du FPI ont été pris avec des registres de l’Etat civil dans le cadre de cette opération. Précisément celui de Tiassalé qui répond au nom de M. Aka a été condamné par la justice en novembre 2008 à 5 ans de prison ferme. Il avait été pris dans une chambre d’hôtel avec tous les registres de l’Etat civil de la sous-préfecture de Tiassalé. Ce sont des faits qui sont connus. Mais, nous ne rentrons pas dans ce débat qui a un but de diversion. Nous sommes responsables et nous demandons aux autres de l’être. C’est comme ça qu’un pays qui se respecte et des personnes sérieuses doivent se comporter.
Recueillis parI. B. Kamagaté
« Liste des 5,3 millions » - ADO avait raison
Finalement, il s’est décidé à aller aux élections. Du moins, si l’on en croit ce qu’il a dit au président Abdoulaye Wade avant son retour pour le Sénégal. A son homologue qu’il a invité à venir parler ‘’aux uns et aux autres’’, Laurent Gbagbo a proposé qu’il était enfin prêt à aller aux élections. Mais avec la liste des 5, 3 millions d’Ivoiriens qui se trouvent sur la liste blanche. Sur ce point, le chef de file de la Refondation rejoint le président du RDR Alassane Dramane Ouattara, candidat à la présidentielle. En effet, le patron des Républicains a sillonné, du 6 au 10 janvier dernier, les villes d’Alépé, Adzopé, Akoupé, Agboville et Jaqueville A l’issue de cette visite qui s’est déroulée dans une ambiance conviviale et fraternelle, ADO a animé sa traditionnelle conférence de presse de clôture. A cette occasion, le président du RDR s’est prononcé sur l’actualité sociopolitique du pays en général et sur le processus électoral en particulier. Devant la presse nationale et internationale qui l’a suivi dans son périple, le leader du RDR a clairement dit ce qu’il pensait de la liste électorale provisoire. Face à la montée de fièvre qui gagnait le clan présidentiel notamment sur la soit disant fraude sur les 429 000 noms qui serait frauduleusement inscrits sur la liste provisoire, ADO a fait la proposition suivante: « (…) Moi, j’irai plus loin en disant que comme la liste des 5,3 millions a été validée par le CPC, alors, qu’on aille aux élections avec cette liste. Que tout le monde se réfère à cette liste de 5,3 millions. S’ils commencent des palabres sur les 1,3 millions concernés par le contentieux, alors (…) on va aux élections avec les 5,3 millions. En ce moment-là, les cartes d’identité et les cartes d’électeurs pourront être fabriquées dans les deux semaines. Et on va aux élections vers le 20 février. Il faut comprendre que nous ne pouvons pas traîner .indéfiniment cette affaire». A l’époque, cette proposition ne semblait pas avoir du tout emballé les Refondateurs qui y voyaient certainement un piège comme c’est toujours le cas, même si l’opposition fait des propositions objectives et raisonnables pour une sortie de crise.

Yves-M Abiet
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