vendredi 3 décembre 2010

Senegal - CANDIDATURE DE WADE: écouter la voix de la sagesse africaine

(Le Pays 03/12/2010)
Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a-t-il la sagesse des anciens ? On peut en douter, face à son obstination à briguer un autre mandat en 2012. En Afrique, les personnes du 3e âge sont généralement des références. Ce, parce qu’elles savent beaucoup de choses mais aussi parce qu’elles évitent soigneusement de s’offrir en spectacle. Elles savent se mettre au-dessus de la mêlée, pour éviter toute humiliation.
Leurs faits, gestes et paroles épousent des canons moulés dans le creuset de la sagesse traditionnelle africaine. Ces personnes sont une ressource inestimable lorsqu’il s’agit de raisonner les personnes immatures que constituent, a priori, les jeunes. Pendant qu’elles jouissent d’une retraite bien méritée, elles encadrent les enfants qui grandissent à l’ombre de leurs conseils avisés. C’est d’ailleurs au regard de cela que certains estiment que les enfants en Afrique manquent de repères de nos jours parce qu’ils n’ont plus, entre autres, de grand-parents qui assument pleinement leur statut.
La candidature de Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle sénégalaise de 2012 ne semble pas s’inspirer de cette sagesse africaine. Il n’est pas simple, pour un octogénaire, de gérer au quotidien un Etat. Même quand la bonne volonté existe, le risque que les aptitudes physiques et intellectuelles nécessaires à l’exécution de cette tâche ne soient pas au rendez-vous, est énorme. L’on constate d’ailleurs que cette volonté du chef de l’Etat sénégalais de conclure un nouveau bail à la tête de son pays suscite de nombreuses polémiques tant dans son propre camp que dans celui de l’opposition. C’est donc un sujet qui ne laisse pas indifférents les Sénégalais dans leur ensemble.
Le président Wade peut-il supporter encore longtemps les charges de chef d’Etat sur ses épaules et conduire les affaires de façon efficace ? En tout cas, c’est probablement en connaissance de cause qu’une Sénégalaise, Mame Marie Faye, médecin de son état, a déclaré que l’actuel président sénégalais est médicalement inapte à briguer un nouveau mandat. Ce qui, on s’en doute, a provoqué le courroux des autorités sénégalaises qui se sont empressées de la mettre aux arrêts. Cette attitude prouve une fois de plus, que sous nos cieux, la santé des dirigeants demeure un sujet tabou. Seulement, tant que cette conception n’évoluera pas, les citoyens continueront, dans un sens ou dans l’autre, de spéculer là-dessus. Dans l’entourage du président, certaines voix accusent Idrissa Seck d’être l’instigateur de cette cabale qui viserait à ternir l’image du chef de l’Etat.
Mais, sans avoir besoin d’être un expert médical, l’on devine aisément que le chef de l’Etat sénégalais n’est plus, physiquement surtout, si solide que cela. On en veut pour preuve ses difficultés à monter tout seul les marches des escaliers. C’est dire donc qu’à vue d’oeil, Me Wade montre des signes patents de fatigue et cela est compréhensible au regard de son âge avancé (84 ans). Il y a également les multiples bourdes du chef de l’Etat sénégalais que beaucoup de personnes s’accordent volontiers à mettre sur le compte de la sénilité. Et l’on en vient à se convaincre que les dirigeants qui se comportent de la sorte ne mesurent pas la difficulté et les sacrifices que requiert la gestion d’un Etat dans ce monde de compétition exacerbée.
A 84 ans, Wade est certainement l’un des candidats les plus âgés, en Afrique, à la magistrature suprême de leur pays. Certes, le droit positif sénégalais ne s’oppose pas à une telle candidature. Mais, ce n’est pas parce qu’une chose n’est pas interdite, qu’il faut absolument la faire. En d’autres termes, il ne serait pas de trop que le président sénégalais s’interroge sincèrement sur l’opportunité de sa candidature en écoutant la voix de la sagesse africaine.

Relwendé Auguste SAWADOGO
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