lundi 25 octobre 2010

Nigeria -La grande lessive du secteur financier continue

(Les Afriques 25/10/2010)

Le retrait des licences de 224 établissements de micro-crédit et le lancement de poursuites judicaires contre 260 institutions et personnes pour délits financiers divers témoignent de la volonté de l’Etat nigérian de nettoyer un secteur qui a frôlé la catastrophe en 2009.
Les autorités nigérianes poursuivent sans relâche le grand ménage, entamé en 2009, dans le secteur financier du pays. Un an après le traitement de choc administré au secteur bancaire (limogeage des dirigeants de banques, injection de 2,8 milliards d’euros dans neuf établissements, renforcement du contrôle), le « tsunami » Sanusi Lamido, du nom du gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (CBN), comme la presse de Lagos appelle l’opération de nettoyage du secteur en cours, a frappé les institutions de microfinance. Le régulateur du secteur bancaire du pays de Goodluck Jonathan a annoncé, le 1er octobre, la révocation de licences à 224 institutions de microfinance (IMF), parmi les 820 établies à travers le pays. « Quelque 178 établissements de microcrédit sont techniquement insolvables, tandis que 46 autres sont jugés définitivement en faillite », a déclaré Kingsley Moghalu, le gouverneur adjoint de la BCN, chargé de la stabilité du système financier.
Sanusi Lamido a également annoncé son intention de mettre un terme au modèle de « la banque à tout faire » en séparant l’activité commerciale des établissements de crédits des autres activités spéculatives, comme l’intermédiation boursière et la gestion d’actifs.
Selon lui, le niveau élevé des prêts non-performants, les lourds investissements sur le marché des capitaux et une mauvaise gouvernance institutionnelle sont les principales causes de la banqueroute de ces institutions financières.
Poursuites judiciaires
Assurant que « les autorités monétaires ne permettront pas à quelques individus dont les établissements sont en faillite de saper la noble mission des IMF », le gouverneur adjoint de la BCN a indiqué que les directeurs des institutions concernées seraient livrés aux juridictions compétentes pour l’ouverture d’enquêtes et le lancement de poursuites. « Ceux qui seront reconnus coupables seront ainsi mis sur la liste noire », a-t-il averti.
Les dirigeants imprudents des 224 IMF sommées de fermer boutique ne seraient pas les seuls acteurs du secteur financier nigérian à risquer des démêlés avec la justice.
La Security and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse de Lagos, a annoncé, le 12 août dernier, qu’elle poursuivrait 260 personnes et institutions dans le cadre de la crise du marché financier nigérian, qui avait perdu 70% de sa valeur en 2008-2009.
« Quelque 260 particuliers et organisations seront traduits devant le Investment and Securities Tribunal pour différents types d’allégations de manipulation de prix d’actions et délits d’initiés », a précisé la nouvelle directrice générale de la Nigerian Stock Exchange (NSE), Arunma Oteh.
La décision de traduire des personnes physiques et morales devant la justice est survenue une semaine après le limogeage de la directrice générale du NSE, Ndi Okereke-Onyuike, pour « mauvaise gestion et manque de prévoyance ». Le milliardaire Aliko Dangote, président de la deuxième plus importante Bourse de l’Afrique subsaharienne, a été également démis de ses fonctions, pour le même motif.
Rétablir la confiance
Parallèlement à ce coup de balai, les autorités nigérianes ont annoncé plusieurs mesures destinées à restaurer la confiance dans le secteur bancaire du pays. Créée par décret présidentiel, l’Asset Management Corporation of Nigeria (Amcon) s’attelle depuis septembre dernier à récupérer les actifs toxiques des banques nigérianes. Cette « bad bank », inspirée d’une structure similaire mise en place par le gouvernement américain au lendemain de la crise des subprimes pour assainir les bilans bancaires, devrait acquérir des créances douteuses pour près de 16 milliards d’euros.
Sanusi Lamido a également annoncé son intention de mettre un terme au modèle de « la banque à tout faire » en séparant l’activité commerciale des établissements de crédits des autres activités spéculatives, comme l’intermédiation boursière et la gestion d’actifs. Dans cette optique, l’intérêt du « pompier » du secteur bancaire nigérian se porte sur la restructuration des banques sous forme de holdings qui gèrent plusieurs filiales spécialisées chacune dans une seule activité. Cette réorganisation permettrait, selon lui, de mieux surveiller les risques inhérents à chaque activité. Le vaste chantier de la réforme du secteur n’est encore qu’à ses débuts…
Par Walid Kéfi, Tunis

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