(Xinhuanet 28/10/2010)
YAOUNDE -- Phénomène récurrent, une centaine de ressortissants étrangers parmi lesquels 42 Camerounais exerçant comme ouvriers dans des chantiers des travaux publics ont été refoulés la semaine dernière en Guinée équatoriale, a confirmé une source officielle camerounaise à la frontière avec ce pays voisin d'Afrique centrale jointe mercredi par Xinhua.
Outre les Camerounais, le contingent reçu le long de la semaine dernière à la frontière camerounaise comporte d'autres étrangers, à savoir : 31 Maliens, 5 Burkinabè, 4 Guinéens (de Guinée-Conakry), 4 Nigérians, 2 Congolais (du Congo-Brazzaville), 2 Ivoiriens, 1 Ghanéen, 1 Sénégalais et 9 apatrides, a précisé le sous-préfet de Kyé-Ossi, Vincent Mbita Obame, citant une liste fournie par les responsables de police équato-guinéenne.
"Il ne s'agit pas d'expulsions. Ce sont de simples déversements d'étrangers à la zone tampon, entre les deux chaînes qui matérialisent la frontière entre le Cameroun et la Guinée équatoriale. C'est un phénomène que nous observons toutes les fins de mois. Il se traduit par des opérations de rafle de police locale à Ebebiyin (ville frontalière avec le Cameroun, ndlr) et Mongomo (village natal du président Obiang Nguema Mbasogo, ndlr)", a expliqué cette autorité administrative.
C'est du moins la version officielle donnée par les autorités policières des deux villes équato-guinéennes, évoquant des mesures de contrôle de l'immigration clandestine. A en croire une autre source camerounaise, ces opérations donnent généralement lieu à des marchandages qui permettent aux refoulés de retourner par la suite en Guinée équatoriale.
S'agissant des Camerounais, il s'agit surtout d'ouvriers saisonniers installés de manière ponctuelle dans ce pays voisin. " Beaucoup de ces ouvriers sont repartis en Guinée équatoriale ", a remarqué le sous-préfet de Kyé-Ossi, qui ne compte plus le nombre de ces épisodes qui, associés à la frontière fermée depuis le 8 janvier 2009 par la Guinée équatoriale de sa frontière avec le Cameroun, handicapent les échanges commerciaux entre les deux pays, de l'avis des observateurs.
Devenue un eldorado pétrolier dans les années 90, la Guinée équatoriale, peuplée de moins de 1,5 millions d'habitants, est engagée à l'heure actuelle dans une série de projets de développement d'envergure comprenant la construction de routes, d'hôpitaux, de logements sociaux, d'aéroports, de ports, etc. Considérée comme une invasion, la présence d'étrangers a créé un sentiment de xénophobie parfois utilisée par les politiques comme fonds de commerce pour séduire l'électorat.
Des événements comme les attaques fin 2008 du palais présidentiel équato-guinéen et de deux banques commerciales à Malabo par un groupe d'individus armés non identifiés ou encore des rumeurs de coups d'Etat contre le chef de l'Etat exacerbent ce sentiment.
Selon le politologue Mathias Eric Owono Nguini enseignant à l'Université de Yaoundé II, interrogé mercredi soir par Xinhua, " la République du Cameroun doit effectivement réguler la circulation de ces travailleurs spécialisés (ouvriers) de telle manière que leurs droits ne soient pas lésés lorsqu'ils vont travailler en Guinée équatoriale", question de mettre un terme à un vide administratif préjudiciable à ces travailleurs.
Et quant à la Guinée équatoriale, "il est de l'intérêt de ce pays d'aplanir toutes les divergences de telle manière que le Cameroun ne considère pas qu'il s'agisse d'un trafic et donner des gages que ces travailleurs sont en sécurité". Mais, le politologue insiste sur la mise en conformité des émigrés camerounais avec les lois du pays d'accueil, afin d'éviter d'être traités comme des voyous.
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