(Afriscoop 30/10/2010)
Créée en 2006 sous l’autorité du président de la République, la Commission anti-corruption du Cameroun (CONAC) a validé le 21 octobre à Yaoundé sa Stratégie nationale de lutte contre la corruption, qui sera opérationnelle dès janvier 2011, selon le secrétaire exécutif de la CONAC, Alfred Etom.
Avec pour mission de contribuer à éradiquer une sorte de cancer social qui vaut à ce pays d’Afrique centrale d’être classé parmi les plus corrompus du monde, la CONAC déclare recevoir au quotidien des dizaines de dénonciations et avoir transmis une série de dossiers examinés en justice, a annoncé dans un entretien accordé à l’agence Xinhua le secrétaire exécutif, Alfred Etom.
Question : Que peut la CONAC pour lutter véritablement contre la corruption au Cameroun qui est devenue une sorte de cancer social ?
Réponse : Il faut déjà dire que la CONAC, c’est l’émanation de la volonté politique des autorités camerounaises de lutter contre la corruption. Elle peut beaucoup de choses. Si nous n’avons pas fait beaucoup de bruits depuis quelque temps, c’est parce que, un, nous sommes jeunes ; deux, nous sommes en train de nous mettre en place. Mais depuis que nous sommes devenus opérationnels, beaucoup d’actions sont en train de se réaliser maintenant sur le terrain. Et nous pensons que pour ce qui est des sanctions, parce que c’est ça qui intéresse les gens, nous venons de valider la Stratégie nationale de lutte contre la corruption.
Q : Que préconise-t-elle grosso modo ?
R : La Stratégie a trois objectifs principaux. C’est mobiliser tous les Camerounais pour qu’ils s’engagent dans cette lutte contre la corruption, les faire véritablement participer à ce combat. La CONAC à elle seule ne peut pas éradiquer la corruption au Cameroun. Il faut que chaque Camerounais s’engage, qu’il devienne le gendarme de sa fortune. Ce qu’il doit savoir, c’est que l’argent qui est détourné, c’est son argent à lui. Donc, il ne doit plus se laisser priver de cet argent-là. Et il faut qu’il réagisse, qu’il se révolte, qu’il dise non aux corrupteurs, non aux corrompus, non à la corruption.
Q : Quelles sont les principales actions menées cette année, s’agissant notamment des requêtes examinées et des dossiers transmis à la justice ?
R : Je voudrais tout d’abord signaler que la CONAC reçoit au quotidien des dizaines de dénonciations et elle procède aux saisies des dossiers. Par exemple, lorsque dans un journal quelconque on accuse que des projets sont mal gérés dans une zone, la CONAC se saisit. Nous avons engagé de vastes enquêtes sur les chantiers des projets routiers, miniers et beaucoup d’autres.
Q : Combien de dossiers déjà examinés dans ces domaines ?
R : Beaucoup, je peux vous dire que c’est des dizaines de dossiers, parce que toutes nos équipes sont en permanence sur le terrain pour enquêter. Nous avons véritablement pris notre vitesse de croisière.
Q : Qu’en est-il de l’affaire des 45 responsables du ministère de l’Agriculture et de Développement rural accusés de détournements de fonds dans le projet maïs ?
R : Permettez que je fasse très peu de commentaires là-dessus. Vous savez qu’en amont il y a la CONAC et d’autres institutions de lutte contre la corruption et en aval il y a les dénonciateurs. Nous avons fait notre travail, nous avons envoyé le dossier à la justice et maintenant, selon les dernières nouvelles que nous avons, effectivement la justice a pris en charge le dossier et je crois que d’ici quelque temps il y aura des informations précises sur ce dossier-là. Je vous le précise, le président de la CONAC l’a dit : il suivra ce dossier jusqu’à son aboutissement.
Q : En dehors de ce dossier-là, y en a-t-il d’autres qui ont été transmis à la justice ? Si oui, combien ?
R : Je peux vous dire que ce n’est pas le seul dossier que nous avons transmis à la justice. Nous avons transmis beaucoup d’autres dossiers à la justice. Vous savez, parfois la justice a besoin d’un peu de temps, parce qu’ils recoupent d’autres informations. Permettez qu’aujourd’hui je ne vous révèle pas les dossiers qui sont à la justice.
Par Raphaël MVOGO
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