(Le Pays 26/10/2010)
Si tout avait marché comme prévu, les Guinéens seraient en train d’attendre de connaître qui de Cellou Dalein Diallo ou de Alpha Condé allait présider à leurs destinées. Et ce, après le second tour de l’élection présidentielle qui devait avoir lieu le 24 octobre. Hélas ! Ce n’est pas une fois de plus le cas comme lors du 19 septembre dernier.
En lieu et place, ce sont deux interrogations qui taraudent les esprits des Guinéens et aussi de ceux de toutes les personnes impliquées dans le processus électoral dont on a du mal à voir le bout du tunnel. La première question est celle qui est posée à chaque report, à savoir la nouvelle date à laquelle sera programmé ce second tour qui se fait tant attendre. A l’heure où ces lignes étaient tracées, hier, la fameuse date était toujours attendue. Le nouveau président de la Commission électorale indépendante (CENI), le Malien Siaka Toumani Sangaré, qui devait la communiquer, poursuivait toujours ses consultations. La deuxième interrogation est relative aux affrontements entre les partisans des deux candidats ou avec les forces de l’ordre.
Ces affrontements ayant eu pour fondement la fronde du camp Diallo contre l’ex-président de la CENI, on a du mal à comprendre qu’ils se poursuivent après la nomination d’un nouveau président accepté par tout le monde. Alors que l’on disait que les violences n’avaient plus leur raison d’être et devaient logiquement cesser, elles ont continué de plus belle. Et, chose grave et inquiétante, elles ont pris une tournure ethnique avec les pillages, la chasse à l’homme contre Peulh ou Malinké suivant les régions du pays. Les candidats eux-mêmes semblent impuissants face à la tournure prise par les événements, à moins qu’ils n’attisent la haine en sous-main. Leur appel au calme ainsi que celui du chef de l’Etat par intérim, Sékouba Konaté sont tombés jusque-là dans l’oreille d’un sourd.
La tension est telle que l’on se demande si la priorité est vraiment aujourd’hui à l’organisation « dans les meilleurs délais » du second tour de l’élection. La sagesse recommande de régler la tension sociale avant de fixer une nouvelle date du scrutin. La paix sociale est une condition sine qua non de toute élection. Le nouveau président de la CENI l’a compris et c’est la raison pour laquelle il estime qu’un nouveau rendez-vous dans les urnes ne peut être pris tant que les conditions d’un vote sécuritaire ne seront pas réunies. Et avec les troubles actuels, on se demande à quel moment ces fameuses conditions seront réunies. Est-ce dans une semaine ? Un mois ? L’année prochaine ?
On pouvait espérer un retour rapide au calme si au moins les fauteurs de troubles avaient peur des menaces du général Sékouba Konaté. D’ailleurs, au fil du temps, le tigre Konaté n’effraie plus. Or, en dehors de lui, on ne sait pas qui peut faire marcher au pas les civils et les militaires en Guinée. Alors, que faut-il faire pour sauver le pays de Sékou Touré qui a du mal à rompre avec l’Etat d’exception au profit de celui de droit ? Un remède choc sans doute. Mais lequel, pour qu’il n’entraîne la mort du patient.
Séni DABO
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