mercredi 27 octobre 2010

REFERENDUM AU NIGER: comme un fleuve tranquille

(Le Pays 27/10/2010)

Le 31 octobre, c’est-à-dire le dimanche prochain, les Nigériens sont appelés à voter pour le "Oui" ou le "Non" à la nouvelle Constitution qui porte la marque de fabrique de la junte au pouvoir depuis février dernier. Seulement un constat : le peuple nigérien ne manifeste pas un engouement particulier pour ce référendum.
Contrairement à celui avorté de l’ex-colonel président, Mamadou Tandja, qui avait agité presque tout le peuple, le référendum du dimanche prochain ressemble à un fleuve qui coule, tranquille. Mais alors, pourquoi un tel désintérêt ? Trois raisons au moins pourraient être évoquées pour justifier ce fait. Première raison, si les Nigériens, à la veille du vote référendaire, n’en parlent pas beaucoup, c’est peut-être en raison du climat politique qui prévaut au Niger. En effet, ceux-là qui pouvaient s’opposer à cette Constitution "made by junte", ne sont autres que les partisans de l’ex-président Tandja. Ceux-ci mis en quarantaine, ne peuvent que ruer dans les brancards parce que redoutant certainement une junte qui a déboulonné leur mentor. Ils savent pertinemment que, sauf tremblement de terre, le "Oui" l’emportera. "Si tu ne peux rien contre l’eau qui te noie, contente-toi au moins de l’avaler jusqu’à ton dernier souffle", dit un proverbe.
Deuxièmement, si le référendum nigérien ne suscite pas d’engouement, c’est peut-être aussi dû au fait que la Constitution que propose Salou Djibo et ses hommes fait l’unanimité au sein du peuple nigérien. Cette Constitution a fait l’objet de débats ouverts et démocratiques. Elle est loin d’être celle du "Tazartché" qui voulait s’imposer non pas par sa pertinance mais par la force de son concepteur. A tout le moins, cette Constitution soumise au référendum a été proposée au peuple nigérien et amendée dans les règles de l’art démocratique. Troisième raison, les Nigériens, la classe politique notamment, ne se préoccupent pas trop de ce référendum sans doute parce qu’il est sans enjeux majeurs. Ils sont plutôt pressés de tourner la page de cette période militaire. De ce fait, pourquoi ne pas économiser ses forces pour mieux les déployer lors des prochaines échéances électorales ? Au total, quelle que soit la cause de ce manque d’engouement, le taux de participation reste déterminant.
Il constituera un baromètre quant à l’adhésion réelle des Nigériens à cette Constitution. Certes, il n’ y a pas eu de campagne de grande envergure pour défendre ou désapprouver la nouvelle Constitution que propose la junte. Mais il reste entendu que le vote sera ouvert et libre. Il appartient donc aux Nigériens de s’exprimer. Au soir du 31 octobre prochain, l’on saura si cette Constitution est de leur goût ou non. Par contre, si ce manque d’engouement est constaté dans les urnes, par un faible taux de participation, on pourrait alors penser qu’il s’est agi d’un boycott. Ce qui n’est pas sans signification en démocratie.
Boulkindi COULDIATI

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