(Le Figaro 28/10/2010)
Le ministre kényan des Affaires étrangères Moses Wetangula a annoncé mercredi à la presse qu'il quittait le gouvernement face aux accusations de corruption dont il est l'objet dans une série de transactions immobilières de son ministère à l'étranger.
"J'ai pris la décision personnelle de me mettre de côté en tant que ministre des Affaires étrangères, afin de faire plaisir à ceux qui me pourchassent et qui me tourmentent, et pour laisser se dérouler l'enquête", a indiqué le chef de la diplomatie kényane.
"Je peux vous assurer que je reviendrai au gouvernement une fois les enquêtes achevées, car je sais que je suis innocent", a ajouté devant la presse M. Wetangula, 54 ans, qui occupait son poste depuis janvier 2008.
Moses Wetangula avait notamment été longuement et vivement questionné mardi par le Parlement kényan, notamment sur sa décision de refuser un terrain proposé par le gouvernement japonais en plein centre de Tokyo, préférant acquérir pour 13,6 millions d'euros cette année un bâtiment plus éloigné pour servir d'ambassade, contre l'avis d'un cabinet immobilier.
M. Wetangula avait dû également s'expliquer, dans une ambiance houleuse, sur plusieurs autres transactions foncières ou immobilières de son ministère jugées douteuses à Lagos, Islamabad, Bruxelles et Lagos.
Le ministre avait alors clairement fait porter la responsabilité de toute éventuelle irrégularité sur ses subordonnés: "les ministres ne s'occupent pas des transactions. Nous nous occupons de ce qu'on nous donne. Les ministres ne s'occupent que de politique".
"La responsabilité politique ne signifie pas que quand vous êtes un homme politique, les crimes d'une autre personne ou d'un groupe de personnes vous incombent, si un tel crime a été commis, à moins qu'il soit prouvé que vous avez agi en unisson (avec eux)", a encore plaidé M. Wetangula mercredi devant la presse.
Mais le gouvernement kényan semble avoir adopté récemment une attitude plus combative à l'égard de la corruption, qui gangrène depuis des décennies cet Etat d'Afrique de l'Est jusqu'au plus haut niveau.
Un poids lourd de la politique nationale, William Ruto, avait ainsi été suspendu de son poste de ministre de l'Education supérieure la semaine dernière après avoir été inculpé dans une affaire de corruption présumée remontant à 2004.
M. Wetangula ne fait pour sa part l'objet à ce stade d'aucune inculpation, même si le Parlement devait reprendre mercredi ses débats sur une motion réclamant sa démission.
Quelques heures plus tôt, le "permanent secretary" (chef de l'administration) du ministère des Affaires étrangères, Thuita Mwangi, avait également fait savoir qu'il se retirait de son poste pour permettre au Parlement de poursuivre ses enquêtes sur les transactions.
Selon un nouveau classement annuel publié mardi par l'organisation non gouvernementale spécialisée Transparency International, le Kenya, moteur économique de l'Afrique de l'Est, a encore dégringolé de quelques places pour se retrouver 154e sur 178 pays classés en fonction de leur niveau présumé de corruption, au même niveau que la Russie, le Kazakhstan et la RD Congo.
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