lundi 2 août 2010

Togo - L’ancien ministre de l’Intérieur Me François Boko exfiltré de justesse du Bénin

(Togosite 02/08/2010)
- Quatre de ses proches arrêtés sont portés disparus depuis le 21 juillet
L’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, François Akila Esso Boko, aujourd’hui au barreau de Paris, continue de hanter le sommeil de Lomé 2. Comme en avril 2005, l’avocat qui était en mission au Bénin depuis quelques semaines, a dû être exfiltré dans la nuit de vendredi pour éviter que le pire ne se produisît. Une mesure qui est intervenue à la veille de la célébration du 50ème anniversaire de l’indépendance du Bénin où Faure Gnassingbé devait être l’un des invités de marque. Les faits.
5 juillet 2010, Me François Boko arrive à Cotonou avec une collègue belge dans le compte d’une mission d’audit institutionnel et organisationnel du ministère béninois de la Justice et des Droits de l’Homme pour le compte de l’Union européenne. La mission devrait s’étendre sur un mois. Selon les informations en notre possession, les deux experts ont séjourné dans deux hôtels avant d’être logés dans une villa mise à leur disposition par l’UE. « Les menaces à l’endroit de M. Boko ont commencé dès les premiers jours. Informé de ces alertes de menaces contre la vie de Me Boko, le cabinet militaire de la présidence du Bénin a mis des éléments de sécurité à la disposition de l’ancien ministre togolais, pour sa protection. Des éléments des forces de l’ordre ont été envoyés pour assurer la sécurité dans la villa et ses environs », nous a confié un officiel béninois qui a requis l’anonymat.
Malgré ces mesures, les menaces n’ont guère cessé. Bien renseignée sur les assassinats politiques au Togo, sa collègue belge a jeté l’éponge et est rentrée au pays. Ce qui a amené la délégation de l’UE au Bénin à suspendre la mission en attendant de suppléer la démissionnaire. Mais l’ancien ministre de l’Intérieur a continué son séjour au Bénin dans l’expectative du recrutement d’un autre expert qui va l’aider à poursuivre la mission.
« Vendredi 30 juillet, M. Boko a été invité à l’Immigration et il a été sommé de quitter le pays. A sa question de savoir quelles sont les raisons qui sous-tendent cette décision hardie, son interlocuteur a dit tout court qu’il s’agit d’une raison de sécurité nationale. Il était accusé par les autorités togolaises d’organiser des activités subversives depuis le Bénin contre le Togo. Ne voulant pas endosser la responsabilité de l’assassinat de l’expert au Bénin, les autorités ont fait tout pour qu’il rentre en France. Sa sécurité a été renforcée et il a été conduit jusqu’à l’entrée de l’avion afin que rien ne lui arrive », a expliqué le même officiel.
Selon les informations en notre possession, la présence de Me Boko mettait mal à l’aise le pouvoir de Lomé. « Ce départ de M. Boko serait le préalable exigé par M. Gnassingbé, pour répondre à l’invitation de son homologue, le Dr. Yayi Boni, dans le cadre de la célébration du cinquantenaire du Bénin », ajoute la même source.
Il nous revient que Lomé aurait exigé son arrestation et son extradition au Togo. « Le coup était bien monté. Dès qu’il sera extradé au Togo, il sera facile de lui coller un délit pour l’inculper. Mais les services français et de l’Union européenne auraient été informés et auraient dissuadé le locataire du palais de la Marina à Cotonou. N’eut été la vigilance des autorités et des services de renseignements béninois, le pire aurait pu arriver », a précisé un agent de renseignements au Bénin.
En réalité, le 21 juillet, un camion immatriculé AS 6688-U convoyant à Lomé les effets de l’ancien ministre lorsqu’il était au Tchad, a été bloqué à Sanvee-Kondji (frontière entre le Togo et le Bénin) par les services togolais. Bien qu’ils soient détenteurs d’un ordre de mission délivré au Tchad, le chauffeur Illiasu Al Hassan, l’ancien cuisinier du ministre, Amdja Kodjo Yawna, le passager Baba Muhamat Abdallah et l’apprenti chauffeur ont été arrêtés et portés disparus jusqu’à ce jour. « Cette saisie devrait servir à un scénario pour inculper Me. Boko de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat togolais, une fois Me Boko, extradé au Togo. Il est possible qu’ils mettent des armes dans le camion ou la drogue afin de justifier son arrestation », a poursuivi cet agent. Le camion est toujours bloqué à Sanvee-Condji, mais personne n’a de nouvelles des quatre passagers interpellés.
Et Faure boude Yayi Boni
Y a-t-il un lien entre l’exfiltration de Me François Boko et l’absence remarquée de Faure Gnassingbé aux festivités marquant le 50ème anniversaire de l’indépendance du Bénin ?
Oui, répond un haut responsable béninois qui a ajouté que « l’exfiltration de M. Boko n’a pas été du goût de Lomé ». « Le chef de l’Etat togolais était bien annoncé à Cotonou dimanche. Le site du gouvernement togolais en a même parlé. Mais au dernier au moment, il a envoyé une délégation au rabais. Sûrement qu’il n’est pas satisfait de la manière dont les choses se sont passées. Lomé est soupçonné de soutenir l’actuel patron de la BOAD dans la perspective de l’élection présidentielle au Bénin et pensait utiliser cette affaire pour faire chanter Dr Boni », a-t-il souligné.
La même chose s’est passée il y a quelques mois entre Lomé et N’djamena lors du séjour de l’ancien ministre de l’Intérieur au Tchad pour une autre mission de l’UE. Les autorités de Lomé ont arrêté Hassan Fadoul Kitir, l’ancien conseiller spécial du président tchadien Idriss Deby, réfugié politique au Togo depuis plus de cinq ans. Et en retour, Boko devrait être coincé au cours de sa mission. Un coup que l’avocat a déjoué de justesse.
N’est-ce pas curieux que ce soient les gens qui proclament la réconciliation un peu partout, qui s’escriment à éliminer leurs concitoyens à l’extérieur du pays ? Affaire à suivre.

R. Kédjagni
LIBERTE HEBDO TOGO
Écrit par La redaction
Lundi, 02 Août 2010
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