mercredi 18 août 2010

Cote d'Ivoire - Mabri Toikeuse (président de l’UDPCI): “Après le 31 octobre, Gbagbo n’aura aucun répit”

(L'Observateur Paalga 18/08/2010)
Présent à Ouahigouya où il est venu assister au Congrès extraordinaire de l’ADF/RDA, le président de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI)(1), El Hadj Abdallah Mabri Toikeuse, n’oublie pas que son pays se prépare à une élection majeure, la présidentielle, dont le 1er tour est fixé en principe pour le 31 octobre 2010.
Il reste néanmoins dubitatif sur cette échéance tout en estimant que les populations se braqueront sur son éventuel report aux calendes ivoiriennes. Pour lui, le calice est plein avec les 2 mandats de Gbagbo pour le prix d’un. Le désarmement avant le scrutin ? Légaliste, il renvoie aux accords de Ouaga y relatifs. Membre du RDHP, Abdallah Mabri Toikeuse dévoile aussi la grande ambition de ce conglomérat politique, qui aspire bientôt à un creuset unitaire.
Le 31 octobre 2010 a été arrêté comme le jour du premier tour de la présidentielle ivoirienne. Croyez-vous enfin à cette date ?
• Y croire ? Peut-être pas. Mais je souhaite vivement que cette date arrêtée soit la dernière, respectée par la CEI, les institutions républicaines et toutes les parties prenantes au processus électoral. Et que, par la voie des élections, on retrouve la paix et que cette paix soit durable pour notre pays qui en a besoin pour stopper la souffrance de nos populations et pour avancer économiquement. C’est une date très attendue, et en ce qui nous concerne, nous mettrons tout en œuvre pour qu’elle soit respectée.
Certains posent comme condition le désarmement avant l’élection, une clause qui figure dans l’Accord de Ouagadougou. Ce que rechignent à exécuter les Forces nouvelles, qui s’y pressent lentement. Votre commentaire ?
• Nous avons soutenu l’Accord de Ouagadougou comme tous les autres accords. Notre position est que tous les signataires de cet Accord doivent être les premiers à le respecter. Que ce soit ceux qui ont pris l’initiative de ce dialogue, en particulier le chef de l’Etat, qui se vantait d’avoir eu une idée géniale qu’il était prêt à vendre à toute l’Afrique et au monde. Or Il était le premier à dénoncer et à attaquer cet Accord. Si ce n’était pas lui, c’était ses proches. Ce qui est prévu dans cet Accord doit être respecté. Nous trouvons dans ledit Accord l’occasion de compétir sainement, pour que les Ivoiriens puissent choisir celui qui va les gouverner.
Le désarmement doit se faire selon cet Accord, deux mois avant les élections. Mais en même temps, les signataires nous ont fait comprendre que par désarmement, ils entendaient le désarmement pour tout le monde. Donc il s’agit de faire en sorte qu’il n’y ait plus d’armes qui circulent partout. Il y a alors la question du cantonnement, du regroupement des armes. D’ailleurs il ne s’agit pas seulement du désarmement des Forces nouvelles, mais de tout le monde. Si nous voulons aller aux élections le 31 octobre, il faut trouver la formule qui convienne.
Il faut aussi que nos forces nationales retournent dans les casernes, que les positions avancées qui étaient occupées ne le soient plus, que les sous-préfets et les préfets militaires qui sont dans la région ouest retournent dans les casernes ou soient reconvertis à la territoriale. Que les milices que nous voyons, y compris à Abidjan, soient désarmées...
Si le premier tour a lieu effectivement le 31 octobre 2010 et qu’il y a un second tour, lequel des candidats du RHDP va se désister pour s’aligner derrière l’autre ? Mabri ? Bédié ou Ouattara ?
• Non, il n’y a pas de choix à faire pour s’aligner derrière l’autre. Depuis le 18 mai 2005 à Paris, nous avons signé une plate-forme, laquelle prévoit que celui d’entre nous qui arrive en bonne position au deuxième tour soit soutenu par les autres. Nous ferons donc bloc derrière celui qui arrivera en tête pour le second tour. Cela est conforme à cet Accord et à la volonté de nos militants, et surtout à notre décision d’aller de l’avant.
Le RHDP veut évoluer vers un mouvement unitaire. Peut-on savoir davantage sur ce nouveau creuset qui va voir le jour ? • Nous avons des annexes à la plate-forme citée plus haut, et ces annexes suggèrent que nous puissions davantage renforcer notre cohésion. Sur l’ensemble du territoire, nous avons écouté les vœux de nos militants, qui souhaitent ces retrouvailles ; ceux d’aller à l’unicité d’action, au rassemblement autour des idéaux et des enfants d’Houphouët Boigny.
Ces idées forces ont été exprimées lors de la réunion du Bureau politique aux mois de février et de mars 2010. Une décision a été prise, notamment celle de travailler davantage à la naissance de ce mouvement. Les leaders du RHDP vont donc œuvrer à accomplir cette tâche dans les semaines et les mois à venir. On évoluera vers la création d’un parti réunifié. Les documents sont en cours d’élaboration et nous verrons dans quel délai cela peut se faire. C’est vrai que nous avons la contrainte de la présidentielle, mais nous y travaillons.
Si la présidentielle n’avait pas lieu encore ce 31 octobre, quelle serait l’attitude des Houphouëtistes ?
• Je pense que les Ivoiriens n’accepteraient pas que les élections n’aient pas lieu le 31 octobre 2010. Ils refuseraient l’anarchie et l’iniquité dans lesquelles est actuellement la Côte d’Ivoire. Les attentes sont fortes, nous devons tout mettre en œuvre pour que les populations soient soulagées. Si ce n’était pas le cas, j’ai peur que la réaction de la population contraigne les uns et les autres, y compris ceux qui, aujourd’hui sont en train de bloquer le processus, à y aller et à revoir la situation de la gouvernance en Côte d’Ivoire. Dans tous les cas, nous ne pouvons accepter encore qu’il n’y ait pas d’élection, après les 5 ans supplémentaires donnés à Gbagbo.

(1) Parti fondé en février 2002 par le defunt président Robert Gueï
Interview réalisée à Ouahigouya par
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
© Copyright L'Observateur Paalga

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire