lundi 1 mars 2010

Cote d`Ivoire - Rétablissement de la CEI, formation du gouvernement: Voici pourquoi Gbagbo a cédé

(Soir Info 01/03/2010)
Après avoir dissout, à la surprise générale, la Commission électorale indépendante (CEI) et le gouvernement, Laurent Gbagbo vient, de façon étonnante, de faire preuve d’une certaine flexibilité et de compréhension en cédant tout ou presque à l’opposition. A pas pesant, il est revenu, littéralement, sur toutes les décisions qu’il avait prise. La CEI qu’il a dissoute au motif qu’il veut sauver un processus de paix après qu’il a accusé le président de ladite institution, issu du Pdci, de fraude, a été rétablie dans sa structuration ancienne. Elle reste une « niche » de partis politiques qui l’étrangle du sommet à la base. La mise à plat totale attendue n’est pas venue. La CEI conserve sa même architecture avec comme président, un militant du Pdci. Le Rdr et le Mfa venant en deuxième et quatrième position. Le bilan, pour ainsi dire, « est amer pour le chef de l’Etat », ce d’autant que le Rhdp garde le contrôle et la présidence de cette structure chargée d’organiser les élections. Rien n’a donc fondamentalement changé, si ce n’est un poste de troisième vice-président décrocher par le camp présidentiel. En ce qui concerne le gouvernement. Laurent Gbagbo, tirant à hue et à dia, a fini par jeter le manche après la cognée. Le gouvernement d’union nationale impliquant la présence tous les signataires des accords garde son format initial. Au total, la coalition a atteint ses principaux objectifs. Comment Gbagbo est-il si facilement passé du radicalisme à la « flexibilité » ? Cinq ou six bonnes raisons peuvent expliquer l’attitude de Gbagbo. Premièrement, la tournure prise par les manifestations de l’opposition à travers le pays et qui ont fait, au moins 7 morts, avec à la clé, les incendies des bâtiments administratifs, mais aussi et surtout les domiciles de certains de ses proches dont Issa Malick Coulibaly, son directeur de campagne. Deuxièmement, l’intervention du président du Facilitateur dans la crise ivoirienne, Blaise Compaoré dont on « connait l’influence » sur le chef de l’Etat. L’épreuve de force a surtout tournée en défaveur de Gbagbo, du fait de l’épée de Damoclès des sanctions de l’Onu qui planait sur lui... Au point 11 de la résolution 1911 du 28 janvier dernier, votée à l’unanimité de ses membres « rappelle qu’il est prêt à imposer des sanctions ciblées à l’encontre de personnes dont il sera avéré qu’elles menacent le processus de paix..., toute menace contre électoral en Côte d’Ivoire, et en particulier toute attaque ou atteinte visant la Commission électorale indépendante » ( CEI). Gbagbo courait le risque de se mettre à dos la communauté internationale par sa décision de « tuer » la CEI et faisait planer sur les élections une lourde hypothèque. Car, elles couraient le risque de ne pas être certifiées par l’Onu. Quatrièmement, il y a eu ce volet de bois vert contre les décisions du chef de l’Etat, émanant, notamment de la Cedeao qui, réunie au Mali, récemment, avait réclamé « la fermeté contre la Côte d’Ivoire ». Mais ce qui a surtout poussé Gbagbo à lâcher du lest, c’es t al position de Soro Guillaume. Alors que Gbagbo avait enjoint Soro à lui proposer un gouvernement dans « 48 h », le Premier ministre s’est donné tout le temps, jusqu’à présent pour se conformer strictement aux accords signés par toutes les parties. Ce que Gbagbo voulait n’était pas le désire de Soro. Ne voulant pas hurler avec les « loups », le Premier ministre, qui se présente comme un « produit des accords », s’est donné les moyens pour avoir un gouvernement au complet. Le chef de l’Etat qui ne veut pas se brouiller avec Soro, lui a laisser les mains libres pour mener les négociations. Qui, aujourd’hui, ont abouti à la mise en place de la CEI avec un nouveau président, Youssouf Bakayoko, personnalité du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, opposition).

par Armand B. DEPEYLA
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