(7sur7 08/03/2010)
Le principal opposant togolais Jean-Pierre Fabre a catégoriquement rejeté dimanche sa défaite à l'élection présidentielle du 4 mars face au chef de l'Etat sortant Faure Gnassingbé, et son parti a organisé une manifestation à Lomé, dispersée à coup de grenades lacrymogènes.
Au lendemain de l'annonce officielle de la victoire de M. Gnassingbé avec plus de 60% des voix, le parti d'opposition Union des Forces de Changement (UFC) de M. Fabre a riposté avec véhémence en disant avoir gagné. "Je ne reconnais pas la prétendue victoire de Faure Gnassingbé", a déclaré dimanche matin M. Fabre. "Je conteste absolument les chiffres publiés car la procédure utilisée par la Céni (Commission électorale nationale indépendante) est illégale", a-t-il dit, assurant avoir remporté le scrutin à un tour avec 55 à 60% des suffrages sur l'ensemble du territoire.
"Nous allons multiplier les manifestations. Nous n'allons pas nous laisser faire", a-t-il mis en garde devant le siège de son parti, dans un quartier populaire de la capitale, où quelques centaines de jeunes sympathisants, surexcités, étaient réunis depuis la matinée. De fait, une manifestation de quelques centaines de personnes, dont M. Fabre, a été organisée dans l'après-midi devant le siège de l'UFC, dans le quartier populaire de Bè. Immédiatement, des escouades de gendarmes casqués et matraque en main se sont déployées, avant de tirer des grenades lacrymogènes.
M. Fabre et d'autres responsables de l'opposition se sont repliés dans le siège de l'UFC (Union des Forces de changement, opposition). "Vous êtes témoins de la brutalité et de la sauvagerie dont les Togolais sont victimes sous le régime RPT (parti au pouvoir) depuis des décennies", a lancé Jean-Pierre Fabre à des journalistes. A ses côtés, Patrick Lawson, le vice-président de l'UFC, a affirmé que l'opposition manifesterait "tous les jours". Par ailleurs, une douzaine de personnes ont été interpellées depuis samedi, selon des sources policière et d'opposition. Parmi elles figurent deux proches du candidat Messan Agbéyomé Kodjo, ex-Premier ministre togolais, et deux dirigeants d'un mouvement de jeunes proche de l'UFC.
La Commission électorale nationale indépendante (Céni), a annoncé samedi soir que le chef de l'Etat sortant, Faure Gnassingbé, 43 ans, avait largement emporté l'élection du 4 mars, avec 60,92% des voix, contre 33,94% à M. Fabre. Faure Gnassingbé, qui s'exprime rarement dans les médias, est resté silencieux. Mais son parti, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), au pouvoir, s'était félicité de sa victoire samedi soir, affirmant que M. Gnassingbé était "porté par une dynamique populaire".
Faure Gnassingbé, fils du général Gnassingbé Eyadéma qui dirigea la nation de 6,5 millions d'habitants pendant 38 ans, avait été installé par l'armée dans le fauteuil présidentiel dès la mort de son père, en février 2005. Il avait été élu 3 mois plus tard lors d'une élection vivement contestée et suivie de violences qui ont fait 400 à 500 morts selon l'ONU. L'élection de jeudi a été perçue comme un test pour le Togo, petite nation ouest-africaine qui souhaiterait tourner la page des troubles électoraux, fréquents depuis des décennies.
La mission de la Cédéao (Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest) avait jugé samedi que le scrutin avait été "libre", tout en relevant des "insuffisances" concernant la fiabilité et l'authentification des bulletins de vote. Dans un communiqué dimanche, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a exhorté les Togolais à faire preuve de calme et de retenue. (afp/mb)
07/03/10 21h37
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