jeudi 11 mars 2010

Côte d’Ivoire-Ghana : Le pétrole de la discorde

« Il n’y aura pas de guerre du pétrole entre le Ghana et la Côte d’Ivoire », a assuré ce mardi le ministre ivoirien des Mines. Pourtant, entre Accra et Abidjan, le climat, jusque-là serein, semble s’assombrir. Et les nuages qui pourraient s’amonceler entre les deux rois du cacao viendraient du large et plus précisément de la limite maritime entre les deux pays, car un important gisement de pétrole y a récemment été découvert.

Et voilà que les deux voisins qui, jusque-là, en guise de frontière, respectaient la fameuse « ligne médiane », revendiquent chacun la souveraineté sur ce qu’on peut déjà qualifier de pétrole de la discorde. Pour Accra, c’est après la découverte de cet or noir qu’Abidjan, de manière inopinée, a entrepris de revendiquer une partie de son espace maritime, en dépit de la fameuse ligne médiane.
Une situation qui n’est pas sans rappeler bien d’autres rififis frontaliers que d’autres pays africains touchés par la manne, on serait tenté de dire par la malédiction, ont vécue. On se souviendra en effet, et à titre illustratif, de l’île de Mbanié au large du Gabon, qui se retrouve au cœur d’un différend avec la Guinée Equatoriale. Autrefois appelée l’île aux rats à cause de l’énorme colonie de rongeurs qui l’habite, ce petit caillou planté dans un champ offshore est devenu un enjeu majeur entre deux emirats du golfe de Guinée.
Et la presqu’île de Bakassi, vous vous en souvenez sans doute ! Riche en hydrocarbures de toutes sortes, elle a, elle aussi, été longtemps l’objet de convoitises entre le Nigeria et le Cameroun, donnant parfois lieu à des équipées meurtrières.
Fort heureusement pour la paix dans la région, l’affaire, qui empoisonnait les relations entre les deux voisins, a été tranchée par la Cour internationale de justice de la Haye, qui a rétrocédé la majeure partie de ce territoire à la patrie des Lions indomptables.
Mbanié, Bakassi… autant de lieux qui évoqueront toujours ces querelles de voisinage que l’on pourrait attribuer à ce que d’aucuns appellent, rappelons-le la « malédiction du pétrole ». Une affection qui, à ce qu’on dit, frapperait les pays du tiers-monde grands exportateurs de pétrole. Par chance pour lui, le pays de John Atta Mills est encore loin d’avoir atteint ce stade fatidique. Son économie, résolument installée sur les rails du développement, ne semble pas sur le point de faire de cette nouvelle ressource le principal combustible de sa croissance.
Seulement pour l’heure, le Ghana et son voisin se retrouvent confrontés à la nécessité de délimiter, dans l’urgence et une fois pour toutes, une frontière qui n’avait encore jamais fait parler d’elle.
Et côté ivoirien, on se veut également rassurant quand on ne traite pas sur un ton badin cette nouvelle donne minière. En tout cas, on croit à l’intension d’Abidjan de ne pas dramatiser outre mesure quand son ministre des Mines déclare que « quels que soient les arguments techniques et juridiques qui peuvent être développés par les parties en présence, des solutions économiques consensuelles sont envisageables pour la préservation des intérêts mutuels des deux pays frères ».
Alors, place au dialogue, cette pédagogie dont le président Houphouet-Boigny aimait à dire qu’elle est l’arme des forts.
Publié le 11-03-2010 Source : lobservateur.bf Auteur : lobservateur.bf

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