vendredi 5 mars 2010

L'opposition congolaise et l'après Sassou

(Mwinda 05/03/2010)
Quelque chose serait-elle en train de changer chez nos chefs auto proclamés de l'opposition congolaise dont j'ai souvent brocardé ici même l'ego surdimensionné ? Malgré la guérilla judiciaire que le pouvoir mène sans relâche contre eux depuis huit mois, le FCOP, le syndicat des chefaillons de l'opposition, semble faire front en ne laissant apparaître aucune faille. Cette capacité nouvelle à résister de manière solidaire aux coups de boutoir d'un régime déterminé à ne leur laisser aucun répit ne manque pas d'étonner quand on a en mémoire l'aptitude de ces messieurs à changer d'alliés du jour au lendemain en fonction du sens du vent ou au gré de leur appétit.

Kinfoussia, Dzon , Miérassa, (de gauche à droite)
Je n'ai pas peur des mots. Dans un pays dominé par le règne de l'arbitraire et fortement marqué par l'opportunisme, l'attitude actuelle des chefs du FPOC force le respect. Pour autant, suffira-t-elle pour leur attirer la sympathie et la confiance des Cons-golais ? La sympathie, sûrement. Mais pour ce qui est de la confiance, j'ai des doutes. Et ceci, pour deux raisons.
La première est que la création du FPOC n'a en rien tu les ambitions personnelles, qui annihilent totalement le moindre espoir d'un véritable parti d'opposition unifié, structuré et démocratique de voir le jour dans notre pays. En effet, le fait d'afficher leur opposition commune au régime du PCT ne les empêche nullement de se neutraliser mutuellement pour qu'aucun d'entre eux ne prenne le leadership sur les autres. D'où l'idée savamment entretenue à l'extérieur du pays par la propagande du régime que l'autocrate con-golais n'a pas d'adversaire à sa taille en face de lui. Le plus triste, c'est que ses adversaires s'emploient à lui donner raison à cause de leur incapacité à dépasser cet horizon borné par leurs microscopiques partis.
La deuxième raison, qui n'est que la conséquence logique de la première, est le néant idéologique du FPOC. Malgré toute ma bonne volonté, je n'ai pas réussi à identifier un seul élément caractéristique du message qu’il adresse aux Cons-golais. Jusqu'en juillet 2009, les chefs de ce syndicat se battaient, en vain, pour la création d'une commission électorale indépendante - ce qui était prévisible. Pourquoi se battent-ils aujourd'hui ? Quelle ligne politique défendent-ils ? Bien malin qui saurait le dire.
Hélas, il n'y a à cela rien de vraiment étonnant. Prise individuellement, chacune des composantes du FPOC n'est qu'une coquille vide, sans troupes, sans trésor de guerre, sans doctrine, sans boussole et sans autre forme de pilotage que la navigation à vue (1). Que pourrait-il naître d'un tel rassemblement de néants sinon un autre néant ? Comme ce sont des gens qui n’ont jamais su tirer la moindre leçon de leurs erreurs, je suis prêt à parier qu’ils remonteront bientôt sur leurs grands chevaux pour réclamer à cor et à cri la création d’une commission électorale indépendante et des élections transparentes. Ils n’ont toujours pas compris que pour qu’ils obtiennent satisfaction, la première condition est de changer les rapports de force entre le pouvoir et l’opposition. Aussi longtemps que cette condition ne sera pas remplie, ils pourront crier nuit et jour commission électorale indépendante, commission électorale indépendante, Sassou leur rira au nez.
Nous devons constamment savoir que virer Sassou du pouvoir est le souhait de 95 % des Cons-golais. Mais comment ? Avec qui ? Et que faire du Congo de l'après Sassou ? Ces questions devront constituer le fil conducteur d'un débat de fond à engager avec tous nos compatriotes qui en ont plus que marre de ce régime corrompu qui nous maintient dans la misère.
Ce débat, ce n'est pas en 2014 ou en 2015 qu’il doit être engagé, mais le plus tôt possible pour ne plus continuer à subir sans réagir le calendrier imposé par le pouvoir, qui nous abreuve de ses slogans stupides. C'est dès aujourd'hui que l'opposition (si elle entend exister) doit se mettre en ordre de bataille pour préparer l'après Sassou, en travaillant à son unité et à son projet, mais aussi en invitant dès maintenant les Cons-golais à la vigilance sur le tripatouillage constitutionnel auquel nous prépare déjà Sassou pour s'éterniser au pouvoir.

MK
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