lundi 8 mars 2010

Le peuple congolais entre terreur et désespoir

(Zenga-Mambu.com 08/03/2010)
« Il existe deux leviers pour faire bouger un homme, la peur et l’intérêt personnel » Napoléon Bonaparte.
Treize ans bientôt, depuis qu’il nous a été promis que la chute du régime « dictatorial » du professeur Pascal Lissouba par le plus grand bain de sang de notre histoire, allait nous permettre d’accéder à la vraie démocratie et à une gouvernance sans reproche.
Aujourd’hui, nous constatons que tous les indicateurs, politique, économique et social sont plus que jamais au rouge écarlate, exigeant de toutes les forces vives du pays et à chacun de nous, quelle que soit notre origine régionale et tribale à prendre nos responsabilités pour empêcher l’implosion programmée de notre pays par les tenants de la ligne dure du régime de Mpila.
Sur le plan politique nous assistons à un net recul de quelques libertés que le peuple Congolais avait acquis à la sortie de la conférence nationale.
Pour s’en convaincre, toutes les élections organisées par le régime de Mpila, qu’elle soit législative ou présidentielle démontrent son mépris et sa peur morbide pour des élections libres et transparentes.
Des députés sont simplement nommés depuis les officines du PCT, des résultats sont tripatouillés de la façon la plus éhontée, et malgré les taux d’abstention de plus en plus massif des Congolais qui n’entendent pas cautionner ce régime illégitime, il nous est prié de croire que notre pays est en démocratie.
Non content de ne pas accorder à ses citoyens le droit de choisir librement leurs députés et leur chef d’Etat, le régime de Mpila décide de contrôler systématiquement tous les faits et gestes des leaders de l’opposition du FPOC.
Il ne ménage aucune manœuvre d’intimidations pour obtenir d’eux le silence le plus total sur les conditions de l’élection de Monsieur Denis sassou Nguesso, la nature morbide de son régime, et l’acquiescement sine die de la légitimité de celui-ci.
Notre peuple vit sous la chape de plomb la plus lourde depuis celle de la colonisation, il ne lui est reconnu aucun droit de manifester, de se réunir librement pour exprimer l’illégitimité du régime actuel, la vie politique n’est tolérée qu’autant qu’elle accompagne l’illégitimité du régime actuel.
Malgré ces évidences d’illégitimité et d’impopularité sans cesse croissante, il nous est prié de dire partout que le Congo est un pays dirigé par un régime légitime, puisque nous explique t-on, que ce régime est reconnu par l’ONU. Nous disons que siéger à l’ONU est sûrement signe de reconnaissance internationale mais pas nécessairement de légitimité car plusieurs régimes illégitimes ont toujours réussi à se faire reconnaître à l’ONU avant que l’histoire ne les rattrape pour manifester au grand jour leur imposture, c’est le cas des anciennes dictatures de l’Amérique Latine et du régime d’apartheid d’Afrique du sud.
Peu importe que la justice soit aux ordres, peu importe encore que les médias se métamorphosent en outils de propagande, ou encore que les armes de destruction massives soient toujours commandées alors que 41% de la population est mal nourrie, circulez, le Congo est une démocratie.
Ayons le courage de nos idées, et disons les choses telles qu’elles sont, car la complaisance précède la compromission, et la compromission nous incite à excuser l’inexcusable ou à justifier l’injustifiable.
Notre pays est politiquement dans une impasse, car le tripatouillage des élections ne sera toujours pas toléré par le peuple, et ce, nonobstant le silence ou la corruption de certains leaders politiques. C’est que le régime de Mpila oublie c’est que la nature à horreur du vide, réduire au silence des leaders ou les corrompre, ne règle rien car d’autres patriotes reprendront le flambeau, averti et instruis des errements des précédents.
La situation politique d’illégitimité qui règne dans notre pays est fondée sur un clientélisme qui tire sa force des revenus pétroliers alimentant un réseau politique de corruption au lieu que de résoudre les problèmes sociaux de notre peuple.
Comment comprendre que déjà au 31 décembre 2003, notre pays affichait une dette intérieure commerciale de 154,6 milliards de Francs CFA ?
Cette dette intérieure commerciale résultait des contrats des marchés de travaux publics ou de prestations de services passés entre l’Etat et des opérateurs économiques privés nationaux mais aussi entre l’Etat et des personnes physiques ayant reçus commandes publiques des prestations de travaux ou de services. Le plus affolant ici est que cette dette est due pour des travaux publics censés être exécutés par des opérateurs économiques nationaux alors qu’aucuns travaux réalisés sur le territoire national par ceux-ci ne correspondent au montant de la dette.
Convaincu de sa bonne gouvernance, le régime de Mpila décida de rembourser à nos opérateurs cette dette quand bien même que ceux-ci, ne présentent aucunes réalisations effectives pour lesquelles ce montant a été affecté. Au pays du chemin d’avenir, il n y’ a d’avenir que dans des montages juridiques et financiers apparents, prétextes des détournements de deniers publics alors que notre peuple est mal nourri et croupi dans la misère la plus abjecte.
Cet esprit de montages de toutes sortes pour faciliter les détournements se manifestent aussi dans la gestion du bois Congolais.
Le secteur du bois qui représente entre 5 et 10% des exportations de notre pays ne dispose d’aucune infrastructure de transformation viable, alors que le nouveau code forestier prévoyait la transformation locale de 85% du bois brut en 2007. Peu importe vous dis-je, le pays est bien gouverné quand bien même que notre forêt est saignée pour une exportation massive par le Cameroun, alors que nous disposons d’un port « autonome » à Pointe noire.
Le pays est en couple réglé, ses richesses distribuées entre des individus qui ont décidé de laisser mourir notre peuple dans le déshonneur et l’indignité, corrompant par-ci, par-là, pour se maintenir au pouvoir.
Comment expliquer que le budget 2006 prévu à 1437,05 milliards de FCFA, et 336,925 milliards de FCFA, soit le tiers de ce budget étant affecté au service de la dette, à quoi donc ont servi le reste des milliards ?
Les dépenses d’investissements ayant étés évaluées à 285,702 milliards de FCFA, en quoi ce montant a t ‘il été investi ? Dans quelles réalisations?
Tenez, en 2007, le projet de budget de 1.376 milliards de FCFA, le service de la dette passe du tiers au cinquième avec 286,722 milliards, et les dépenses d’investissement sont évaluées à 400 milliards de FCFA soit une augmentation de 19% par rapport à 2006.
Une fois de plus, tout cet argent prévu pour investir s’est évaporé dans des réalisations dont nulle trace n’est trouvée au Congo, défiant la perspicacité même de Sherlock Holmes.
Pis encore, dans le cadre des négociations avec le FMI notamment en ce qui concernait le programme de facilité de réduction de pauvreté pour la croissance, l’Etat Congolais ne devait plus procéder à des emprunts extérieurs non concessionnels.
Pourtant en Mars 2009, le régime de Mpila procéda à un prêt de 67,1 millions d’euros, à travers un montage juridique auprès de l’agence française de développement pour « remettre en état les installations portuaires de Pointe noire ».
Il n’empêche qu’à ce jour, alors que l’argent de ce prêt a été débloqué, les Congolais attendent toujours la modernisation du Port de Pointe noire.
Cette gestion scabreuse et inhumaine des ressources de notre pays n’a d’égale que l’illégitimité politique de ceux qui croient nous convaincre par l’usure du temps qu’ils sont représentatifs de la majorité de notre peuple.
Aussi, malgré l’annonce de la revalorisation progressive du salaire de base des fonctionnaires qui avait été diminué de 15% en 1995 sous la contrainte du FMI (qui ne cesse de faire la pluie et le beau temps en Afrique). Cette hausse des salaires aurait généré un coût de 130 milliards de FCFA par an, montant largement suffisant en faisant la somme de la dette intérieure commerciale fictive ( pour absence de contrepartie), les différents budgets d’investissements sans résultats concrets, et surtout des nombreux écarts financiers rapportés par l’audit pétrolier du dernier semestre de 2009 de KPMG.
Près de 80 000 fonctionnaires, ainsi que leurs familles croupissent dans la misère la plus effroyable alors que Monsieur Sassou Nguesso et son clan brassent des milliards et achètent des armes pour se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir.
Nous disons que l’annulation de la dette et la réduction significative du service de la dette ne pourront avoir de vertu que si le régime en place était vertueux.
Toute la masse d’argent disponible occasionnée par l’annulation de la dette ne pourra servir malheureusement qu’à accroître les clients de ce régime, à enrichir davantage l’occident par le jeu des comptes ouverts dans des paradis fiscaux et à maintenir le statu quo.
Face à cette situation des plus dramatiques, l’heure est venue où l’Episcopat Congolais, la société civile, les nouvelles forces syndicales et les forces politiques émergentes de la Diaspora et de l’intérieur doivent former un seul bloc pour exiger une rencontre de toutes les forces vives de notre pays pour repenser notre pays.
Cette unité de revendication par des actions intelligentes et ciblées nous permettra de générer un rapport de force global et véritable contre l’innommable bête de Mpila.
Unité de revendication dans un cadre collégial pour éviter le piège de l’ego qui sans cesse ralenti notre lutte au détriment de notre peuple qui déjà agonise sous le règne du père, qu’en sera t’il si jamais, nous laissons faire une succession à la Gabonaise ?

Brice NZAMBA
MEMBRE DU CERCLE LA RUPTURE.
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