mercredi 10 mars 2010

Togo : Les forces de l'ordre investissent un bureau de l'UFC à Lomé

Les forces de l’ordre ont dispersé le 9 mars une manifestation interdite de l’opposition togolaise, à Lomé. L’Union des forces du changement (UFC) et trois petits partis de l’opposition avaient appelé la population à protester contre les résultats « frauduleux » du 4 mars, donnant une large victoire au chef de l’État sortant Faure Gnassingbé sur son principal rival Jean-Pierre Fabre (60,92 % des voix contre 33,94 %).

Quelque centaines d'opposants ont bravé l'interdiction de manifester le 9 mars dans les rues de Lomé. Les forces de l'ordre ont dispersé 400 personnes qui répondaient à l'appel de l'UFC, l'Union des forces du changement. Derrière cet échec, il faut voir les craintes de nombreux Togolais d’être victimes de violences policières. « Ce sont les plus téméraires qui sortent dans les rues, on a peur de se faire massacrer comme en 2005 », assurait Akouavi, une chômeuse de 35 ans.
Au même moment, les forces spéciales élection présidentielle (Fosep, comprenant au total 6 000 gendarmes et policiers) ont investi un local où l'UFC avait installé son centre de traitement informatique ce qui prive l’opposition du matériel qu’elle voulait utiliser pour les recours devant la cour constitutionnelle. Selon le secrétaire national à la communication de l'UFC, « les policiers ont saisi les ordinateurs, les fichiers, les procès verbaux. Onze personnes ont été interpellées lors de cette opération ».
Dans une petite salle du centre d’activités de leur bureau, des opérateurs de saisie de l’UFC (Union des forces du changement) étaient en train de compiler sur leurs ordinateurs des procès verbaux contenant les fiches de résultats des bureaux de vote, quand les gendarmes ont investi les lieux le 9 mars 2010.
Un observateur national arrivé sur place témoigne : « J’ai vu des gendarmes en civil qui ramassaient tout. Je les ai clairement identifiés. Ils emportaient tout : les PV et les ordinateurs. Quand nous sommes arrivés tout était en place et ensuite ils ont reçu l’ordre de tout ramasser. »
Ainsi, l’UFC a été privée de ses procès verbaux et de ses ordinateurs qui contenaient ses propres données électorales. Selon le Service de renseignement et d'investigation (SRI), sept opérateurs de saisie et quatre cadres de l’UFC ont été interpellés.
Le capitaine Akakpo, chef du SRI, soupçonne une tentative de manipulation des documents : « Pour le moment, on n'ose pas le dire. Mais les enquêtes sont en cours. On verra. On a pris les PV qu’ils avaient en leur possession pour les authentifier. »
Quant à Jean-Pierre Fabre, le candidat de l’UFC, il pense plutôt que cette opération répond à un autre objectif : « La fébrilité du pouvoir en place... Ils ont perdu les élections. Ils ont fait proclamer des résultats frauduleux, irrégulièrement, par une Ceni à leur botte et aujourd’hui ils veulent nous empêcher de démontrer que nous avons gagné. »
Par ailleurs, le Comité d'action pour le changement (CAR) a déposé auprès de la Cour constitutionnelle une requête en invalidation du scrutin.

Publié le 10-03-2010 Source : Rfi.fr Auteur : Gaboneco

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