(Le Soleil 06/03/2010)
La République islamique de Mauritanie a fermé certains « passages secondaires » de sa frontière avec le Sénégal. C’est une mesure qui aurait fait l’objet d’une sensibilisation par voix de presse dans ce pays et devait entrer en application le 1er mars 2010.
Les habitants de Lexieba (Podor-Mauritanie) qui sont tributaires presque en tout de la ville de Podor et qui avaient traversé au Sénégal ont été rappelés le lundi dernier chez eux. Ce fût le branle-bas au niveau du débarcadère de Podor où les Maures ont donné libre cours à leur colère, car ne s’expliquant pas ce qui venait d’être fait. Pour certainement des mesures de sécurité liées au terrorisme rampant qui sévit dans ce pays, les autorités mauritaniennes, souligne ce cadre mauritanien, qui a requis l’anonymat, « ont désigné sur le long du fleuve, de Diama à Goiuraye, dans le Guidimakha (en face de Bakel - Ndlr), 35 postes de passage officiels, il en est de même avec ses frontières avec le Mali, l’Algérie et autres ».
C’est seulement au niveau de ces postes qu’un étranger peut pénétrer dans le territoire mauritanien, avec un cachet de la Police des frontières, dans le cas échéant il sera congédié hors du pays, confie notre source.
Parmi les points de passage en face du département de Podor, on trouve celui de Démette en plein cœur de l’île à Morphil et qui fait face au département mauritanien de Boghé, il y aurait aussi celui de Dar el Barka.
Quant aux passages secondaires de Lexeiba et Ngawlè, ils ne sont consternés par l’autorisation et ce au grand dam des populations mauritaniennes, car si Boghé est en face d’une ville sénégalaise, tel n’est pas le cas pour Dar el Barka. De l’avis des Mauritaniens consultés : « on risque de tuer économiquement ces villes car elles sont tributaires de villes sénégalaises comme Podor, en tout jusqu’aux soins médicaux ». En effet, ils sont nombreux les Mauritaniens qui viennent quotidiennement se faire consulter au district de Santé de Podor où à l’hôpital de Ndioum.
Concernant le trafic routier, la route Lexeiba est de loin plus rapide pour les Sénégalais désirant se rendre à Nouakchott que celle qui passe par Rosso.
Dans le Dagana aussi, on se plaint car le passage de Tékane en Mauritanie est à une dizaine de kilomètres de Bokhol, alors que s’il était à Ganina en face la ville de Gaé, où repose la mère de Maodo Malick Sy et qui bénéficie d’un trafic régulier, ce serait l’idéal. « Dagana, qui est chef-lieu de département, a en face de lui un point de passage mauritanien et Podor, qui en est un, pourquoi Lexeiba dont il est le poumon économique ne constitue pas un point de passage ? », s’est interrogé un Maure, visiblement pris de cours.
Ces événements surviennent au moment où la douane sénégalaise comptait mettre, semble-t-il, un bac sur le fleuve Sénégal entre les deux villes dont les relations datent du temps des colons.
Mieux, dans les années 1960 à 67, il y avait un bac à cet endroit. Car Podor était, par la voie fluviale, le plus important port de négoce pour les deux pays par la navigabilité de son fleuve en toute saison. C’est ce qui est à l’origine de la création de Lexeiba qui n’est que le diminutif de Gasba, le nom maure de Podor, qu’ils ont aussi dénommé Douéra. Pour l’instant, nos frères Mauritaniens ont repris la traversée, car n’ayant pas une autre alternative. Et le Sénégalais, qui compte se rendre par ces passages secondaires plus rapides, en Mauritanie ? Là demeure la question.
Amadou D. NIANG
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