(L'Observateur Paalga 17/03/2010)
Le Brésil fait office de pionnier dans l’utilisation de la biomasse pour la production des biocarburants et de l’électricité. Le samedi 6 mars à Joly hôtel à Ouagadougou, une délégation venue du pays de Luiz Inacio da Silva dit Lula, a échangé avec des participants burkinabè, maliens et nigériens sur les politiques publiques dans le domaine des biocarburants. Après Ouagadougou, d’autres capitales des pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMAO) devaient recevoir les experts de Brasilia décidés à soutenir les Etats dudit espace.
Le séminaire sur les politiques publiques dans le domaine des biocarburants organisé par la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), en collaboration avec le Brésil et le Burkina Faso, a été d’une extrême importance au regard de la richesse des informations données par la mission brésilienne. Cette dernière était composée du secrétaire Daniel Machado du ministère des Affaires étrangères, d’Arraes Jardim du ministère des Mines et de l’Energie, de Maria Antonieta de Souza de l’Agence nationale du pétrole et de Luthero Moreira de la PETROBAS.
L’ambassadeur du Brésil au Burkina Faso, Santiago Luis Bento Fernandez Alcazar a, dans son adresse aux participants, fait remarquer que plus de 45% de l’énergie totale consommée dans son pays provient de sources renouvelables. En effet, cette République fédérative utilise la bagasse de la canne à sucre pour la production de l’électricité. Aujourd’hui, le potentiel de génération de bioélectricité a atteint 3,5 gigawatts (GW) ; selon le diplomate, d’ici 2020, ce potentiel dépassera les 13 GW, soit la capacité de la centrale hydroélectrique d’Itaipu (Brésil), la plus grande du monde.
Se référant à un article de presse sur le rapport du Conseil économique et social (CES) faisant ressortir, entre autres, la faiblesse de la consommation d’énergie par habitant (0,18 tonne) au Burkina Faso, l’ambassadeur a estimé qu’il est impossible de penser au développement à partir de cet immense déficit. Et d’annoncer que le gouvernement brésilien est prêt à réaliser, avec les autorités de notre pays, une étude de faisabilité pour la production d’électricité à partir de la biomasse qui peut être étendue aux pays de l’espace UEMOA.
Le représentant du président de la Commission de l’UEMOA, le commissaire Rui Duarte Barros, n’avait pas tort, dans son discours à l’ouverture de la réunion, de relever que le pays de Lula joue le rôle de leader mondial afin d’apporter une réponse appropriée à la crise énergétique. Et d’annoncer qu’il y a quelques jours, l’éthanol de canne à sucre produit au Brésil a été qualifié de « biocarburant avancé » par l’Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis. Ainsi, l’éthanol brésilien a reçu la qualification de « biocarburant avancé », attribuée aux carburants réduisant au moins 50% les émissions de gaz à l’origine de l’effet de serre. Pour le chef du Département du développement social de l’UEMOA, le cas brésilien pourrait ainsi faire office d’école dans bien d’autres pays du Sud en général et particulièrement ceux de l’espace UEMOA.
En effet, l’UEMOA, a dit le commissaire Barros, depuis 2001 dispose d’une politique énergétique commune qui a abouti, depuis 2005, à la mise en œuvre d’un Programme régional biomasse énergie financé par le Royaume des Pays-Bas. Toutes ces initiatives ont permis à l’Union d’obtenir un Plan d’action bioénergie en attente d’une concertation avec les partenaires techniques et financiers, a laissé entendre le porte-parole de la Commission. C’est d’ailleurs en référence à cet agenda bioénergie, a souligné Rui Duarte Barros, qu’un mémorandum d’entente dans le domaine des biocarburants a été signé le 15 octobre 2007 entre la République fédérative du Brésil et l’UEMOA.
Au cours de cette rencontre, le Burkina Faso et le Niger ont également exposé leurs expériences dans le domaine des biocarburants. De la présentation du Burkinabè Emmanuel Nonguierma, le Pays des hommes intègres pourrait se retrouver d’ici un ou deux ans avec 70 000 tonnes de Jatropha ; ce qui veut dire qu’il faut d’ores et déjà penser au mécanisme pour un début de consommation.
Cyr Payim Ouédraogo
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