mardi 9 mars 2010

Nigéria : Des affrontements interethniques et religieux prés de Jos

La ville de Jos capitale de l'Etat du Plateau dans le Nord du Nigeria a de nouveau été le théâtre d’affrontements intercommunautaires le 07 mars et au moins 200 personnes auraient été tuées. Le couvre-feu en vigueur entre 18H00 et 06H00 du matin instauré depuis la flambée de violence interreligieuse de janvier, où plus de 300 personnes ont été tuées à Jos et dans ses environs, n'a pas empêché ces nouveaux massacres. Le président nigérian par intérim, Goodluck Jonathan, a ordonné que les forces de sécurité soient placées en état d'alerte.

Les attaques se sont déroulées dans la nuit de samedi 6 au dimanche 7 mars 2010 aux alentours de trois heures du matin et simultanément dans trois villages situés à la périphérie sud de Jos (Dogo Nahawa, Zot et Raslat) où les violences ethniques et religieuses sont récurrentes.
Selon plusieurs témoignages recueillis plus d'une centaine de personnes auraient été tuées, majoritairement des femmes et des enfants. Leurs corps ont été retrouvés, lacérés à la machette ou brûlés. D’après des sources concordantes il s'agirait d'attaques de représailles menées par des pasteurs de l'ethnie Fulani majoritairement musulmane et généralement nomades contre des populations d’ethnie Berom, sédentaires majoritairement chrétienne. D'après une source officielle, de récents rapports de sécurité laissent penser que "des intégristes islamistes" dans la région ont encouragé l'attaque contre les Berom.
« Plus de 500 personnes ont été tuées dans cet acte abominable perpétré par des éleveurs Fulani », a affirmé le 08 mars le responsable de la communication de l'Etat du Plateau, Dan Majang, ajoutant que 95 personnes avaient été arrêtées après l'attaque.
Peter Gyang, un habitant de Dogo Nahawa, le village le plus touché, a perdu sa femme et deux enfants, et a raconté à des journalistes: "ils ont tiré des coups de feu pour effrayer les gens et les ont ensuite tués à la machette".
« Apparemment c'était bien coordonné, les assaillants qui étaient de l'ethnie Fulani leur ont tiré dessus et les ont découpés à coup de machette. Beaucoup de femmes, d'enfants et même de bébés ont été massacrés ainsi. Il y a eu beaucoup de victimes. Personnellement, j'en ai compté 80. Mais je pense que sur l'ensemble des villages, il y a à peu près 200 morts. Tous sont de l'ethnie Berom. Ce sont des chrétiens à 90 pour cent. Le gouvernement a demandé à la population de rester calme et des forces de sécurité doivent être déployées dans la zone pour éviter de nouveaux incidents.», a raconté le responsable de la Ligue des droits de l'homme à Jos, Shamaki Gad Pete, qui s'est rendu le 07 mars dans les trois villages concernés. « Le niveau de destruction est énorme », a-t-il assuré.
Des funérailles collectives ont été organisées le 07 mars après-midi, et d'autres étaient prévues le 08 mars, selon des responsables locaux. Grâce à un renforcement des forces de sécurité, il n'y a pas eu de nouvelles violences dans la nuit de dimanche à lundi, selon Frank Tatgun, un habitant de Dogo Nahawa.
Mais, dans un communiqué publié dimanche, le Forum des Chrétiens de l'Etat du plateau a accusé l'armée nigériane d'être restée passive lors de l'attaque. « Pourquoi les soldats ne sont-ils pas intervenus? », s'est interrogée cette organisation, rapportant que l'armée était arrivée après la fin de l'attaque. « Nous sommes fatigués de ce génocide contre nos frères chrétiens. Nous n'avons plus confiance dans les forces armées nigérianes chargées de la sécurité de l'Etat du Plateau, en raison de leur attitude partiale envers les chrétiens », ajoute le Forum.
Il y a quinze jours déjà des affrontements similaires entre les deux ethnies avaient fait quatre morts parmi les pasteurs. Un habitant de Jos qui a tenu à garder l'anonymat s'est dit surpris par ces violences. « Depuis les massacres du mois de janvier le couvre-feu est en vigueur», a-t-il dit. «Les militaires sont censés assurer notre sécurité dans la ville et autour, cela n'aurait jamais dû arriver », a-t-il ajouté.
Le 07 mars dans la soirée pour éviter tout débordement du conflit, le président en exercice du Nigeria Goodluck Jonathan a placé toutes les forces de sécurité du Plateau et des Etats voisins en alerte maximum.
Publié le 08-03-2010 Source : Rfi.fr Auteur : Gaboneco

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