L'opposition ivoirienne est entrée jeudi dans le nouveau gouvernement du premier ministre Guillaume Soro, clôturant la crise née le 12 février de la dissolution du précédent cabinet et de la commission électorale par le président Laurent Gbagbo.
Les 11 postes encore à pourvoir dans le cabinet «Soro II» -qui comptait depuis sa formation la semaine dernière seulement 17 ministres nommés- ont été attribués à des membres de l'opposition, selon un décret de M. Gbagbo lu par le secrétaire général de la présidence, Amédée Couassi Blé.
Le gouvernement au grand complet de 28 membres, dont M. Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), s'est réuni dans la matinée pour un conseil des ministres sous la présidence du chef de l'État.
Après la récente mise sur pied d'une Commission électorale indépendante (CEI) renouvelée, la formation du cabinet clôt une crise de près de trois semaines, née de la dissolution de la commission et du gouvernement par M. Gbagbo après un blocage à la CEI, accusée de «fraude» sur la liste des votants.
Cette crise a entraîné un regain de tension marqué par des manifestations d'opposants, parfois émaillées de violences, et la mort d'au moins sept personnes lors de la répression de protestations.
Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), coalition d'opposition dirigée par l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-premier ministre Alassane Ouattara, a obtenu satisfaction avec le rétablissement de la CEI, dont il garde la présidence.
Mais il a dû renoncer - suscitant parfois l'incompréhension de sa base - à la reconduction de certains de ses anciens ministres, et non des moindres, refusés par le président Gbagbo.
Le gouvernement et la CEI doivent désormais se mettre au travail pour organiser une élection présidentielle sans cesse reportée depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005.
Elle est destinée à clore la crise causée par le putsch manqué de 2002, qui a coupé le pays en un nord rebelle et un sud loyaliste.
Le premier tour de scrutin doit se tenir «fin avril-début mai», selon le dernier calendrier fixé sous l'égide du médiateur et président burkinabè Blaise Compaoré.
La formation de ce cabinet intervient trois ans, jour pour jour, après la signature de l'accord de paix de Ouagadougou qui a conduit M. Soro au poste de premier ministre.
Cet accord a nettement amélioré le climat politique, mais sans parvenir à résoudre les problèmes les plus sensibles.
Répondant aux fidèles du chef de l'État, Guillaume Soro a d'ailleurs promis dès jeudi que le gouvernement travaillerait pour parvenir à «des progrès notables sur la voie de la réunification», qui prévoit notamment un désarmement des ex-rebelles deux mois avant le scrutin.
Mais le défi le plus urgent est, selon son expression, l'élaboration d'une «liste électorale propre, transparente, qui réconcilie les Ivoiriens», avec la reprise attendue du traitement des contentieux sur les inscriptions.
Cette opération avait été suspendue début février, après des violences de militants d'opposition contre des procès ouverts à la demande du camp présidentiel pour radier de présumés étrangers de la liste.
Ces incidents étaient venus rappeler combien la question de la nationalité ivoirienne, au coeur de la crise de 2002, reste explosive, les populations du nord - majoritairement musulman - s'estimant souvent stigmatisées.
Agence France-Presse
Abidjan
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