(L'Observateur Paalga 15/03/2010)
Depuis le 4 mars 2010, les Togolais vivaient la peur au ventre surtout après la proclamation des résultats provisoires, intervenus le 6 mars dans la nuit. En effet, le duo élections-violences est tellement ancré dans le subconscient des populations qu’à chaque élection, la hantise est palpable chez chaque habitant. A juste raison d’ailleurs, car rien qu’à prendre le cas de la présidentielle de 2005, la proclamation des résultats le 2 avril s’est accompagnée de massacres, entre 500 et 1000 morts, et d’un exode massif vers les pays voisins.
Cinq ans plus tard, c’est encore la peur au ventre que les citoyens ont abordé le scrutin de début mars. Et des déplacements massifs de populations ont eu lieu les jours précédant le vote, à telle enseigne que le quotidien ghanéen The Daily, dans une de ses éditions, s’est demandé si le vote a lieu au Togo ou au Ghana, vu l’affluence de Togolais franchissant Aflao, la ville frontière, vers le pays de N’Krumah.
Et lorsqu’on voyait certains slogans, « l’alternance ou la mort », gribouillés sur la façade des bâtiments, ou des propos du genre « si on ne proclame pas le vrai vainqueur, le sang va couler », ou encore les boutiques et les magasins fermés, bref l’activité économique au ralenti, on ne pouvait que subodorer le pire, qui, d’ailleurs, a déjà eu lieu “n” fois dans ce pays.
Si on ajoute la surenchère politique cultivée par chaque camp politique et les appels à résister lancés par l’opposition qui se sont traduits par des marches le mardi 9 mars et le samedi 12, nul ne pouvait prévoir sous quels jours vivraient les Togolais après le vote du 4 mars .A présent que le spectre de la chienlit semble s’éloigner chaque jour que Dieu fait, et en attendant la confirmation de cette élection par la Cour constitutionnelle, l’heure est au travail pour le gagnant.
On peut considérer que le premier quinquennat, 2005-2010, a été celui de l’essai pour Faure Gnassingbé. Les attentes étaient tellement immenses qu’il eût fallu, un démiurge pour les satisfaire. Ce qui n’est pas le cas de Faure, qui héritait d’un pays marqué par une figure tutélaire qui n’est autre que son père, lequel a instauré un système qui lui a survécu. D’Aného à Cinkancé, il y a comme une ligne tellurique qui est visible pour tout observateur pour peu que l’on consulte les différentes populations. Les 2 Togo, Sud et Nord, ne sont pas une vue de l’esprit.
Des femmes et des enfants qui ne vont pas à l’hôpital faute de moyens et surtout sachant qu’ils n’auront pas de prise en charge pour les premiers soins, la question de l’éducation, le chômage endémique sont également autant de chantiers, pour ne pas dire de tâches herculéennes, pour celui qui rempile pour 5 ans.
Pour réussir, une seule condition détermine tout le reste :la réconciliation nationale. Que le Kabyé, le Bassar, l’Ewé se sentent Togolais à part entière et que toutes les hypothèques qui plombent ces retrouvailles nationales soient levées au fur et à mesure. Ainsi, en rendant « neutre » cette date à polémique qu’est le 13 janvier, Faure marque un point dans ce désir de réconciliation.
Avec ce second mandat, fini l’état de grâce pour Gnassingbé fils, et place au travail, rien qu’au travail et toujours au travail, pour paraphraser Danton. Le parricide politique aura-t-il lieu au Togo ? Le fils, dont il se susurre à Lomé qu’il envisage la création de son parti, se fera-t-il un prénom à l’occasion de ce quinquennat ? Le maçon est à présent au pied du mur .
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
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