jeudi 14 octobre 2010

Congo Brazzaville: malgré les interpellations des «grands», le budget est revu à la hausse

(Congoplus.info 14/10/2010)
Le rendez-vous avec les Objectifs du Millénaire en 2015, pour le Congo, qui ne s’efforce pas à voir le bout du tunnel, serait une utopie, car les priorités de ce pays se situent ailleurs.
La lutte contre la faim, la pauvreté ne constitue pas grand chose pour les dirigeants congolais, qui certes prennent des initiatives pour sortir le pays du marasme dans lequel il est plongé depuis plus de deux décennies, mais les antivaleurs (corruption, gabegie, concussion…) restent coller à la peau de nos dirigeants, qui continuent à saigner à blanc les fonds publics, car pour eux c’est maintenant, car il faut rattraper le retard sur l’enrichissement, même illicite soit-il.
Dans notre précédente publication, nous avons scruté la piste de gaspillage des fonds publics par les gens du pouvoir et nous avons montré que par les exigences des institutions financières internationales, le Congo a été contraint de revoir à la baisse sa copie du budget 2010.
Au regard du compte-rendu du conseil des ministres du 1er octobre 2010, il est dit en préambule : « cette première année du premier gouvernement du Chemin d’Avenir est considérée par le président de la République comme celle de la pose des fondations. La deuxième année de ce gouvernement devra être celle de la mise en œuvre effective du Chemin d’Avenir. »
En cette année finissante, une foule de questions peut se bousculer dans la tête de tout Congolais qui aime son pays et qui suit de près l’action du gouvernement. C’est ainsi, il faut chercher à savoir : le gouvernement de la République a-t-elle l’ébauche du bilan de ses activités de l’année 2010, pour se rendre compte de l’état des activités prévues ?
Des 2814 milliards et 900 millions de F.CFA du budget 2010, il faut le reconnaître, est le plus important depuis l’accession du pays à l’indépendance, rien n’est vraiment visible du point de point des réalisations en termes de l’industrialisation par exemple, alors qu’il y a des fonds affectés à ce chapitre.
Les stratégies bâties par le gouvernement pour mobiliser davantage des recettes non pétrolières, ont-elles apporté les résultats attendus pour cette année ?
Les privilèges douaniers attachés aux marchés et contrats de l’Etat, aux conventions d’établissements et autres accords de l’Etat à venir, relevés comme contre valeurs, ont-ils été révisés ?
Le gouvernement a-t-il pris des actions d’identification et a-t-il imposé des activités qui consisteraient à rattraper les revenus importants qui échappaient à la fiscalité afin d’élargir l’assiette fiscale ?
Le gouvernement a-t-il au titre du budget 2010, atteint ou s’être rapproché des grands objectifs ciblés pour l’année en cours comme par exemple : consolidation de la paix, de la stabilité et de la sécurité ; lancement de la modernisation et de l’industrialisation du pays principalement par des études, préalable à toute bonne action ; amélioration de la gouvernance publique en général, de la gestion des principales ressources naturelles et des finances publiques en particulier ; réduction du chômage et de son corollaire la pauvreté ; amélioration des conditions de vie des populations ainsi que des conditions d’éducation et du renouvellement du capital humain ; redéploiement des activités agricoles ; poursuite de la construction des infrastructures de facilitation des activités économiques ; renforcer les capacités de la force publique ; recruter du personnel pour les services publics de santé, d’éducation et des affaires sociales ainsi que pour les administrations en déficit de personnel qualifié ; renforcer la transparence dans la gestion des affaires publiques et lutter activement contre la corruption, la concussion et la fraude ; contribuer à la mécanisation et au développement de l’agriculture ; poursuivre et achever la construction des infrastructures sanitaires, scolaires et universitaires ; poursuivre les travaux en vue de la mise en service des unités de potabilisation de l’eau du Djoué et de Djiri etc.
Une chose est vraie, aucun bilan n’a été fait des trois premiers trimestres pour prétendre dire que le gouvernement a respecté son planning de travail. Ce qui est au moins sûr et visible, c’est l’embourgeoisement des dirigeants du pouvoir, leurs familles et leurs amis, par là-bas la République est en marche.
Si 2010 a été l’année de la pose des fondations, peut-on nous dire que quelques prémices d’industrialisation, de lutte contre la faim, le chômage, de la mécanisation de l’agriculture… sont bien visibles ?
La pauvreté des Congolais va crescendo, sans inquiéter les hommes du pouvoir, la jeunesse est abandonnée à son triste sort, et laissée pour compte avec les corollaires comme les braquages, le viol et autres délits.
La lutte contre la pauvreté n’est plus une priorité pour l’Etat, parce que cela ne figure nulle part dans le projet de budget 2011, a-t-on réduit le chômage et enrayer la pauvreté pour ne plus reconduire cet objectif en 2011 alors que les Congolais continuent à patauger dans la pauvreté et dans une misère indescriptible.
Les retraités continuent à subir la longueur des mois élastiques et voilà qu’une autre promesse vient troubler les esprits : « Notons par ailleurs que sur le chapitre social, le principe de l’organisation dans les meilleurs délais d’une réflexion nationale sur la question des retraites, a été validé. » Où est passée l’automatisation de la retraite ?
A propos de l’agriculture, au cours du dernier conseil des ministres, il est dit : « le président de la République a invité, avec insistance, les membres du gouvernement à une présence plus grande sur le terrain. Le président de la République a par ailleurs insisté sur la nécessité, pour notre pays, d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Pour cela, l’agriculture doit être une priorité nationale. »
Cette affaire d’autosuffisance alimentaire est un vieux refrain que les Congolais connaissent bien. Peut-on savoir si le grenier du Congo, qui est la vallée du Niari a connu des coups de pioches de niveleuses en 2010 ?
Nos dirigeants devraient avoir honte. Ce qui est paradoxal, chez nos hommes au pouvoir, la honte n’existe pas ? Sinon comment croire que nos ministres qui s’offrent des voyages de par le monde, avec l’argent du contribuable congolais, ne voient-ils pas les cas des pays émergents fussent-ils sahéliens ou non producteurs de pétrole, comme le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire …offrir les produits de la terre de bonne qualité et de moindres coûts, à leurs populations ?
Que fait donc le Congo ? Pays
aux grandes étendues de terres fertiles, parle toujours d’autosuffisance alimentaire, sans en faire un pas.
Voilà que maintenant, on en fait une priorité nationale, mais avant l’an 2000, que représentait l’agriculture ? On s’amuse, on chosifie les Congolais, on continue à les endormir avec ces slogans de titre de mémoire et on les affamer, de façon cruelle.
Le gouvernement a-t-il résolu la sempiternelle question d’eau et d’électricité pour ne plus en parler en 2010 ? Notre Imboulou national continue à se faire attendre et l’attente devient insupportable.
Où est passé la mise en service de la potabilisation de l’eau du Djoué et de Djiri ?
De tout ce qui précède, les dirigeants congolais, mettent en place les conditions permissives de faire croire aux populations qu’après eux, ce sera le déluge, le tsunami. Et pour cause, aussitôt même que la dette extérieure a été allégée que nos gaillards nationaux, reprennent du service, se rejettent à la dette, continuent à brader le pétrole, sachant bien que c’est une denrée épuisable.
En réalité, rien ne justifie une telle attitude du gouvernement. Depuis 2003, le budget de l’Etat a dégagé des excédents importants, logés dans un compte de stabilisation à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC). Lesquels excédents sont aujourd’hui estimés à 4.010 milliards de FCFA, dont 2.500 milliards de 2003 à 2008, 150 milliards en 2009 et 1.360 milliards prévus pour 2010. Vous êtes sans savoir que les budgets de ce pays n’arrivent jamais à terme aussi bien qu’il y a de fortes sommes qui restent et qui sont versées dans la masse commune.
Ceci prouve à suffisance, la mauvaise volonté politique des dirigeants congolais à exceller dans la gabegie, dans le goût de l’opulence sauvage et tiennent à maintenir la grande partie du peuple dans un état de précarité sans merci, car disent-ils après nous, c’est le déluge.
Qu’à cela ne tienne, la responsabilité sera partagée entre le Prince de Mpila, sa famille, ses amis et ses ministres au lieu de démissionner, l’accompagnent dans ses erreurs tous azimuts. Même suite à l’interpellation des gendarmes de la haute finance, le Congo revoie son budget 2011 à la hausse.
Les dirigeants congolais s’en foutent et ils savent qu’après eux, ils laisseront aux générations futures une dette qu’elles devront elles aussi rembourser et voire la misère continuer sa route.
Nous y reviendrons !

Francis BULA TARI
TALASSA
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