jeudi 21 octobre 2010

Guinée, Mali -Un général malien pour sauver le deuxième tour guinéen

(Le Figaro 21/10/2010)

Le président de la transition guinéenne, le général Sékouba Konaté, a trouvé une solution pour sortir de l'impasse politique qui menace le deuxième tour de la présidentielle, prévu dimanche : il a imposé un étranger à la tête de la commission électorale. Un événement rare et même probablement inédit dans l'histoire des démocraties. Et qui en dit long sur l'impossibilité de trouver parmi les Guinéens une personnalité au profil consensuel.
La nomination à la tête de la commission électorale nationale indépendante (Céni) du général malien Siaka Toumani Sangaré, expert détaché par l'Organisation internationale de la francophonie auprès de la même Céni, a été annoncée mardi à 23 heures par un communiqué lu à la télévision. Le général Konaté, qui assure la transition du régime militaire à un pouvoir civil, était pressé d'agir par tous les acteurs, inquiets de la montée de la violence. L'ex-premier ministre Cellou Dallein Diallo accusait le président de la Céni, Loucény Camara, de pencher pour son rival Alpha Condé et menaçait de boycotter le scrutin, maintes fois reporté depuis la tenue du premier tour le 2 juillet.
Difficultés techniques
Le débat s'était transporté dans la rue. Après plusieurs jours d'affrontements entre partisans des deux camps, les forces de l'ordre ont tiré mardi à balles réelles pour disperser les manifestants, faisant deux morts et 29 blessés à Conakry. Les deux candidats se sont déclarés satisfaits de la nomination du général Sangaré et se disaient hier prêts à aller au deuxième tour dimanche. L'avis du nouveau président de la Céni pèsera lourd dans la balance. Spécialiste reconnu de l'organisation d'élections, Siaka Sangaré n'ignore rien des problèmes techniques en suspens : manque de financement, retards dans la distribution des bulletins, acheminement des cartes d'électeur pour les Guinéens de l'étranger. Il devait rencontrer aujourd'hui le gouvernement et les deux candidats à la présidence. «Nous examinerons l'ensemble du processus et l'éventualité d'un report du scrutin», a expliqué Siaka Sangaré.
Mercredi, Bernard Kouchner a salué la nomination du président malien de la Céni guinéenne. «Compte tenu des blocages de ces dernières semaines, la tenue du scrutin le 24 paraît difficile et un report d'une semaine, probable», a confirmé une source impliquée dans le processus électoral à l'AFP.
Par Pierre Prier
Par Pierre Prier
21/10/2010
Mise à jour : 13:46
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