jeudi 14 octobre 2010

Gabon - L’opposition gabonaise se déchire à belles dents

(Afrique Actu 14/10/2010)
L’opposition gabonaise, déjà très affaiblie, se déchire à belles dents, ruinant d’un coup ses chances de remporter les législatives de 2011 attendues comme un tournant pour le nouveau chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba.
A l’origine du déchirement, la rencontre à Paris le 27 septembre entre l’opposant historique, Pierre Mamboundou et le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba, en marge d’une visite officielle de ce dernier.
Les images de ce tête à tête, diffusées en boucle par les médias d’Etat et la presse docile au pouvoir, ont suscité de nombreux commentaires au Gabon. Dans la presse et la classe politique, certains ont évoqué un rapprochement entre l’UPG et la majorité au pouvoir pendant que d’autres y voyaient un pas vers une entrée au gouvernement sur fond de rumeurs de remaniement dans l’exécutif.
Dans une déclaration au siège du parti, l’UPG a tenu à couper court les supputations sur un possible ralliement à la majorité présidentielle.
« La rencontre du 27 septembre (…) faite à l’extérieur du Gabon n’avait pas pour but de légitimer un pouvoir en place », a martelé le parti dans la déclaration lue par son porte parole, Thomas Ibinga.
L’UPG s’adresse directement à ses « amis » de l’opposition réunis au sein de la Coalition des partis politiques pour l’alternance (CPPA). Cette coalition, nouvelle dans l’échiquier politique gabonais, a le week-end écoulé commenté le tête à tête de Paris en laissant entendre qu’il ne s’agit pas d’un acte politique neutre. La CPPA a soutenu qu’il s’agit pour Ali Bongo Ondimba de légitimer son pouvoir. La preuve : la diffusion en boucle de la rencontre dans les médias publics gabonais. Un fait rare dans ce pays où l’opposition est souvent muselée.
L’UPG explique que la rencontre de Paris avait pour but de décrisper le climat politique plus que tendu depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle du 30 août 2009. L’opposant historique visait aussi à établir le dialogue afin « d’amorcer des discussions sur le futur politique du pays ».
« Dans tous les cas, dans toute démocratie, il serait anormal que le président légal ne rencontre pas le chef de l’opposition », fait remarquer le texte qui dénonce « toute discussion occulte avec la majorité ».
Le parti de Pierre Mamboundou dont le leader est depuis plusieurs mois en France pour des raisons médicales affirme qu’il « continuera de jouer pleinement son rôle de premier parti politique de l’opposition gabonaise sans détour et ceci en dépit des provocations des uns et des autres ».
Au passage, le parti martèle qu’il « ne cèdera pas aux sirènes de ceux qui pendant plusieurs décennies ont contribué au recul de notre pays et qui se découvrent aujourd’hui une âme nouvelle d’opposant ». L’affirmation est comme un couteau remué dans une plaie.
La déclaration marque ainsi une nette rupture entre l’UPG et la CPPA. L’UPG se targue d’être l’unique parti qui n’a jamais participé à un gouvernement. Son leader a pendant plus de deux décennies refusé toute rencontre officielle avec le président Omar Bongo Ondimba. Depuis la fin des années 80, la première rencontre entre M. Mamboundou et Omar Bongo Ondimba a eu lieu en avril 2006 après une violente contestation par les partisans de Mamboundou des résultats de la présidentielle de 2005.
A l’issue rencontre, l’ex opposant radical a mis beaucoup d’eau dans son vin. Il était devenu l’une des personnalités gabonaises la plus consultée par Omar Bongo.
Pierre Mamboundou avait revendiqué la victoire à l’issue de l’élection présidentielle anticipée organisée après le décès d’Omar Bongo. Mais le leader de l’UPG s’est très vite retiré de la vie publique pour des raisons de santé.
Zacharie Myboto et le Secrétaire exécutif de l’Union nationale (UN), André Mba Obame ont mené la fronde contre le pouvoir en place.
L’UPG refuse décidément de s’associer à l’UN composée à son avis d’anciens hauts dirigeants du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir).
La querelle ouverte entre les deux camps marque incontestablement la rentrée politique dans le pays. Elle pourrait perdurer jusqu’aux législatives de fin 2011. Le scrutin est considéré comme un tournant majeur pour le régime en place, orphelin d’Omar Bongo Ondimba, le patriarche qui savait fouetter la sauce à son goût.

Yves Laurent Goma, Gabon Actu
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