jeudi 7 octobre 2010

Ethiopie - L’égérie de l’opposition sort de prison

(Le Temps.ch 07/10/2010)
Incarcérée depuis la fin 2008, Birtukan Mideksa a été graciée. Depuis 2005, elle avait passé le plus clair de son temps derrière les barreaux. Des milliers de prisonniers politiques croupissent dans les prisons d’Ethiopie
Birtukan Mideksa, 36 ans, représentante la plus populaire de l’opposition en Ethiopie, a recouvré la liberté mercredi à la faveur d’une grâce présidentielle.
Depuis 2005, cette ancienne juge a passé le plus clair de son temps en prison. Elle y avait été jetée une première fois en 2005, comme les principaux meneurs de l’opposition, dans la foulée des manifestations organisées pour protester contre le trucage des élections législatives.
Considérée comme une prisonnière de conscience par Amnesty International, elle et ses compagnons d’infortune ont été graciés en 2007.
Profil bas
«Tous ceux qui ont voulu continuer de s’exprimer ont quitté l’Ethiopie (ndlr: Berhanu Nega, l’autre grande figure, s’est exilé aux Etats-Unis). Ceux qui sont restés font profil bas», explique François Piguet, spécialiste de la Corne de l’Afrique. Birtukan, elle, évoque lors d’un passage en Suède fin 2008 les circonstances de grâce. Ce faisant, elle a violé les conditions du pardon officiel estiment les autorités, qui l’incarcèrent à son retour pour purger la perpétuité.
Son sort mobilisait depuis les ONG et la communauté internationale, alarmées par l’autoritarisme du premier ministre Meles Zenawi.
Vainqueur des législatives en mai dernier, il vient d’être réinvesti lundi pour cinq ans. De son côté Birtukan Mideksa a été nominée mardi pour l’édition 2010 du Prix Sakharov (liberté de l’esprit) du Parlement européen. «En raison de son âge, son charisme et sa capacité à rallier une opposition dispersée, Birtukan pouvait devenir une personnalité politique de premier plan», note le spécialiste de l’Ethiopie René Lefort.
Détenue arbitrairement, elle a accepté de signer, pour sortir de prison, une lettre de pardon où elle admet tous les torts. D’aucuns pensent qu’elle ne reviendra pas à la vie politique.
En somme, estime René Lefort, en la libérant, «Meles Zenawi gagne sur toute la ligne. Il améliore son image et parvient à faire oublier que des milliers de prisonniers politiques croupissent en Ethiopie».

Angélique Mounier-Kuhn
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