vendredi 1 octobre 2010

Burundi, RDC • La guerre qui n'a jamais existé

(Courrier International 01/10/2010)
La publication récente d'un rapport des Nations unis met à jour les crimes commis par les armées étrangères dans l'est de la RDC. C'est enfin la fin de l'omerta, s'enthousiasme l'hebdomadaire burundais Iwacu.
Le rapport de l'ONU sur des violations des droits de l'homme [publié le 24 septembre], voire des actes de génocide en RDC (République démocratique du Congo) fait couler beaucoup d'encre [Ce rapport traite des crimes commis en République démocratique du Congo de 1993 à 2003]. La publication d'extraits dans la presse de ce rapport gêne plusieurs gouvernements de la région : des éléments des forces armées rwandaises sont directement visés, mais aussi des Burundais, des Ougandais, etc ...
Le Burundi a donc fait la guerre en RDC. Or, officiellement, le Burundi n'a jamais mis les pieds dans ce pays. Des cadres du parti au pouvoir sous couvert d'anonymat disent qu'il faut "demander au gouvernement de l'époque" oubliant que ce dernier se battait alors contre le CNDD-FDD encore mouvement rebelle [Depuis lors, ce mouvement est devenu le parti politique dominant. Il est au pouvoir à Bujumbura]...Et puis, il y a la continuité de l'État.
Une chose est sûre : le Burundi a fait la guerre en RDC. Sans nous perdre dans les considérations géopolitiques suscitées par ce rapport, disons tout simplement que si l'on veut vraiment que la région des Grands Lacs connaisse un jour une paix durable, il faudrait que la lumière soit faite sur tous les crimes qui ont été perpétrés pas seulement en RDC, mais dans toute la sous région.
Pour revenir sur l'implication burundaise dans cette guerre qui ne dit pas son nom, des militaires qui ont combattu en RDC rappellent que des camarades sont morts, d'autres sont rentrés blessés, mutilés, d'une guerre qui n'existe pas. Les survivants demandent la reconnaissance de cette réalité et l'indemnisation. Au-delà du rapport de l'ONU, très médiatisé, il y a des hommes qui ont servi leur pays et qui souffrent. Dans l'indifférence de l'État.

Antoine Kaburahe.
Iwacu
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