mardi 20 avril 2010

Togo - Aspiration à une véritable démocratie: Pourquoi les Togolais ne croient-ils plus aux vertus de la mobilisation populaire ?

(Afriscoop 20/04/2010)
(AfriSCOOP Analyse) — Prompts à chanter leur exaspération vis-à-vis de la mauvaise gouvernance de leurs dirigeants, les Togolais semblent avoir perdu toute confiance en l’issue heureuse des mobilisations populaires auxquels ils sont conviés par l’opposition. Ont-ils tort ou raison en affichant cette posture face à la mer de leurs difficultés quotidiennes ?
« L’indifférence du peuple allemand » face aux sanctions que les Alliés lui ont réservé à l’issue de la première guerre mondiale (1914-1918) a été le fondement de la doctrine du « Nazisme » prônée par Adolf Hitler. « L’indifférence », c’est aussi l’attitude qu’adoptent les Togolais qui se disent et se sentent opprimés depuis “la reprise en main” du processus démocratique dans leur pays par le Rpt (Rassemblement du peuple togolais, parti au pouvoir). Nous étions en 1993. En d’autres termes, au Togo, tous ceux qui se disent étouffer par la dictature ambiante du parti au pouvoir veulent voir s’opérer l’alternance au sommet de leur Etat sans payer de tribut, fût-il minime !
Il est vrai que cet Etat ouest-africain n’est pas un pays comme les autres. Son armée est anti-républicaine et n’hésite pas à charger mortellement de pacifiques manifestations populaires. Allusion aux évènements malheureux et sanglants du « Fréau Jardin » en 1993 (et qui ont occasionné la rupture de la « coopération Bruxelles-Lomé ») et à la sauvage répression des contestations électorales en avril 2005. Mais, est-ce une raison suffisante pour renoncer à revendiquer le respect de ses propres droits à travers des marches dont la légalité est garantie par la Constitution de son pays ? A la faveur du dernier jour de campagne de la présidentielle du 04 mars 2010, près d’un million et demi (sur les 02 millions approximatifs que compte la capitale togolaise) de Loméens ont spontanément envahi les rues et ruelles de leur ville pour clamer haut et fort leur soutien indéfectible à l’Ufc (Union des forces de changement) !!! Quelques jours plus tard, soit le 13 mars, seulement 100.000 de ces “chemises jaunes” du Togo ont battu le pavé pour dénoncer les fraudes patentes ayant entaché la présidentielle précitée.
Pendant combien de temps les Togolais mettront-ils en avant la paupérisation dans laquelle le Rpt les a enfermés depuis le début des années 90 pour justifier leur “phobie légendaire” des grosses mobilisations ?
« La dictature se nourrit de la peur »
« La dictature se nourrit généralement de la peur des opprimés », aiment souvent à dire tous les observateurs qui s’intéressent au fonctionnement des Etats dans le monde. Cette remarque est également valable pour le cas togolais. Dans un pays dont le “sort démocratique” n’intéresse plus aucune puissance occidentale, les Togolais attendront encore longtemps dans leur actuelle posture les changements radicaux auxquels ils aspirent en sanctionnant le Rpt lors des jamborees électoraux organisés sur leur territoire.
Quand le fonctionnaire togolais qui se réclame de l’opposition sera prêt à perdre son poste pour le succès des revendications collectives, le Togo changera. Quand les Togolais qui veulent instaurer un véritable Etat démocratique dans leur patrie se montreront plus solidaires dans leurs efforts communs, alors les nuages de la dictature de père en fils commenceront à se dissiper progressivement dans le ciel togolais. Allusion indirecte à tous les partis de l’Opposition qui n’ont pas été « fair-play » en reconnaissant la victoire de Jean-Pierre Fabre lors du scrutin du 04 mars : le Car, la Cdpa et le Pdp. Des partisans et sympathisants de l’opposition togolaise riront sûrement en jaune ou pousseront des jurons en parcourant ces lignes lorsqu’ils se souviendront de l’attitude qu’affiche actuellement G. Olympio, depuis le 04 mars.
Cependant, la lutte démocratique, c’est aussi cela. La grande foule doit aussi savoir à un moment donné se départir des brebis galeuses qui compromettent ses éventuelles victoires. Etienne Tshisekedi l’a appris à ses propres dépens au Congo démocratique en 2006. Le président Bakiev du Kirghizstan qui a été porté au pouvoir en 2005 par la « Révolution des tulipes » vient d’en être chassé par ce même peuple ! Aux démocrates togolais de tout acabit de savoir concrètement ce qu’ils veulent !!!

mardi 20 avril 2010 par Jean Pierre GALLET
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