mercredi 14 avril 2010

Côte d’Ivoire - A la Une : la guérilla politique en Côte d’Ivoire

Par Frédéric Couteau Les récents propos tenus à Paris par Pascal Affi N’Guessan alimentent la polémique en Côte d’Ivoire. Quasiment tous les journaux reprennent et commentent les déclarations lundi devant la presse et l’interview mardi sur notre antenne du chef du FPI, le parti présidentiel.
Ainsi pour L’Intelligent , «la guerre de tranchée entre le camp présidentiel et les Forces Nouvelles continue de faire rage, malgré les propos rassurants du Premier ministre Guillaume Soro dimanche dernier au sortir d’un déjeuner de travail avec le président Laurent Gbagbo. La dernière sortie de Pascal Affi N’Guessan à Paris, poursuit le journal, montre combien le fossé entre les partisans de Gbagbo et ceux de son premier ministre s’agrandit. Face à la presse à Paris, Pascal Affi N’Guessan a encore chargé le premier ministre Guillaume Soro », avec notamment, précise L’Intelligent, cette déclaration : « Soro a été nommé Premier ministre pour qu’il désarme ses troupes et réunifie le pays en 10 mois, de sorte que nous allions aux élections. Si au bout de 37 mois, il n’est pas capable de respecter sa part du contrat, alors, il nous faudra discuter avec celui qui est capable de désarmer les troupes des Forces Nouvelles et réunifier la Côte d’Ivoire.»
Mardi sur RFI, Pascal Affi N’Guessan a été plus précis : « soit le Premier ministre est capable de réunifier le pays, restaurer l'autorité de l'Etat conformément à l'Accord politique de Ouagadougou, soit il n'en est pas capable et il rendra le tablier. »
Dans l’entourage de Guillaume Soro, on ne décolère pas… « Affi N’Guessan va bientôt prendre sa dose. Il aura la réponse qu’il mérite », assure l’un des conseillers du Premier ministre, interrogé par L’Intelligent.
Pourquoi tant de haine ?
Alors pourquoi cette charge du camp présidentiel ? Alors que les choses semblaient s’être calmées après la mise au point de dimanche dernier entre Laurent Gbagbo et Guillaume Soro ?
Le quotidien Nord-Sud tente d’apporter des réponses. « Le président du FPI cherche-t-il à se venger du chef du gouvernement qui avait indiqué récemment dans une interview à Jeune Afrique qu’il ne comprenait pas l'Accord politique de Ouagadougou ? Il est tout de même évident, poursuit le journal, que Pascal Affi N'Guessan ne semble pas avoir été briefé par le président de la République sur le contenu de son entretien avec le Premier ministre. Sinon, l'on comprend mal qu'il continue à souffler sur les braises (…). L'autre explication de cette fuite en avant de Pascal Affi N'Guessan, avance Nord-Sud, pourrait être trouvée dans son dépit face au dégonflement de la crise. Ce qui laisse entrevoir l'image d'un homme qui se croit obligé de donner des coups pour revendiquer une légitimité auprès des durs de son propre camp. »
Le Patriote va encore plus loin : il affirme qu’Affi N’Guessan chercherait à éliminer physiquement Guillaume Soro. « Il y a de quoi s’inquiéter », s’exclame le quotidien d’opposition.
Soro sur un siège éjectable…
Ce qui est sûr, estime le site d’information burkinabé Fasozine , c’est que «visiblement, Laurent Gbagbo, aidé de son parti, le FPI, s’est engagé dans une campagne d’éjection de Guillaume Soro. A lire entre les lignes des interviews accordées par Gbagbo à France 24 et Affi N’Guessan à RFI, tout porte à croire que les jours de Soro sont comptés. Du moins, précise Fasozine, les allusions à la fin de sa primature sont si flagrantes que plus personne ne se trompe sur la stratégie du clan présidentiel. (…) Comme on peut le voir, poursuit le site burkinabé, la palabre autour des listes pour une présidentielle, reléguée aux calendes… ivoiriennes, s’est déplacée vers celle de l’unification du pays. Tous les obstacles sont bons pour ne plus parler de l’élection présidentielle qui était considérée comme la dernière ligne droite de sortie de crise. Laurent Gbagbo et son clan ne veulent pas de ces élections, affirme Fasozine et ils ont tous les moyens pour retarder l’échéance. »
« Guillaume Soro parviendra-t-il à s’en sortir, s’interroge L’Observateur, toujours au Burkina, face à des 'requins' de la carrure de N’Guessan ? Pour l’heure, tout porte à croire que l’élection n’est pas pour demain, estime le quotidien ouagalais. Pour longtemps encore, le désarmement et le fichier électoral seront des questions qui fâchent et qui divisent du côté de la Côte d’Ivoire. »
RDC : l’unité menacée ?
La question des groupes armés continue de faire débat en RDC… Avec d’abord les récents évènements de Mbandaka ; l’occupation d’une partie de la ville par un groupe rebelle. « C’est ce mercredi, annonce L’Observateur, que « Adolphe Muzito (le chef du gouvernement) se présentera devant la représentation nationale pour expliquer les tenants et les aboutissants de cette scabreuse affaire. L'opposition, elle, n'a pas porté des gants, relève le journal, pour stigmatiser l'inertie du gouvernement jugé incapable de restaurer l'autorité de l'Etat à travers le territoire national. »
De son côté, Le Potentiel , autre quotidien congolais, s’inquiète de la formation d’une nouvelle alliance de groupes armés, cette fois dans la région du Kivu à l’Est : « différents mouvements armés du Nord et du Sud-Kivu accusent le gouvernement de ne rien faire pour appliquer les accords de Goma, signés en mars 2009, explique-t-il. Pour faire entendre leur mécontentement, des représentants de 17 groupes armés, dont le CNDP et plusieurs groupes Maï-Maï, viennent de se réunir au sein de 'l’Alliance pour la sauvegarde des accords de paix de Goma'. Ce retournement de situation auquel nous ont habitué les groupes armés du Kivu est toujours annonciateur de la reprise de la guerre », affirme Le Potentiel. Le Potentiel qui s’inquiète aussi de la nonchalance des autorités de Kinshasa pour qui « il ne s’agit là que d’un résidu de quelques mécontents invisibles sur te terrain.»

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