Coye D'Ivoire - Pourquoi Gbagbo ne veut pas démettre Soro. Les confidences d’un proche de Gbagbo

(Soir Info 14/04/2010)
Les bureaux des ministres fermés, leurs gardes du corps retirés

L’information circule. Des journaux en font même l’écho depuis quelques jours. C’est que, le président Laurent Gbagbo s’apprêterait à démettre le Premier ministre, Soro Guillaume. « Faux ! », nous a rétorqué un proche parmi les proches du chef de l’Etat ivoirien, lundi 12 février 2010, au cours d’un entretien que nous avons eu avec lui à Abidjan. « Le président de la République ne parle même pas du départ du Premier ministre. Ni en public ni en privé. Même pendant les réunions les plus secrètes, le président n’évoque pas la question. Ça ne fait même pas partie de ses plans. Il n’a pas cela en plan B, en plan C et tout ce que vous pouvez imaginer », a ajouté notre source. « Si le président fait partir Soro, il va le remplacer par qui ? », nous a-t-il demandé face à notre insistance. « Cher frère, en limogeant le Premier ministre Soro, le président tue l’accord de Ouaga. Or, vous savez que c’est sa chose. Donc, vous comprenez qu’il ne le fera pas, en tout cas, il ne l’envisage pas pour le moment », a-t-il insisté. A l’analyse, ceux qui croient au départ de l’actuel chef du gouvernement se sont certainement appuyés sur les dernières sorties des partisans de Laurent Gbagbo. Le jeudi 8 avril 2010, au Plateau, au cours de la conférence de presse annonçant le 20ème anniversaire de la fête de la liberté de son parti, le président du Front populaire ivoirien (Fpi) n’a pas fait dans la dentelle. Il a jeté de grosses pierres dans le jardin du secrétaire général des Forces nouvelles (Fn). A M. Soro qui disait dans « Jeune Afrique » de la semaine dernière qu’il n’a pas signé l’Accord politique de Ouagadougou (Apo) avec l’entourage de Gbagbo, M. Affi a martelé : « Mais celui qui dit ça, non seulement, il est ignorant, mais il est irresponsable ».
Des pressions...
A la question de savoir si le parti au pouvoir demandera le départ du successeur de Charles Konan Banny de la primature, Affi N’Guessan a répondu ceci : « De toutes les façons, Soro Guillaume lui-même, il sait que nous n’aurons même pas besoin de demander son départ lorsque le moment de son départ sera arrivé. Il ne faut pas qu’il oublie qu’il n’est pas le premier Premier ministre depuis le début de la crise. Il ne faut pas qu’il oublie ça. Il faut qu’il sache que la Côte d’Ivoire est éternelle. C’est-à-dire que nous tous, nous passerons, la Côte d’Ivoire restera ». L’ancien Premier ministre de préciser : « Que l’on soit du pouvoir, que l’on soit de l’opposition, que l’on soit de la rébellion, il ne faut pas que nous ayons le sentiment que nous sommes irremplaçables, qu’après nous ce sera le chaos. Celui qui pense ça, il se trompe lourdement. Demain, Soro Guillaume va partir et la Côte d’Ivoire va continuer sa marche. Quand Soro Guillaume va partir, le processus de sortie de crise va se poursuivre pour que la Côte d’Ivoire soit réunifiée. Donc, ce ne sera pas nous qui allions demander, mais quand le moment sera venu, lui-même il constatera que le moment est arrivé ». Avant le leader du Fpi, c’est Blé Goudé Charles qui mettait la pression sur Soro Guillaume. Hier mardi 13 avril, Affi N’Guessan est revenu à la charge sur Radio France international (Rfi). « Bien sûr, je crois que dans les jours à venir, le Premier ministre, Soro Guillaume aura des choix douloureux à faire. Soit il a la capacité de réunifier le pays, de restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire, conformément à l’Accord politique de Ouagadougou, soit il n’en a pas les capacités et il rendra le tablier », a-t-il répondu au journaliste qui voulait savoir si Soro doit partir de la Primature. M. Affi s’est demandé même si la balade que Laurent Gbagbo et Soro Guillaume ont faite, dimanche dernier, sur la lagune Ebrié n’était pas « une balade d’adieu ». Pour notre source très introduite au Palais présidentiel, ces sorties des proches de Gbagbo ne signifient pas que Soro est sur le départ. Peut-être participent-elles de la pression que le camp présidentiel met sur les Fn pour aller à la réunification véritable de la Côte d’Ivoire.

• mercredi 14 avril 2010 par Sylla ARUNA
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