jeudi 22 avril 2010

Togo - Violation des droits de l’Homme, viols sur les militants de l’UFC: Que cache le silence de Yawovi Agboyibo et Léopold Gnininvi?

(Etiame.com 22/04/2010)
Me Yawovi Agboyibo, Prof. Léopold Gnininvi, voici deux icônes du combat démocratique au Togo, deux figures emblématiques de l’opposition. La simple évocation de leurs noms fait remonter beaucoup de souvenirs à la mémoire. Mais ces leaders semblent s’être résolument mis en retrait de l’actualité politique et observent un mutisme total face aux derniers développements du contentieux électoral faits de violations systématiques des droits de l’Homme. Assez surprenant, quand on fait un bref retour dans leur passé politique.
Les Togolais ne se rappellent même plus la dernière fois qu’ils ont entendu ces leaders parler. Les toutes dernières apparitions du Prof. Léopold Gnininvi remontent dans le temps. Il ne s’est signalé entre-temps qu’à travers une déclaration laconique signée au nom de son parti, la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) au sujet des évènements de CESAL qui ont vu les forces de l’ordre débarquer au centre de compilation des données du Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC) et emporter le matériel informatique et les procès-verbaux. Quant au leader du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), les dernières images de lui remontent à la campagne électorale. Son parti ayant un faible pour les commérages, il s’est fendu d’un communiqué pour répliquer au confrère de RFI qui accusait le parti tacitement entre-temps de se dissocier de la contestation dans la rue, déclaration signée de son Secrétaire national Jean Kissi. Depuis, plus rien de la part de ces leaders. Ce retrait inquiétait au point que le leader de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS) a dû les apostropher. A travers une déclaration publique, Agbéyomé Kodjo les a récemment appelés à rejoindre la contestation du FRAC. Mais apparemment cet appel est tombé dans les oreilles de sourds. Plus inquiétant est le mutisme de Me Yawovi Agboyibo et du Prof. Léopold Messan Gnininvi sur les violations systématiques des droits de l’Homme dont sont l’objet ces derniers temps les militants de l’Union des Forces de Changement (UFC) et du (FRAC).
Les partisans de ce parti et ce front subissent en effet des exactions de la part des forces de l’ordre. Le dernier scénario en date est l’intervention musclée de la Gendarmerie mercredi dernier au siège de l’UFC lors de la veillée à la bougie. Cette intervention était une somme de violations des droits de l’Homme. Les éléments ont débarqué sans mandat de perquisition, défoncé portes et fenêtres, emporté des tas d’équipements qui n’ont rien à voir avec un projet de trouble à l’ordre public, procédé à des arrestations. Le comble de l’ignominie a été atteint, avec des viols sur des manifestantes arrêtées. Des femmes ont avoué avoir été l’objet de touchers vaginaux de la part d’éléments de la Gendarmerie, entre autres traitements indignes.
Si on peut comprendre la réticence de Yawovi Agboyibo et Léopold Gnininvi à rejoindre les contestataires dans la rue et la justifier par des calculs politiciens -peut-être que toute participation de leur part ou déclaration leur fermeraient les portes du prochain gouvernement, et c’est un droit absolu d’aspirer à y participer-, leur mutisme face à ces exactions des forces de l’ordre est ahurissant. Le viol fait partie des traitements les plus inhumains et dégradants et est combattu avec extrême rigueur par des outils internationaux. C’est un crime contre l’humanité, au même titre que le génocide. On a toujours connu ces leaders comme des défenseurs des droits des opprimés. Me Yawovi Agboyibo surtout, s’est toujours illustré comme le défenseur par excellence des droits de l’Homme. Point n’est besoin de rappeler son parcours et son engagement sur le terrain de la lutte démocratique au Togo. Le bon sens n’arrive donc pas à comprendre que l’avocat ferme les yeux sur ces violations des droits humains dont sont victimes les militants de l’Union des Forces de Changement (UFC) et du FRAC. Ces exactions suscitent de jour en jour les dénonciations des différentes associations nationales de défense des droits de l’Homme et de la masse intellectuelle. A certaines voix qui réclament l’ouverture d’une enquête judiciaire s’adjoignent d’autres qui recommandent au FRAC de saisir la Cour pénale internationale (TPI). Mais c’est le black-out total chez Me Yawovi Agboyibo et Léopold Gnininvi. L’opinion doit-elle concevoir ce silence comme un consentement à ces violations?
C’est tout de même déplorable. Au-delà de ces deux personnalités, c’est presque toute l’opposition, à part bien sûr les associés du FRAC qui est aphone devant ces évènements. Les autres présidentiables de l’opposition hésitent à réagir. Sont-ils encore sous le coup de leurs scores micro-organiques au scrutin du 4 mars? Tout ce beau monde semble dire: «Ils n’ont qu’à faire on va voir».

Tino Kossi
21 avril 2010
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