lundi 19 avril 2010

Togo - Tentative de coup d’Etat [Exclusif] : Libération des proches de Kpatcha Gnassingbé

(Afriscoop 19/04/2010)
(AfriSCOOP - Lomé) — Ils ont passé un an à la prison civile de Kara (plus de 400 km au nord de Lomé) pour « excitation à la révolte ». Depuis le début de ce week-end, ils sont des citoyens libres. Il s’agit de Gaéthan Kapitan, Jean Awadé et Toyi Blande, trois jeunes Togolais proches de Kpatcha Gnassingbé, arrêtés dans le cadre de la rocambolesque affaire de « tentative d’atteinte à la sureté de l’Etat » et détenus depuis avril 2009 dans la grande ville du nord-Togo.
« Enfin, j’assisterai de nouveau à la tombée de la nuit sur Kara », s’est exclamé vendredi Jean Awadé quelques minutes après sa libération par le juge d’instruction du tribunal de la grande ville du nord. Pour lui et ses deux compagnons d’infortune, c’est un grand soulagement après avoir passé « injustement » un an de leur vie dans un centre pénitentiaire, malgré toute la délicatesse et la méfiance qui entourent le dossier.
Leur mésaventure débute le 18 avril 2009, quatre jours après l’arrestation de Kpatcha Gnassingbé (frère de Faure Gnassingbé, président du Togo) pour une affaire de « tentative de coup d’Etat ». Ce jour là, par un simple coup de fil, le capitaine Wadja, chef de brigade de la gendarmerie de Kara, convoque ces trois responsables de l’association caritative « 2AK » parrainée par Kpatcha et Faure Gnassingbé. Après interrogation, il les met en garde à vue pendant 72 heures. Ils sont renvoyés devant le procureur de la République pour « incitation à la révolte ». Ce dernier les envoie en prison.
En effet, le procureur estime que les trois prévenus s’apprêteraient à faire descendre la population dans la rue pour manifester contre l’attaque du domicile du député de leur localité à Lomé, dans la nuit du 12 au 13 avril 2009. Les accusés avouent avoir eu l’idée d’une marche pacifique dans un premier temps. Mais, ils ajoutent également l’avoir abandonné dès la publication d’un communiqué officiel expliquant les reproches faites à l’ancien ministre de la Défense et co-accusés.
Des sources proches des détenus avancent que plusieurs descentes de la gendarmerie ont été observées aux domiciles de ces derniers et au siège de leur association avec des lots de matériels et de documents emportés. Mais, aucune trace des saisies n’apparait dans les dossiers des trois accusés. Pire, la justice dit n’avoir jamais eu connaissance des perquisitions opérées et qui pourtant, ont été bien confirmées.
L’affaire a suivi son cours à l’instruction presque un an durant avant d’aboutir le 19 février à un dénouement relativement heureux. Le juge d’instruction clôt le dossier et déclare un non-lieu. Le procureur interjette appel, sans réussir à garder plus longtemps les trois proches de Kptacha Gnassingbé en prison.
« C’est l’ordonnance de non-lieu qui a été exécutée et qui a permis notre libération sans procès et sans condition », a expliqué Jean Awadé qui déclare « attendre ce qu’ils diront de nos droits ».
Bien que Jean Awadé, Gaéthan Kapitan et Toyi Blandé ne soient pas directement accusés de « tentative d’atteinte à la sureté de l’Etat », certains analystes estiment qu’avec leur libération, sans procès, le régime montre tout son embarras dans cette affaire et pourrait libérer également les principaux accusés dans des conditions similaires. Peut-être.

dimanche 18 avril 2010 par Maxime DOMEGNI
© Copyright Afriscoop

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire