(Afriscoop 13/04/2010)
(AfriSCOOP Analyse) — Contrairement à l’habitude de la majorité des Togolais qui veut qu’ils réclament l’avènement d’une ère de démocratie véritable sur leur territoire tout en renonçant dorénavant à toute forme de sacrifices, 600.000 fils et filles du Togo ont décidé de “détonner”. Depuis la proclamation des résultats provisoires viciés de la présidentielle du 04 mars dernier, ces fils et filles battent le pavé malgré les diverses intimidations et menaces dont ils sont victimes. Tous les véritables partisans de la lutte démocratique togolaise devraient saluer leur détermination pour un aboutissement heureux de la cause qu’ils défendent et qui est avant tout républicaine…
De près de 100.000 dans les rues de Lomé le 13 mars à la faveur de la première marche de contestation de la « réélection de Faure Gnassingbé » organisée par le Frac (Front républicain pour l’alternance et le changement), le nombre des contestataires de la “nouvelle victoire électorale de Faure Gnassingbé” va crescendo. En toute discrétion. Voici cinq samedis consécutifs que des Loméens qui ne se reconnaissent pas dans la « proclamation et la validation de la réélection de Faure Gnassingbé par la Cour constitutionnelle du Togo » battent le pavé !!!
Le leitmotiv de leur revendication est tout simple : « Restituez au peuple togolais sa victoire électorale du 04 mars ; Jean-Pierre Fabre est le candidat pour qui la majorité des Togolais ont voté » !
Ces militants et sympathisants du Frac n’ont que cure des « félicitations adressées par diverses capitales occidentales à Faure Gnassingbé depuis la validation de sa réélection ». De 100.000 dans les rues loméennes le 13 mars dernier, ces fils et filles courageux du Togo étaient le 10 avril dernier près de 600.000 à crier leur exaspération devant le régime improductif du Rpt (Rassemblement du peuple togolais, parti au pouvoir) dans tous les domaines de la vie des Togolais.
Il suffit de jeter un regard rétrospectif dans l’histoire politique tumultueuse du Togo pour se rendre compte que la témérité et la persévérance affichées par les militants et sympathisants du Frac sont originales ! Jamais, dans le contexte de l’apprentissage de la démocratie en terre togolaise, le Rpt n’a connu pareille résistance après la « proclamation et la validation des résultats » d’une joute électorale présidentielle. La non-violence prônée par le Rpt avant et pendant la présidentielle du 04 mars 2010 est sans nul doute pour quelque chose dans la non-répression par le pouvoir de Lomé, jusqu’à présent, de ces marches d’une partie des opposants anonymes du Togo. Sans oublier l’épouvantail des juridictions à compétence universelle qui sont promptes à se saisir de tout dossier de « crime contre l’humanité ou de violation massive des droits humains ». Contrairement par exemple à la liberté d’action qui a caractérisé la répression sans commune mesure des contestations de fraudes électorales en 2005, répression qui a occasionné près de 1.000 pertes en vies humaines qui ne sont toujours pas punies.
Le courage et la persévérance des manifestants du Frac depuis la tenue de la consultation électorale du 04 mars relèvent un peu plus de la gageure quand on sait que les Togolais semblent “fatigués” des luttes populaires sans issues qu’ils ont menées depuis le « Vent de l’Est ». Contrairement par exemple aux succès qu’ont connus ces mêmes batailles républicaines et populaires au Bénin et au Ghana. Ces deux pays étant cités généralement comme des modèles démocratiques sur le continent noir. C’est aussi ce côté novateur de la contestation qui anime de nouveau les rues du Togo qui laisse présager des dénouements difficiles à prévoir au bras fer électoral entre le Rpt et l’opposition. Les caciques du régime quarantenaire à Lomé vont-ils contre toute attente lâcher du lest pour tempérer la colère d’une partie de leurs concitoyens ou vont-ils un jour ou l’autre ressortir leurs habituels arsenaux de musellement des cris de récrimination ?
« Empêcher le peuple togolais de marcher, c’est l’acculer à la violence », a averti Kofi Yamgnane, porte-parole du Frac, samedi dernier. Tout en lançant par la même occasion à ses compatriotes qui estiment avoir été trichés dans les urnes le 04 mars, mais qui hésitent encore à rejoindre leur mouvement contestataire : « Ce qui est possible chez les Kirghiz est tout à fait possible au Togo » ! L’épreuve des nerfs va donc encore continuer de plus belle au Togo, avec un Frac qui compte organiser des marches même à l’intérieur du Togo samedi prochain.
mardi 13 avril 2010 par Jacques GANYRA
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