(Le Nouvel Observateur 18/04/2010)
Le président soudanais Omar el-Béchir est arrivé largement en tête aux élections présidentielles et locales, vendredi 16 avril, au terme d'un scrutin de cinq jours.
Selon un décompte provisoire de la Commission électorale nationale, la plupart des suffrages exprimés vont au président soudanais. Dans certains districts au Soudan et à l'étranger, Omar el-Béchir recueillerait entre 88% et 94% des suffrages au terme de ce décompte provisoire. Les résultats définitifs devraient être annoncés mardi.
La reconduction d'Omar el-Béchir pour un nouveau quinquennat était largement attendue.
70 partis et candidats
Soixante-dix partis et candidats indépendants se sont présentés pour la première fois aux élections locales et parlementaires dans le pays.
800 observateurs internationaux à Khartoum
Un seul incident est venu perturber le scrutin jeudi, lorsque des rebelles ont ouvert le feu et tué au moins cinq partisans du Parti du congrès national du président Omar el Bachir dans la province de Bahr al-Ghazal (sud).
Le chef des observateurs de la Ligue arabe, Salah Halima, a quant à lui qualifié les élections de "modèle" de transparence et d'impartialité. Il a déclaré à l'agence de presse gouvernementale SUNA que le scrutin "s'est terminé avec succès et sans problème". Quelque 800 observateurs internationaux étaient présents lors du scrutin, parmi lesquels une équipe emmenée par l'ancien président américain Jimmy Carter.Le président de la Commission de l'Union Africaine (UA) Jean Ping s'est félicité du déroulement des élections générales au Soudan, malgré des "problèmes administratifs et logistiques".
Jean Ping "félicite le peuple du Soudan et les partis politiques soudanais pour avoir mené pacifiquement les élections multipartites.".
"Ces élections constituent une étape fondamentale dans la transformation démocratique (du pays) (...) comme le prévoyait l'accord de paix de 2005" (CPA) entre le Nord et le Sud-Soudan, ajoute le texte, qui reconnaît cependant des "problèmes administratifs et logistiques" dans le déroulement des différents scrutins.
"La majeure partie de la communauté internationale acceptera le résultat"
L'ex-président américain Jimmy Carter, dont la fondation observe le processus électoral au Soudan, a estimé que la "majeure partie" de la communauté internationale reconnaîtrait le résultat du scrutin, même si celui-ci n'a pas répondu aux "normes internationales".
"Mais je pense que la majeure partie de la communauté internationale (...) acceptera le résultat", a dit Jimmy Carter lors d'une conférence de presse à Khartoum. Mais la décision de reconnaître ou non le résultat de ces élections reviendra à chaque pays, a-t-il noté.
Une "transformation diplomatique"
L'Union Européenne va dans le sens de l'ancien président américain concernant les normes internationales. Une impression confirmée par la chef de la mission d'observation de l'Union européenne (UE) pour les élections au Soudan, Véronique de Keyser, soulignant "plusieurs irrégularités" dont des cas d'intimidation, un accès inégal des candidats à des ressources financières pour faire leur campagne électorale et un accès inéquitable aux médias.
Mais elle estime que ces élections permettent d'espérer une "transformation démocratique" du plus vaste pays d'Afrique.
Si les premières élections soudanaises en 24 ans n'ont pas "atteint les normes internationales", elles ouvrent toutefois la voie à "une transformation démocratique", a indiqué Véronique de Keyser.
"C'est quelque chose dont la population bénéficiera", a souligné cette responsable, qui s'est félicitée de la participation des femmes et des efforts de la société civile et des employés électoraux lors de ce scrutin.
Un taux de participation à 60%
La commission électorale soudanaise (NEC) a affirmé que le taux de participation aux élections dépassait les 60%. La mission de l'UE la chiffre elle à "environ 60%" des électeurs inscrits.
L'UE disposait de 130 observateurs à travers le Soudan, ce qui en fait la plus importante mission d'observation des élections avec la Fondation américaine Carter, qui compte un peu moins d'observateurs mais a suivi le processus électoral depuis plus longtemps, à partir de l'enregistrement des électeurs sur les listes, une étape clé survenue en novembre et décembre.
"Nous partageons l'évaluation" de la mission d'observation de l'UE, a assuré Ana Gomes, chef de la délégation de parlementaires européens suivant le processus électoral au Soudan.
La mission de l'UE a fait état samedi de ses "premières impressions" à l'issue de la période de vote, et doit publier son rapport final lorsque les résultats définitifs seront publiés par la NEC.
"La poursuite du processus de paix"
Compte tenu des problèmes techniques, la Commission électorale (NEC) avait été contrainte de rallonger la durée du vote, de trois à cinq jours. Parmi les principales difficultés rencontrées figuraient l'absence de certains électeurs sur les listes, l'acheminement de bulletins dans de mauvais centres de vote -ou encore leur pénurie-, retardant considérablement l'ouverture quotidienne des centres dans certaines régions.
La NEC a en conséquence dû reporter les élections dans quelque 6% des circonscriptions.
"Le stade qui a été atteint est crucial pour la poursuite de l'accord CPA (Nord-Sud), c'est-à-dire la poursuite du processus de paix", a néanmoins signalé devant la presse Véronique de Keyser.
L'accord CPA signé en 2005 a mis fin à plus de 20 ans d'une guerre civile entre le Nord et le Sud. Il prévoyait la tenue de ces élections puis celle d'un référendum d'indépendance pour le Sud. Ce dernier scrutin est programmé pour janvier 2011.
La Ligue arabe ou encore l'Union africaine avaient également dépêché des observateurs au Soudan. Tous ont salué le déroulement du scrutin.
(Nouvelobs.com avec AP et AFP)
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