mardi 7 septembre 2010

Rwanda -Kagamé, maître des lieux pour 7 ans encore

(Le Pays 07/09/2010)
Après avoir vaincu sans péril et triomphé sans gloire, le président du Front patriotique rwandais (FPR), Paul Kagamé a été reconduit pour un nouveau bail à la tête de son pays. En effet, contre vents et marées, l’homme fort de Kigali a été investi hier comme président du Rwanda pour un mandat de sept ans. Et cela, à l’issue d’une élection d’où il est sorti "victorieux" avec 93,8% de voix.
A quoi d’autre pouvait-on s’attendre quand on sait que le Général a "balayé" proprement le boulevard qui le menait vers le palais présidentiel afin de pouvoir rouler tranquille ? En tout cas, tous ceux qui pouvaient, de près ou de loin, l’empêcher d’empoigner "sa chose" ont été écartés. Désormais, ces derniers et tous ceux qui ont fortement désapprouvé sa réelection, devront encore le supporter, à leur corps défendant, pour une durée de sept ans. Une première interrogation : au bout de ce mandat, le dernier, le général respectera-t-il la loi fondamentale de son pays qui veut qu’il aille "cultiver son jardin" comme l’a promis de faire son homologue malien Amadou Toumani Touré ? Difficile de répondre par l’affirmative. Il est d’autant plus difficile d’imaginer Kagamé céder le fauteuil présidentiel à un autre, d’autant qu’il érige la traque aux opposants en règle de gouvernance. Qui plus est, il semble vouloir emboîter le pas à ses pairs africains qui, pour se tailler une présidence à vie, soutiennent qu’il faut adapter la démocratie occidentale aux réalités et contextes africains.
Deuxième interrogation : sa forfaiture consommée, le numéro un rwandais va-t-il jouir pleinement et tranquillement de son mandat lors des sept ans à venir ? On peut en douter. Et cela pour deux raisons principales. Tout d’abord, cette élection qui s’est déroulée sur fond de répressions, de violences, de confiscations de libertés et de contestations, ne favorise guère un climat sociopolitique national apaisé. Kagamé aura sans doute du mal à réunir, dans un tel climat, tous les Rwandais autour de lui en vue de l’exécution de son programme septennal. Il y a en outre le rapport de l’ONU, fût-il encore provisoire, qui implique l’armée rwandaise dans le massacre de populations réfugiées en République démocratique du Congo. Ce rapport va-t-il le blanchir ou engager sa responsabilité dans ce drame ?
En attendant, Kagamé, ulcéré par le rapport onusien et plus maître-chanteur que jamais, menace déjà l’ONU de retirer ses troupes présentes au Darfour pour le maintien de la paix dans cette région. L’année 2010 qui tire inexorablement vers sa fin aura été une année électorale en Afrique. Mais quelles élections ! Très souvent des scrutins sur fond de contestations, suivies de répressions parfois sanglantes. Après le Togo, le Rwanda et le Burundi, à qui le tour ?
Boulkindi COULDIATI

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