jeudi 2 septembre 2010

Cote d`ivoire - Manoeuvres autour du 31 octobre: Gbagbo veut faire un passage en force / Les élections, un os dans la gorge de Gbagbo

(Le Patriote 02/09/2010)
Laurent Gbagbo est sûr de ne pas gagner la prochaine présidentielle, si celle-ci est organisée de façon juste transparente et démocratique. L’homme a compris que malgré toutes les manœuvres orchestrées par ses sbires, sa formation politique et lui restent minoritaires en Côte d’Ivoire. Et durant les dix dernières années, cette situation de désillusion n’a fait que s’accentuer pour le FPI et son leader. Plus un seul jour ne passe, sans que Laurent Gbagbo ne perde l’estime de ses derniers admirateurs. Ceux-là mêmes qui ont d’abord été fascinés par le discours de l’opposant de 1990, avant d’être lamentablement déçus par le chef de l’Etat de 2000. Cela, tout simplement, à cause de sa gestion calamiteuse des affaires de l’Etat. Conscient de cette situation, le président-candidat du FPI veut réagir. Il veut prendre le taureau par les cornes. Et pour cela, il faut aller vite. Mais la question qui se pose ici, c’est bien de savoir ce qu’il compte faire pour espérer rester au pouvoir après la date du 31 octobre, prévue pour le premier tour de l’élection présidentielle. En d’autres termes, que va faire Laurent Gbagbo pour se maintenir au pouvoir ?
Selon une source bien introduite au sein de la mouvance présidentielle, c’est bien cette question qui est le principal sujet à l’ordre du jour en ce moment au sein de la minorité présidentielle de Gbagbo. Et là-dessus, les avis sont unanimes : « il faut un passage en force ». Cependant, en quoi va consister ce passage en force ? « Il s’agira de rejeter tous les acquis du processus électoral, de sorte que les élections n’aient pas lieu. Et en ce moment-là, nous restons au pouvoir encore pour un bon bout de temps », soutient notre source. Une position bien confirmée par les récents agissements de Laurent Gbagbo et de ses proches. D’abord, la fameuse adresse du chef de l’Etat aux militaires, lors de la célébration du cinquantième anniversaire de la Côte d’Ivoire. Ce jour-là, Laurent Gbagbo a clairement indiqué aux patrons des hommes en armes que ceux-ci ne tenaient que par son pouvoir. « Si je tombe, vous tombez aussi », avait-il lancé aux généraux. Une façon très claire de dire à l’armée, ou du moins à une partie de l’armée, de se préparer à faire tout pour le maintenir au pouvoir. A Divo également, au cours de l’installation d’une section de la CRS dans cette localité, le président-candidat du FPI a ordonné aux policiers de « mater » tous ceux qui voudront « troubler » son pouvoir à travers des manifestations de rue. Un feu vert pour la répression contre l’opposition, en cette veille de l’élection présidentielle. Du côté de ses proches, le langage est le même. Sokouri Bohui, le fou du roi dans de telles circonstances, a été très clair : « Les militants du RDR n’ont pas été radiés par la justice, mais ils ne voteront pas ». Cette phrase, le chargé des élections du FPI l’a dite dans Notre Voie du samedi 28 septembre dernier, aux lendemains des procès ayant rejeté la quasi-totalité des demandes de radiation formulées par son parti. Le scénario de passage en force du FPI a été encore réaffirmé, le mardi dernier, par un des conseillers spéciaux de Laurent Gbagbo, en la personne du juge Sébastien Zahiri Ziki. Invité par la « Coordination des communicateurs citoyens bénévoles pour le plébiscite de Laurent Gbagbo », le Magistrat a révélé que le scrutin du 31 octobre 2010 ne se fera pas avec la liste établie par la Commission électorale indépendante (CEI). Mais plutôt avec une liste qui serait confectionnée par l’Institut national de Statistiques (INS), une structure dont le Directeur général est un homme de main du candidat du FPI. Enfin, au niveau de l’armée, les soldats-militants du FPI ne sont pas en reste. Les communiqués truffés de menaces sont devenus monnaie courante ces temps-ci.
Tout semble donc bien ficelé pour une prochaine confiscation du pouvoir. Reste une inconnue : la réaction du peuple ivoirien épris de paix et de démocratie. Et ce n’est pas une mince affaire.
Diawara Samou
Le FPI prépare un auto-coup
La date du 31 octobre a été choisie pour arbitrer les joutes présidentielles. L’annonce de cette date par le Premier ministre à l’issue du Conseil des ministres du 5 juillet dernier, a eu le mérite de ramener un peu de sérénité au sein de la population. Mais à l’approche de cette échéance, le camp présidentiel multiplie des sorties qui ont tendance à troubler cette quiétude. Selon toute vraisemblance, l’idée d’aller au vote n’enchante pas du tout le FPI et ses sicaires, qui semblent préparer quelque chose contre la démocratie. A preuve. Au moment où les Ivoiriens attendent, avec beaucoup d’impatience, d’aller aux urnes, contre toute attente, la Grande muette se fait entendre. Son porte-parole, le colonel-major Hilaire Babri Gohourou, dans une déclaration le vendredi 27 août dernier, accusait des « individus » de vouloir attenter à la sûreté de l’Etat. « Selon certaines informations en possession de l’Etat-major des armées, certaines personnes animées de mauvaises intentions, seraient en contact avec des ex-militaires radiés des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire, aux fins de commettre des assassinats et autres crimes dont les desseins restent inavoués », révèle cette déclaration. Et le porte-parole de poursuivre que « la mise à exécution d’un tel projet funeste » troublera l’ordre public et « compromettra les résultats déjà importants obtenus dans le processus de sortie de crise devant conduire le pays aux prochaines élections ». Avant de faire cette sévère mise en garde aux présumés putschistes : « Tous leurs agissements nuisibles et ceux de leurs commanditaires, trouveront une réponse adéquate de la part des forces de défense et de sécurité ». Quelques heures avant, le président Laurent Gbagbo qui procédait à l’inauguration de la troisième Compagnie républicaine de Sécurité à Divo lançaient des consignes claires aux policiers de la CRS 3 dans ce sens. « Vous êtes ici pour mater tous les ennemis de la République. Vous avez pour ennemis ceux qui veulent troubler les élections en Côte d’Ivoire », a-t-il conseillé. Le lendemain, interrogé à Mama à l’occasion de la visite des populations wê au président Laurent Gbagbo, Bertin Kadet, conseiller spécial du chef de l’Etat chargé de la défense et des questions militaires, a déclaré que « ceux qui préparent des coups doivent savoir que nous ne dormons pas et que nous les suivons, nous voyons leur dos ». On ne comprenait pas pourquoi le FPI et ses relais dans l’armée crient ainsi au loup au moment où la CEI déroule tranquillement son nouveau chronogramme, qui doit amener les Ivoiriens aux élections. Mais il a fallu la dernière sortie du conseiller spécial du chef de l’Etat chargé des religions, des traditions et de l’identification, Sébastien Zahiri Ziki, pour saisir le sens de cette frilosité. Mardi dernier, au cours des petits-déjeuners débats hebdomadaires initiés par la Coordination des communicateurs citoyens bénévoles pour le plébiscite de Laurent Gbagbo, le juge Sébastien Zahiri Ziki a révélé que le scrutin du 31 octobre 2010 ne se fera pas avec la liste qui sera établie par la Commission électorale indépendante. Mais plutôt avec une liste qui serait confectionnée par l’Institut national de Statistiques. Le sieur Zahiri sait qu’un tel complot contre le peuple de Côte d’Ivoire, qui a mis plus de cinq ans à se faire identifier pour s’offrir une liste électorale la plus consensuelle possible, passera difficilement. C’est pourquoi, il présage des « bouleversements » le jour du scrutin présidentiel, qu’il attribue au plan de sortie de crise que Dieu lui aurait révélé en 2008. Ces différentes sorties qui annoncent un scénario apocalyptique pour la Côte d’Ivoire à l’approche de l’élection présidentielle participe d’une stratégie d’ensemble dont la finalité est de saborder le processus de paix. Laurent Gbagbo et son clan, sentant les choses en train de mal tourner, entend effectuer un baroud d’honneur. La solution trouvée pour se sortir de cette mauvaise passe, est l’auto-coup d’Etat. Ces sorties visent à préparer les esprits à une pseudo-attaque contre le régime pour mieux justifier la chappe de plomb que le régime FPI s’apprête à faire abattre sur la Côte d’Ivoire pour confisquer le pouvoir. Il ne faut pas s’étonner qu’à quelques jours de l’élection présidentielle Laurent Gbagbo ou l’un de ses avoués au sein des Forces de défense et de sécurité, vienne sur le petit écran pour mettre sous le compte de l’opposition ou d’individus sortis de nulle part, des actions subversives que le régime FPI lui-même aura pris soin de planifier et d’exécuter. Les Ivoiriens sont donc avertis.
Jean-Claude Coulibaly
Manœuvres autour du 31 octobre: Les élections, un os dans la gorge de Gbagbo
Lentement mais sûrement, les conditions se réunissent pour que l’élection présidentielle se tienne effectivement le 31 octobre 2010. CEI, Forces nouvelles, classe politique, partenaires économiques, communauté internationale, tous mettent la main à la pâte pour que cette date soit enfin tenue. Le dernier acte fort en date dans ce sens, est la remise par le gouvernement Japonais du matériel de vote. Bien avant, les Forces nouvelles ont donné un signal fort de leur engagement pour la tenue des élections à la date convenue, en achevant l’encasernement de leurs ex-combattants. De son côté, l’Union européenne s’est engagée à garnir le basket-funds mis en place pour les élections. Le gouvernement ivoirien a déjà mis de côté une cagnotte de 40 milliards de nos francs pour la même cause. Les candidats, y compris Gbagbo lui-même, sont en campagne. Le 31 octobre 2010 est une date constitutionnelle. Que reste-t-il encore à Gbagbo pour ne pas aller aux élections à cette date ? Rien ! Absolument rien ne s’oppose désormais à la tenue de l’élection présidentielle, le 31 octobre 2010. Mais, il n’y a pas plus aveugle que celui ou celle qui refuse de voir. Le FPI et ses alliés qui ont habitué les Ivoiriens à des revirements aussi spectaculaires que déconcertants, n’ont certainement plus d’arguments pour justifier leur fuite en avant permanente relativement aux élections. Comme un gros os dans la gorge, les élections constituent aujourd’hui une vraie équation pour Gbagbo. Il joue sur plusieurs tableaux. Il tente d’organiser sa campagne autour des thèmes nationalistes apparemment désuets. Au même moment, il essaie de justifier son bilan « calamiteux » par la crise politico-militaire. Parfois, constatant que son discours nationaliste ne prend pas, le candidat du FPI se lance dans des diatribes et même des menaces contre ses adversaires pour rester collé à sa philosophie selon laquelle « le pouvoir se prend dans la sueur, sous le soleil, sous la pluie », au détriment donc des idées et programmes. Ainsi, ces derniers jours, ses sorties médiatiques se suivent et se ressemblent. Des sorties au cours desquelles le candidat du FPI à la prochaine élection présidentielle apparaît parfois offensif, parfois hésitant sur la date du 31 octobre 2010. A Blockhauss, le 20 août dernier, tout comme à Divo, le discours du candidat Laurent Gbagbo traduit l’état d’âme de quelqu’un qui a accepté d’aller aux élections à son corps défendant. Dérisions, critiques acerbes assorties de mises en garde sévères contre les « ennemis » fantômes de la Côte d’Ivoire qui voudraient porter atteinte à « l’ordre public », le candidat du FPI fait feu de tout bois. Toute cette débauche d’énergie ou cette subite boulimie langagière du candidat de la Refondation est symptomatique d’un champion qui met son titre en jeu mais qui est hanté par sa défaite qu’il sait inéluctable. Attitude d’autant plus paradoxale chez Gbagbo qu’il s’est toujours présenté comme un « enfant des élections ». Nonobstant les apparences affichées et les attitudes provocatrices de ses lieutenants à l’égard de l’opposition politique, le candidat de la Refondation redoute la date du 31 octobre 2010 qui lui a été pourtant suggérée par son très influent « conseiller spirituel », Zahiri Ziki. En vérité, au soir de la longue et harassante transition politique qui a commencé le 23 janvier 2003 à la signature de l’accord politique de Marcoussis, Laurent Gbagbo vit un véritable dilemme. Soit laisser organiser les élections proprement qu’il est sûr de perdre, et entrer dans l’histoire par un passage de témoin en douceur. Soit tenter un passage en force et exposer le pays à des aventures inextricables. Face à cette situation, les manœuvres dilatoires sont concoctées par les officines du FPI pour saper le processus électoral.
La goûte d’eau qui ferra déborder…
Depuis le début de la crise, c’est malheureusement ce que donne à constater le FPI. La majorité des Ivoiriens, avec eux l’ensemble des observateurs ainsi que les partenaires au développement, n’ont que trop subi de la part de Laurent Gbagbo et ses partisans. Dernière manœuvre en date, c’est la tentative de faire croire que la liste électorale en phase de finalisation n’en est pas une. Car, affirme le « prophète » de Gbagbo, l’inénarrable Zahiri Ziki, que « nous irons aux élections avec une autre liste électorale et dans les conditions prévues par notre constitution ». Il tiendrait cette révélation de Dieu. Ballon d’essai ou vrai projet diabolique d’un prestidigitateur ? On n’en sait trop rien. Cependant, il est regrettable de constater que le destin de toute une nation soit soumis aux appétences d’un conseiller, fût-il celui du chef de l’Etat. C’est le même personnage qui avait suggéré à Gbagbo la dissolution du Gouvernement et de la CEI en février 2010, selon, avait-il dit, « un plan de Dieu ». La suite, on la connaît. Une autre grosse manœuvre non moins révoltante, c’est l’immixtion du candidat Gbagbo dans le choix de l’entreprise qui doit imprimer les bulletins de vote. Il veut imposer l’imprimerie nationale qui s’est pourtant déclarée incompétente de le faire au vu des exigences techniques que requiert la fabrication du document en question. Par la même occasion, l’Union européenne s’est engagée à financer totalement le bulletin de vote tout comme le Japon a fourni le matériel de vote. Si Gbagbo insiste dans son projet, ce sera sûrement la goûte d’eau qui ferra déborder le vase de la grande patience, l’esprit de conciliation et de responsabilité dont les opposants ont toujours fait preuve. L’opinion nationale et internationale aura tant compris les fioritures politiciennes de Gbagbo et ses partisans pour ne pas aller aux élections, que personne ne les suivra dans cette autre aventure.

Ibrahima B. Kamagaté
© Copyright Le Patriote

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire