mercredi 8 septembre 2010

Afrique centrale : vers un rapprochement entre les bourses de Douala et de Libreville

(Les Afriques 08/09/2010)
Une mission de la Banque africaine de développement (BAD) mène actuellement une expertise dont l’objectif est d’aboutir au rapprochement des deux bourses pour en faire un marché financier véritablement régional et intégré.
Dix ans après la création concomitante de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC), dont le siège se trouve à Libreville, au Gabon, par les chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), ainsi que de la Bourse nationale des valeurs mobilières du Cameroun, la Douala Stock Exchange (DXS), suite à une décision souveraine des autorités camerounaises, l’harmonisation des deux marchés financiers reste et demeure au centre des préoccupations. Un rapprochement qui s’expliquerait par l’étroitesse du marché sous-régional, dont les potentialités actuelles ne permettraient pas de disposer pertinemment de deux marchés financiers en son sein.
Financements gigantesques
Depuis quelques années, la Commission de surveillance du marché financier d’Afrique centrale (COSUMAF) multiplie des initiatives permettant de déboucher, si ce n’est à une fusion pure et simple des deux places boursières, tout au moins à un rapprochement qui devrait consacrer la complémentarité des deux marchés financiers. Une vision partagée, entre autres, par les chefs d’Etat d’Afrique centrale lors de leur sommet à Bangui en janvier 2010, ou mandat a été donné aux experts d’y mener une réflexion approfondie.
Par cet acte, « les chefs d’Etat réaffirment leur volonté de renforcer l’intégration financière en Afrique centrale en organisant au mieux le marché financier afin qu’il soit plus grand et capable de servir les objectifs pour lesquels notre regroupement économique a voulu se doter d’un marché financier, à savoir mobiliser l’épargne et optimiser son utilisation en la canalisant vers le marché financier, diversifier les sources de financement des entreprises et des Etats, et baisser les coûts des capitaux », a expliqué Alexandre Gandou, le président de la COSUMAF.
« Le rapprochement des deux places boursières n’est pas un choix, mais une nécessité dictée par la volonté politique d’intensifier et de consolider l’intégration économique et financière des pays de l’Afrique centrale. »
Il y a quelques jours, ce dernier indiquait, fort opportunément, au quotidien gouvernemental Cameroon-Tribune que « le bilan du démarrage du marché financier est certes positif, mais il faut faire plus et mieux au cours de la décennie à venir, période cruciale marquée par le financement du programme économique « PER » articulé autour de 31 projets intégrateurs, dont le besoin de financement est estimé à 20 000 milliards FCFA ». Cet exemple, a-t-il insisté, démontre l’ampleur des capitaux à mobiliser et dont une partie significative s’obtiendra en recourant au marché financier régional. Pour en arriver là, il va falloir dépasser les égos personnels et œuvrer ensemble pour que ce marché financier soit véritablement régional et intégré. In fine, s’est-il montré ferme, « le rapprochement des deux places boursières n’est pas un choix, mais une nécessité dictée par la volonté politique d’intensifier et de consolider l’intégration économique et financière des pays de l’Afrique centrale ».
Situation complexe.
Au regard de la complexité du sujet, et par souci de transparence devant permettre de consacrer le rapprochement des deux places boursières, la COSUMAF a sollicité l’expertise de la Banque africaine de développement (BAD) pour une assistance technique et financière. L’institution financière continentale, qui a donné son accord pour appuyer ce processus, a effectué une mission préparatoire en se rendant à Libreville et à Douala, il y a quelques jours, pour des entretiens préliminaires avec les institutions impliquées dans la conduite de ce projet, et a suggéré l’implication des deux régulateurs de la Bourse régionale et de la Bourse nationale du Cameroun, en l’occurrence, la COSUMAF et la CMF (Commission du marché financier). Les premiers échanges plaident pour l’optimisme, rejoignant ainsi les recommandations du comité ministériel de l’Union monétaire africaine (UMAC), ainsi que les orientations des chefs d’Etat qui, après Bangui en Centrafrique en janvier 2010, ont réitéré la nécessité pour l’Afrique de disposer d’une seule bourse régionale au cours de leur sommet extraordinaire le 7 juin dernier à Brazzaville, au Congo.
Le mandat donné à la BAD, qui devrait s’achever en août prochain, consiste d’une part à réaliser une étude de faisabilité du rapprochement des deux marchés, couvrant notamment les aspects opérationnels, financiers, fiscaux et tarifaires, et d’autre part à harmoniser le cadre réglementaire des deux marchés, c’est-à-dire les opérateurs et les institutions.
Au terme de cette mission, la BAD produira un rapport diagnostiquant la situation des deux marchés financiers et proposera certainement une solution pour le rapprochement des deux bourses, harmonisant le cadre réglementaire des textes régissant les deux marchés financiers de l’Afrique centrale.
Pour Alexandre Gandou, « le schéma qui produira la réunification des deux bourses donnera une architecture de notre marché financier de l’Afrique centrale qui sera plus simple et efficace ».

Achille Mbog Pibasso, Douala
06-09-2010
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