lundi 13 septembre 2010

REBELLION AU BURUNDI: Nkurunziza paye pour son entêtement

(Le Pays 13/09/2010)
Ça y est ! Après avoir semé le vent, l’heure de la récolte de la tempête a sonné pour Pierre Nkurunziza. Un policier et quatre civils tués : c’est le résultat d’un affrontement survenu dans la nuit du 10 au 11 septembre dernier au nord et au centre du Burundi. Certes, comme l’ex-président Mamadou Tandja du Niger, s’agissant des rebelles touaregs, Nkurunziza a vite qualifié de bandits armés non encore identifiés, ceux qui sont à l’origine de cette attaque sanglante.
Mais pour de nombreux observateurs, il s’agit bel et bien d’une "nouvelle rébellion" qui refait surface au Burundi. Une politique de l’autruche mal à propos, qui risque de compliquer davantage le climat sociopolitique de ce pays qui sort d’une guerre civile des plus horribles qui soient. Plutôt que de jouer à ce jeu pour le moins périlleux, le maître de Bujumbura devrait avoir le courage de se poser cette question à la fois urgente et fondamentale : qu’est-ce qui menace à nouveau la stabilité sociopolitique de son pays ?
Et s’il cherchait encore en vain la réponse à cette interrogation, Nkurunziza devrait savoir que l’unique et l’univoque qui s’y dégage est qu’il a, comme nous l’avions déjà souligné dans nos précédentes parutions, érigé la traque aux opposants, la confiscation des libertés, le bâillonnement de la liberté de la presse en règle de gouvernance. Pour tout dire, le président burundais paye pour son entêtement à vouloir régner en maître absolu dans son pays. Et pourtant, l’ex-rebelle burundais, devenu président de son pays par la force des choses, n’est pas le dernier à savoir que le recours à la violence, aux armes surtout, pour se faire entendre, reste l’un des derniers recours des opprimés.
En tous les cas, pour avoir ramé à contre-courant des valeurs démocratiques, Nkurunziza achève de donner raison à tous ceux qui disaient qu’il a la nostalgie du régime d’exception où la raison des muscles et de la Kalachnikov a droit de cité. Nkurunziza déroute par son attitude d’autant qu’il avait laissé croire qu’il était venu aux affaires pour instaurer la paix au Burundi. Qui plus est, il avait invité le peuple ivoirien, Gbagbo en premier lieu, lors d’un de ses passages en Côte D’Ivoire, à suivre l’exemple du Burundi pour sortir définitivement de la crise. Pour sûr, le modèle ivoirien de sortie de crise serait calqué sur celui du Burundi que la Côte d’Ivoire s’en porterait très mal.
Toujours est-il que cette résurgence de la violence montre à suffisance que la réélection de Nkurunziza pose plus de problèmes qu’il n’en résout. Hélas, le cas du président burundais vient allonger la liste des dirigeants africains, militaires ou rebelles armés, qui viennent au pouvoir en libérateur mais qui finissent par se transformer en dictateurs. Il donnent raison à ce penseur africain, Sony Labou Tamsi, pour qui, un militaire qui dit s’être converti en démocrate après avoir pris le pouvoir par les armes, est comme une vipère d’apparence inoffensive parce qu’elle vit dans des fleurs.
En tout état de cause, l’attaque récente est la chronique annoncée d’un lendemain incertain pour le Burundi. Nkurunziza doit accepter cette évidence et travailler à une réconciliation nationale pour une stabilité sociopolitique dans son pays qui a tant souffert.
Boulkindi COULDIATI

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