vendredi 3 septembre 2010

Mauritanie -

La stratégie contre Al-Qaïda, les relations avec la France, le Mali et les autres voisins, la lutte contre la pauvreté, le rôle de l’opposition, la place des Négro-Africains... Un an après son élection à la présidence, l’ancien général livre sa part de vérité.
Mohamed Ould Abdelaziz est là où on ne l’attend pas. En 2008, la communauté internationale avait rechigné à fraterniser avec ce putschiste qui, comme tant d’autres, promettait de « sauver la démocratie ». Depuis son élection à la présidence, en juillet 2009, il est dans les petits papiers des bailleurs de fonds et, vu de France, un allié sûr contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Pendant un an, « Aziz » a ignoré les nombreux appels au dialogue de l’opposition, avant de recevoir son chef de file, Ahmed Ould Daddah, le 26 juillet. Préférant se frotter au peuple plutôt qu’aux médias, il s’est tout de même prêté en direct, le 4 août, à un jeu de questions-réponses face à des journalistes. Ses intentions sont indéchiffrables. Maaouiya Ould Taya, que Mohamed Ould Abdelaziz a renversé en août 2005 (tout en laissant le fauteuil présidentiel à son cousin, Ely Ould Mohamed Vall), fut le premier étonné d’apprendre le nom de son tombeur. Depuis près de vingt ans, le colonel (son grade à l’époque) discret, voire taiseux, veillait au grain à la tête du Bataillon de la sécurité présidentielle sans montrer d’appétit pour le pouvoir.
Depuis son putsch, en août 2008, et plus encore depuis son investiture, il y a tout juste un an, quelques traits de caractère se sont révélés : « Aziz » est un homme d’action. Sur le chantier d’une route, d’un campus universitaire, à Nouakchott et à l’intérieur du pays, il a posé beaucoup de « premières pierres » (ce qui lui a valu au passage le surnom de « président du béton »). Promettant bien sûr de ne pas en rester là, il est attendu au tournant. Les électeurs n’ont pas oublié son slogan de campagne, le « président des pauvres » Autre trait distinctif : l’omniprésence. Des travaux de réfection d’un bâtiment public à l’équipement d’un hôpital, le chef de l’État se mêle de tout et ne s’en cache pas. Des membres de l’opposition voient là le signe d’une concentration des pouvoirs. Lui jure vouloir éviter les dérives. Avec un budget excédentaire, de nombreux chantiers d’infrastructures et un début d’ouverture sur l’opposition, son premier bilan plaide en sa faveur. Mais ce sont les quatre prochaines années de son mandat qui diront si l’expression en vogue de « coup d’État démocratique » a un sens.
Jeune Afrique : Le 22 juillet, les armées mauritanienne et française ont mené un raid contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Mali. Quand et comment cette opération a-t-elle été programmée ?
Mohamed Ould Abdelaziz : Quand nous sommes attaqués, nous songeons toujours à réagir. Il y a plus de six mois, des informations concordantes nous ont indiqué que des éléments terroristes à l’extérieur de notre territoire préparaient une attaque contre la Mauritanie. Nous avons commencé à nous préparer, mais nous avons retardé notre intervention à plusieurs reprises, car nous ne voulions pas mettre en danger la vie des otages détenus par Aqmi. Puis ces informations se sont précisées, et il est apparu que la base de Bassiknou [dans le sud-est du pays, NDLR] était visée. Le 22 juillet, nous ne pouvions plus attendre. Le camp des terroristes se trouvait à 170 km à vol d’oiseau de nos frontières. Il fallait les empêcher de s’en approcher.
Avez-vous informé Nicolas Sarkozy de cette menace lors de votre séjour à Paris, le 14 juillet ?
J’étais à Paris pour assister aux cérémonies du 14 Juillet, c’est tout.
Mais vous avez eu un entretien privé avec lui le 14 juillet au matin. Lui en avez-vous parlé à ce moment-là ?
Non, pas forcément.
C’est-à-dire ?
Je ne m’en souviens pas. Je ne suis pas le seul chef d’État à avoir eu des entretiens avec lui à cette occasion.
Avez-vous signalé à la France qu’il était possible que l’otage Michel Germaneau se trouve dans ce camp ?
Non, nous n’avons jamais discuté avec les Français de la présence éventuelle de Germaneau. Ils ont leur propre réseau d’informations.
Ce raid franco-mauritanien entre-t-il dans le cadre d’un accord de coopération ?
Il n’y a pas eu de raid franco-mauritanien, mais une action menée par la Mauritanie contre un camp de terroristes.
La France n’a donc joué aucun rôle ?
Non, ce n’est pas ce que j’ai dit. La France nous a apporté des renseignements, ainsi qu’un soutien logistique. Mais c’est tout.
Aucun militaire français n’était donc présent sur les lieux de l’opération ?
Non, aucun. D’ailleurs, hormis les six instructeurs basés à Atar, il n’y a aucune autre présence militaire française en Mauritanie.
Le président malien, Amadou Toumani Touré, a-t-il été précisément informé du raid, qui a eu lieu sur son territoire ?
Oui, il a bien été informé.
Avant ou après ?
À temps.
C’est-à-dire ?
Le président malien a toujours été tenu informé et a toujours appelé la Mauritanie à intervenir. Après l’attaque d’Aqmi contre l’Algérie [le 30 juin, NDLR], il a demandé aux Algériens de poursuivre les assaillants sur son territoire. Lorsque trois Espagnols ont été enlevés en Mauritanie [en novembre 2009, NDLR], nous avons parlé au téléphone. Il m’a dit qu’il m’autorisait à venir à tout moment. Les Maliens sont informés de tout ce que nous faisons.
Entretenez-vous de bonnes relations avec Amadou Toumani Touré ?
Il est vrai que lorsqu’il a libéré un djihadiste mauritanien [avec un Burkinabè et deux Algériens, en février, NDLR] en échange de l’otage français Pierre Camatte, nous l’avons très mal pris. Nous sommes toujours à la recherche de ce terroriste. Il a regagné Aqmi dans le Nord-Mali. Mais nous ne pouvons pas camper sur cette position. Nous comprenons aussi l’attitude des Maliens. Leur vision des choses ne cadre pas avec la nôtre, mais nous devons la respecter. J’ai souvent rencontré le président malien depuis.
Dans ce cas, quand votre ambassadeur, que vous avez rappelé en février, retournera-t-il à Bamako ?
Bientôt. Mais la coopération entre les deux pays n’a jamais pâti de cette absence.
Aura-t-il repris son poste début 2011 ?
Peut-être même avant.
Pourquoi êtes-vous opposé à l’élargissement de prisonniers en échange de la libération d’otages ?
C’est un principe. Je ne reconnais pas les terroristes, je ne traite pas avec eux. Libérer des prisonniers et payer des rançons, c’est une manière d’encourager leur folle lutte.
Certains chefs d’État pourraient pourtant vous y inciter en vous proposant une contrepartie.
La Mauritanie est peut-être un pays pauvre, mais nous n’accepterons jamais les pressions. Jamais nous ne traiterons ou ne négocierons avec les terroristes, quel que soit le pays qui nous le demande. Les États européens dont des ressortissants sont aujourd’hui otages respectent notre position.
Votre réponse militaire au terrorisme est passée par la formation de patrouilles spéciales et un contrôle des frontières. Quelle est la prochaine étape ?
Autrefois, nos frontières étaient poreuses. Désormais, tout étranger qui entre en Mauritanie sans passer par les postes frontières est arrêté. Nous avons aussi constitué des unités adaptées avec pour mission de surveiller l’ensemble du territoire. Elles ont mis fin aux incursions terroristes. En outre, nous avons décidé de ne plus rester chez nous. S’il est nécessaire de franchir une frontière pour contrer une éventuelle attaque, nous le faisons. Et, plus globalement, nous avons intégré nos forces à celles de l’Algérie, du Niger et du Mali dans le cadre du commandement unifié de Tamanrasset. La coopération entre États est nécessaire.
Ne conviendrait-il pas que le Maroc rejoigne cette nouvelle structure ?
Ce serait une bonne chose. Les Mauritaniens représentent une part importante des combattants d’Aqmi. Comment l’expliquez-vous ?
Les Mauritaniens ne sont pas les seuls, et ils jouent un rôle secondaire. Ce sont le plus souvent des jeunes de 17, 18 ans. On leur fait croire qu’ils vont participer à la libération de l’Irak et de l’Afghanistan.
La jeunesse mauritanienne n’est-elle pas plus sensible à ces promesses que la jeunesse malienne ?
Je ne le crois pas. Les facteurs qui amènent les jeunes à s’engager dans le djihad sont communs à tous les pays. C’est souvent le désœuvrement. La plupart n’ont pas terminé l’école et sont de petits délinquants.Y a-t-il des combattants affiliés à Al-Qaïda sur le territoire mauritanien ?
Oui, mais ils sont en prison.
Trois jeunes ont été condamnés à mort en mai dernier après avoir été déclarés coupables de l’assassinat de quatre touristes français, en 2007. Seront-ils exécutés ?
Leur condamnation n’est pas définitive, car ils ont fait appel. Nous attendons donc qu’ils soient rejugés.
Au mois de janvier, un dialogue a eu lieu entre des oulémas et des prisonniers salafistes. Certains se sont repentis. Quel sera leur sort ?
Il faut attendre, car la plupart d’entre eux n’ont pas encore été jugés. Nous verrons ensuite ce qui peut être fait. Nous comprenons la situation de ces jeunes. Ils sont perdus et ont été embarqués dans des combats qui ne les concernent pas.
Si la justice a le dernier mot, quelle aura été l’utilité de ce dialogue ?
On en tiendra compte après les jugements. Libre à moi de les gracier en tant que président. C’est aussi un message que nous lançons aux jeunes Mauritaniens qui se trouvent de l’autre côté. S’ils se rendent, ils pourraient bénéficier de circonstances atténuantes.
La Mauritanie est entourée de deux frères ennemis, le Maroc et l’Algérie. Avez-vous choisi un camp ?
Oui, celui de la Mauritanie. Nous restons à équidistance de leurs problèmes. Tout ce que nous pouvons faire, c’est rapprocher nos frères maghrébins pour aller dans le sens de la construction du Grand Maghreb.
Les visites marocaines en Mauritanie sont pourtant plus nombreuses que les visites algériennes. Au lendemain de votre coup d’État, en août 2008, le roi Mohammed VI avait notamment envoyé un émissaire, ce qui n’a pas été le cas de l’Algérie.
Il n’y a pas plus de rapports avec un pays qu’avec l’autre. Et si c’est le cas, cela ne signifie pas que c’est au détriment de l’autre. Nous avons de très bons rapports avec les deux pays.
Une visite de Mohammed VI est-elle prévue en Mauritanie ?
En tout cas, je vais peut-être aller au Maroc. Je ne sais pas précisément quand, mais c’est un projet. J’irai aussi en Tunisie et en Algérie.
Le « Guide » libyen, Mouammar Kaddafi, vous a beaucoup soutenu au lendemain de votre coup d’État. Quels rapports entretenez-vous avec lui ?
Ils sont très bons.
Vous a-t-il apporté un soutien financier en échange de la fermeture de l’ambassade d’Israël ?
Ce sont des histoires. Nous n’avons reçu aucun soutien financier de qui que ce soit durant cette période. Pas un seul dollar. Nous avons gelé, puis rompu les relations avec Israël pour répondre au désir du peuple mauritanien, c’est tout.
La rupture est-elle définitive ?
Encore faut-il que les raisons qui y ont conduit, l’occupation des territoires arabes et de la Palestine, disparaissent. Par ailleurs, le peuple mauritanien avait jugé trop rapide l’instauration de relations avec Israël, lesquelles n’étaient pourtant pas nécessaires, car elles ne servaient pas l’intérêt de la Mauritanie. L’ambassade d’Israël a existé ici pendant dix ans, mais il n’y a jamais eu de relations de fait, sinon la présence de l’ambassade et du drapeau israéliens.
Des États ont-ils exercé des pressions en vue de la reprise des relations ?
La Mauritanie est un État souverain. Je n’accepte pas les pressions. Nous ne monnayons pas nos relations. Certains pays européens nous ont interrogés sur la reprise, mais c’est tout. La plupart respectent notre position
rendu en Iran, au Venezuela, en Azerbaïdjan. Que faites-vous de votre environnement immédiat ?
Je n’ai aucune préférence particulière. Nous cherchons à entretenir des rapports équilibrés avec chacun. Ce qui compte, c’est l’intérêt de la Mauritanie.
Quels rapports entretenez-vous avec Nicolas Sarkozy ?
De très bons rapports, de chef d’État à chef d’État, mais aussi d’amitié. Nous nous sommes rencontrés et avons discuté au téléphone à plusieurs reprises.
L’avocat franco-libanais Robert ­Bourgi a-t-il joué un rôle dans l’évolution de la position française au lendemain de votre coup d’État ?
Je l’ai déjà rencontré à Nouakchott et à Paris, mais je ne sais pas s’il est intervenu, et d’ailleurs je ne connais pas son influence en France. Beaucoup de pays, dont la France, ont d’abord condamné le coup d’État, puis ont fini par accepter la situation. Mais c’était un problème mauritanien, qui a été dénoué en Mauritanie.
Vous avez reçu le chef de l’opposition, Ahmed Ould Daddah, le 26 juillet. C’était la première fois depuis votre investiture. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?
J’ai été élu après la conclusion d’un accord que j’ai respecté. Mais l’opposition n’a pas reconnu mon élection. Je n’ai donc jugé ni utile ni nécessaire de la recevoir. Elle a par la suite reconnu qu’elle était dans l’erreur.
Comment avez-vous perçu les déclarations récentes du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, appelant à la chute de votre régime ?
J’ai écouté ses déclarations, mais pour moi, elles ne peuvent rien changer. La chute d’un régime ne se décrète pas à partir de la rue.
Êtes-vous prêt à le recevoir ?
Oui, je suis prêt à le recevoir. Il faut que l’on dépasse les blocages pour faire avancer les choses et aider l’opposition à jouer son rôle. Elle le joue aujourd’hui de manière négative en critiquant systématiquement. Je ne lui demande pas d’applaudir à tout, mais elle doit respecter les institutions.
Vous avez déclaré avoir fait un coup d’État pour « sauver la démocratie ». Considérez-vous avoir réussi ?
Les droits de l’homme sont respectés, la liberté de la presse est totale, nous combattons la corruption et la gabegie. Il reste beaucoup de choses à faire. Mais nous sommes en train de mettre le pays en chantier.
Un journaliste, Hanevi Ould Dehah, a pourtant été arrêté.
Je n’ai jamais fait arrêter de journalistes. Hanevi a été arrêté alors que je n’étais plus au pouvoir, après que j’ai démissionné pour me porter candidat à la présidentielle.
Mais après votre élection, il a été détenu de façon arbitraire.
Il était alors entre les mains de la justice. Vous ne pouvez pas me demander à la fois de respecter la séparation des pouvoirs et de le faire libérer.
Avez-vous vu votre prédécesseur depuis votre élection ?
Lequel ? Ils sont nombreux.
Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
Jamais, sinon une fois à la télévision, sur Al-Jazira, où il parlait de son passé de chef d’État.
Avez-vous des contacts avec Ely Ould Mohamed Vall ?
Aucun.
Et avec Maaouiya Ould Taya ?
Je n’en ai eu aucun depuis son départ, en août 2005.
Avec sa famille ?
Non plus, elle n’est jamais revenue en Mauritanie.
Il est en exil au Qatar. Pourrait-il revenir en Mauritanie ?
Je ne peux interdire à aucun Mauritanien de revenir chez lui.
N’aurait-il pas à craindre pour sa sécurité ?
En tout cas, mon souci pour sa sécurité serait le même que pour les autres Mauritaniens.
Vous êtes omniprésent, alors que votre gouvernement est très discret. Gouverne-t-il vraiment ?
Je suis obligé de suivre ce qui se fait avec précision. Il a souvent manqué à ce pays un président qui se soucie des détails. C’est ainsi qu’on a laissé faire la gabegie et la corruption. Je dois donc tout contrôler moi-même
Vous n’avez aucun homme de con­fiance ?
J’en ai. Mais pour surveiller la gestion, il faut être au plus près. C’est pour moi une manière de remettre de l’ordre dans le pays.
Envisagez-vous un remaniement ?
Je ne l’ai pas encore programmé.
Cela signifie-t-il qu’il est prévu ?
Les remaniements sont réguliers dans tous les pays. Les présidents sont élus pour une durée déterminée, mais les ministres peuvent ne rester en poste qu’un mois ou deux. Ils doivent toujours s’attendre à un remaniement, c’est le message que je leur envoie.
Depuis 1978, l’armée est une source de déstabilisation en Mauritanie. Comment vous en prémunissez-vous ?
J’évite de faire ce que les autres ont fait, c’est-à-dire de laisser s’installer la corruption et l’insécurité. Il faut aussi soigner l’armée. Dans le passé, elle a été délaissée. Elle ne s’occupait plus de sa mission essentielle. Elle a donc fait de la politique.
Vous vous dites vigilant avec la corruption. Allez-vous remplir votre déclaration de patrimoine ?
Je suis en train de faire le nécessaire.
Possédez-vous un appartement à Paris ?
Je ne suis pas au courant !
« Le président des pauvres » était votre slogan de campagne. Mais vous n’annoncez aucun programme. Qu’allez-vous faire ?
Lutter contre la pauvreté, c’est lutter contre le chômage. Plusieurs centaines de milliers d’étrangers travaillent en Mauritanie. Ils ne peuvent être remplacés que par un personnel formé. Mais aujourd’hui, notre système éducatif forme des chômeurs. Nous sommes donc en train de l’adapter aux besoins du pays. Il nous faut des techniciens. Nous avons ciblé six centres de formation que nous sommes en train de restructurer, à Nouakchott et à l’intérieur du pays. Nous avons porté la durée de formation à deux ans, car elle était trop limitée. Il faut aussi repenser l’agriculture et décentraliser. Une usine de production laitière va être installée à l’intérieur. Nous importons pour 60 à 80 millions de dollars de produits laitiers par an, alors que nous avons la possibilité de produire et d’exporter. Avec les hôpitaux que nous sommes en train de construire, ce sont quelques exemples de projets structurants.
La production pétrolière n’est pas aussi prometteuse que prévu. Faut-il encore y croire ?
Des gisements offshore attendent d’être exploités. Trois grandes sociétés conduisent des recherches onshore. L’avenir de la Mauritanie est pétrolier, c’est certain. Mais il est aussi minier. D’ici trois à cinq ans, le pays sera parmi les premiers producteurs d’or en Afrique. Pour la seule mine de Tasiast, la production a été doublée en un an. À Akjoujt, nous allons produire de l’or et du cuivre. D’ici trois ou quatre ans, la Société nationale industrielle et minière [Snim, NDLR] produira 15 à 16 millions de tonnes de fer par an.
Mais hormis la Snim, ces richesses sont exploitées par des sociétés étrangères. Que comptez-vous faire pour que les revenus n’échappent pas à la Mauritanie ?
Tous les projets d’accords ont été révisés dans l’intérêt du pays. Les redevances sur les permis de recherche ont été presque multipliées par dix. Les royalties ont augmenté également. Mais nous ne pouvons pas être trop gourmands, car nous devons attirer les investisseurs. Je ne ferai pas comme certains dirigeants sud-américains.
La langue officielle de la Mauritanie est l’arabe. Mais la plupart des Négro-Africains ne la parlent pas. Comment faire pour qu’ils se sentent intégrés ?
Les Négro-Africains sont chez eux en Mauritanie. Il n’y a aucune distinction entre les Mauritaniens. Mais il faut dépasser cette histoire de langue. Ce doit être un moyen de communication et non l’expression d’une identité ou un motif de déstabilisation.
Ne faut-il pas instaurer une discrimination positive ?
Je comprends les Négro-Africains. Ils ont connu de douloureux problèmes ces deux dernières décennies. S’ils se sentent exclus, c’est à raison. Aujourd’hui, nous nous occupons d’eux d’une manière toute particulière. Les réfugiés ont pu rentrer chez eux.
Mais beaucoup sont encore logés dans des abris de fortune, et d’autres ne parviennent pas à récupérer leurs terres.
Ce n’est pas nécessairement lié à leur situation d’anciens réfugiés. Beaucoup de Mauritaniens vivent dans le dénuement. Nous avons une agence qui fait très bien son travail. Et nous projetons des aménagements dans la Vallée [du fleuve Sénégal, NDLR], où vit une grande partie d’entre eux.
Comptez-vous reconnaître la Cour pénale internationale ?
C’est un problème qui trouvera une réponse au moment où nous le jugerons nécessaire. Y a-t-il la justice et l’équité de l’autre côté ? On peut faire des choses justes à l’intérieur des États.
Allez-vous partir en vacances ?
Non, je vais continuer à travailler.
Quels sont vos loisirs ?
Le footing, le matin, pour me préparer. Et puis le repos, dans ma maison, en Inchiri.
Quel est votre livre de chevet ?
Cela fait au moins trois mois que je n’en ai pas eu. Sinon des rapports et des documents de l’administration.
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