jeudi 16 septembre 2010

Guinée -Report du second tour de la présidentielle en Guinée

(Xinhuanet 16/09/2010)
CONAKRY -- Les autorités guinéennes ont annoncé mercredi le report du second tour de la présidentielle prévu dimanche, semant de nouveau une incertitude sur l'avenir politique du pays.
Le gouvernement guinéen avait décidé dimanche de suspendre "provisoirement" la campagne électorale pour le second tour de l'élection présidentielle en attendant une rencontre avec les deux candidats prévue ce lundi à Conakry après les affrontements de deux jours entre les militants des camps qui ont fait un mort et plusieurs blessés.
A l'issue d'un conseil des ministres "extraordinaire" tenu dimanche, le gouvernement a décidé "au vu de la gravité" des événements que "la campagne électorale est provisoirement suspendue en attendant l'issue de la rencontre prévue lundi entre le gouvernement et les deux candidats", selon un communiqué lu à la radiotélévision nationale par le porte-parole du gouvernement, le ministre de la Communication, Aboubacar Sylla.
Le gouvernement qui a également interdit toutes les manifestations publiques menace de poursuites judiciaires tous les individus pris en flagrant délit de destruction de biens publics ou qui violeraient l'interdiction de manifester.
Les partisans de Cellou Dalein Diallo et d'Alpha Condé, les deux candidats en lice pour le second tour de l'élection présidentielle, se sont affrontés dans la capitale guinéenne, notamment dans le quartier de Hamdallaye, à coups de pierre et ont saccagé des véhicules.
Les forces de l'ordre ont dû user de gaz lacrymogène pour disperser les militants des deux partis qui se rejettent la responsabilité des violences.
Selon le gouvernement, les affrontements de samedi et dimanche ont fait un mort, 50 blessés et d'importants dégâts matériels.
Lundi, un calme précaire régnait à Conakry, a constaté l'agence Xinhua sur place.
Les violences interviennent au lendemain de la condamnation jeudi à un an de prison pour "fraude électorale" du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Ben Sékou Sylla, et de son vice-président chargé de la planification, El Hadj Boubacar Diallo, sur plaine déposée par le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d'Alpha Condé.
"La décision vise à provoquer l'implosion de la CENI et par conséquent à faire reporter le processus électoral de sorte que le second tour n'ait pas lieu le 19 septembre", dénonce-t-on à l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo.
Pour le RPG qui demande un remaniement à la CENI jugé favorable au rival de l'UFDG, la décision est "normale".
Le parti d'Alpha Condé qui, "pour une question d'équité", continue de réclamer "une personne neutre" pour diriger la CENI, a désavoué le maintien à la présidence par intérim de la vice-présidente Hadja Aminata Mame Camara "trop proche" de Cellou Dalein Diallo.
L'UFDG, pour sa part, estime que "le changement n'est pas nécessaire" et que "l'indépendance de la CENI est garantie par la Constitution".
Ce bras-de-fer et les menaces d'Alpha Condé de ne pas aller au second tour si les aménagements demandés ne sont pas effectués risquent de mettre en péril le second tour de l'élection présidentielle.
Le porte-parole du gouvernement a toutefois souligné dimanche que la suspension de la campagne électorale ne remettait pas en cause la date du 19 septembre.
Alpha Condé accrédité de 18,25% des voix au premier tour le 27 juin et Cellou Dalein Diallo arrivé en tête avec 43,69% sont issus de deux communautés ethniques différentes.
Des observateurs craignent que les communautés abonnées au "vote ethnique" ne s'affrontent en cas de contestation par l'un ou l'autre camp des résultats du second tour.
Le 3 septembre à Ougadougou, sur pression du président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, les deux candidats ont signé un "protocole d'accord" pour un scrutin "apaisé" afin de préserver "la cohésion et l'unité du pays".
Ils s'étaient engagés à respecter l'indépendance de la CENI et les résultats du second tour tout en promettant de prendre les dispositions pour que leurs militants acceptent le verdict des urnes.
Les élections doivent mettre fin au régime de la junte militaire arrivée au pouvoir en décembre 2008 au décès du président Lansana Conté.
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